CHAPITRE V

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     << LE MARIAGE DONT TOUT LE MONDE PARLE

  Depuis de nombreux mois déjà, Vladimir Nsang, fils du député Roger Nsang, est aperçu aux côtés d'une jeune femme dont nous ignorons l'identité jusqu'ici. Toutefois nous savons, de source plus ou moins sûre qu'il s'agit de sa fiancée.

   Les futurs époux se montrent cependant très discrets. N'ayant pas pu obtenir plus d'informations juteuses quant à la future mariée, la rédaction entière leur souhaite tout de même un heureux mariage. À la semaine prochaine, pour un nouveau scoop appétissant. D'ici , prenez soin de vous >>.
     
      Je lisais à mi-voix l'article, les yeux grands ouverts. Je comprenais à présent pourquoi ma tutrice m'avait tendu le magazine people auquel elle était abonnée, en insistant pour que je lise une rubrique en particulier. Elle avait ce sourire en coin, qui en disait long. Je n'étais pas si surprise que ça par le fait que l'on parle dans un magazine de mon futur mariage. C'était le troisième magazine ce mois. Mais à chaque fois, ça avait sur moi cet effet d'inattendu. En y repensant bien, les choses avaient tellement changé depuis que je m'étais mise avec Vladimir.

    Il m'arrivait de rares fois, de me faire prendre en photo à l'improviste dans la rue, lorsque j'étais aux côtés de Vladimir. Je me devais d'être active sur les réseaux sociaux, ne serait ce qu'un tout petit peu. Ma garde robe avait été modifiée du tout au tout, ma future belle mère s'en était d'ailleurs assurée. <<Tu vas quand même épouser mon fils, enfant unique et héritier d'un député>> me lançai t-elle souvent.

Vladimir quant à lui, était parfait, idéal. Du moins, c'était mon idéal. Il m'aimait et me le prouvait de toutes les façons possibles. Je ressentais enfin le bonheur, le vrai. Celui-là qui vous fait rêver, celui-là qui vous donne des raisons de vous lever chaque matin, celui-là qui vous fait sourire en vous endormant chaque soir. Cela faisait bien deux ans que le bonheur dirait, sans s'arrêter.

      Mon futur mari, tel que je le considérais, était convaincu depuis toujours que j'étais la femme de sa vie. Je ne doutais pas non plus du fait qu'il soit l'homme de ma vie mais tout ça me prenait de court alors, je ne savais pas trop comment réagir, parfois.

     Je ne pensais pas que dès ma première relation, il faudrait déjà parler engagement voire mariage. Je voulais prendre mon temps, y aller doucement. Mais pour Vladimir, deux ans étaient assez. Il désirait m'avoir, pour lui au plus vite. Il était un grand jaloux, possessif mais aussi entreprenant. Je l'avais compris bien assez tôt.

     Rien ne semblait pouvoir perturber la sérénité dans ma vie et dans mon couple. À vingt et un ans, j'allais épouser l'homme de ma vie. Toutes les chances étaient de mon côté. Rien n'aurait pu m'ébranler. Ah si ! Une chose, une ombre au tableau.

     S'il fallait parler mariage, il fallait parler familles. Ceux de Vladimir, je les connaissais depuis des mois déjà. Mais mes parents biologiques, ni Vladimir ni ma belle famille n'avait vu. Moi, depuis deux années déjà, je n'avais plus eu de nouvelles d'eux. Avais-je même seulement cherché à en avoir ? Je me retrouvais piégée et dans l'obligation de reprendre contact avec eux.

     Je n'aurais pu faire appel à mes tuteurs, qui ne se doutaient pas un instant de la situation tendue entre mes parents et moi, depuis mon départ de la maison familiale. Je décidai finalement de contacter mes parents par écrit pour leur annoncer la nouvelle. Le moyen n'était pas le plus approprié, certes. Mais je m'imaginais mal passer un coup de fil, le sourire aux lèvres, pour annoncer de vive voix mon mariage à ma mère.

Les Tréfonds de L'âme Où les histoires vivent. Découvrez maintenant