CHAPITRE XVII

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  Je me tenais bien droite, en face de notre maison familiale, après avoir demandé à mon chauffeur de repasser me prendre deux heures plus tard. Arrivé par précaution quelques minutes après moi, Oscar gara sa voiture à quelques mètres de la demeure, avant de me rejoindre. Lentement, j'ôtai mon grand chapeau, toujours en regardant la maison.

Alors c'est ici ? Me demanda Oscar en observant l'extérieur de la maison

Oui c'est bien ici, c'est la maison où..j'ai grandi, acquiesçai-je en souriant faiblement

— Tu es sûre que ça va ?

— ...Oui ça va

Je possédais toujours les clés de la maison, bien qu'elle soit en vente. Durant le déménagement de mon père, toutes les affaires personnelles de ma défunte mère avait été rangées dans des cartons, que nous avions posés dans sa chambre. Nous ne savions pas quoi en faire. Sans penser à les jeter, nous n'envisagions pas non plus de les garder là éternellement.

La porte principale grinça lorsque je l'ouvris. C'était quasi vide à l'intérieur. Tout avait été déplacé ou jeté. Cela me mit un mal à l'aise de voir toutes les pièces ainsi fermées à clé. Elles étaient bien évidemment dépourvues de meubles, ou de quelconques autres objets. Tout avait été soit déplacé, soit vendu, soit jeté.

J'espérais trouver quelque chose ici mais il n'y a plus rien Isadora, me lança Oscar avec un peu de désinvolture 

Les affaires de ma mère se trouvent dans sa chambre, ce sont les seules choses qui n'ont pas été jetés ou emportés par mon père, lui expliquai-je en espérant que ça l'intéresse, ce qui fonctionna

Ton père n'a pas récupéré les affaires de sa femme ? Pourquoi ?

Il a dit que ça lui faisait encore plus de mal de devoir garder ses objets près de lui, que ça lui rappelait ma mère et ça lui rappelait qu'il l'avait perdu. Il a juste récupéré l'essentiel, les photos par exemple

— Sais t-il que cette maison est en vente ?

N-non, je ne le lui ai pas dit, il le saura bien tôt ou tard

— Isadora, tu crois qu'il sera d'accord avec ton idée de vendre cette maison ?

— Que pourrait-on en faire maintenant de toute façon ? Elle ne sert plus à rien Oscar, mon père ne pourrait plus y vivre tout seul, mieux vaut la vendre

— Ce n'est pas par souci financier que tu vends cette maison, ce n'est même pas la maison que tu veux vendre en fait, ce sont les souvenirs que tu en as gardés que tu veux vendre. Avoues le !

— Peut être que oui, peut être que non, quelle importance Oscar ? Ce n'est pas pour cela que nous sommes ici, ce n'est pas pour cela que j'ai pris mon courage à deux mains et que je suis revenue dans cet endroit

— Bon, où se trouve la chambre de tes parents ?

Suis moi

  J'avais trouvé le moyen de clore la conversation, avant qu'Oscar ne se mettre à me sermonner, avec cette pointe de sarcasme qui lui était si familière. Nous nous enfonçâmes dans le premier corridor, traversant l'entrée du second. Je ne voulais pas remettre les pieds dans << la pièce maudite>>. Mon compagnon ne me posa aucune question à ce sujet. Cela m'arrangeait plutôt bien. Nous nous arrêtâmes devant une pièce à côté du salon, que j'ouvris avec une des clés du trousseau que je tenais toujours en main.

Les Tréfonds de L'âme Où les histoires vivent. Découvrez maintenant