CHAPITRE VII

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  Je me réveillai en sursaut, le souffle court, le visage en sueur. J'avais fait un des ces cauchemars qui vous semblent interminables, tant ils sont infernaux. Dans ce songe là, je courais dans un tunnel. Au bout de ce tunnel, je pouvais nettement apercevoir de la lumière mais j'avais beau courir, la lumière me semblait toujours aussi lointaine. Comme si elle s'éloignait de moi au fur et à mesure que je m'en approchais.

    Puis soudain, la lumière disparut. Pas progressivement comme lors d'un coucher de soleil, mais plutôt brusquement comme une ampoule que l'on éteint. Perdue dans l'obscurité, je me mis à hurler de peur et d'un coup, je me réveillai.

     Le jour se levait déjà, je pouvais le voir à travers la vitre de la porte-fenêtre de ma chambre. Le soleil avançait nonchalamment comme s'il se faisait prier. L'horloge affichait sept heures et quart. Ne sentant plus depuis longtemps sa présence dans le lit, j'en conclus que Vladimir devait sans doute déjà être parti je ne sais où. Depuis ma chambre, des effluves agréables d'œufs frits me parvenaient. M'apprêtant à descendre du lit pour aller voir ce que pouvait avoir préparé Aïcha la ménagère, je vis entrer mon mari, un plateau chargé à la main.

Bonjour tu as bien dormie j'espère ? Je n'ai pas voulu te déranger donc je t'ai laissé dormir, ça m'a laissé le temps de te préparer un petit déjeuner, me dit-il à voix basse, un sourire en coin

Il posa à mon chevet le plateau, avant de me prendre les mains pour les caresser tendrement. Je lui rendis cette attention par un sourire puis penchai la tête vers le berceau près de mon lit. Mon fils nouveau né y était couché, dormant paisiblement. J'avais mis au monde deux mois auparavant,un garçon de trois kilos cinquante, tout beau, tout rond, qui était devenu mon unique préoccupation.

Aujourd'hui quand je me rappelle de tout ceci, je le fais assez vaguement. Je pourrais me rappeler de chacun des mois de ma grossesse, mais ce serait long. Je préfère me souvenir de l'essentiel, de mes plus beaux souvenirs et aussi des plus horribles. Parceque ces deux là sont en fait ceux dont je me souviendrai toujours.

    À l'annonce de la naissance de mon fils, je reçus tour à tour la visite de mes beaux parents, de mes tuteurs, des amis et collègues de mon mari. Mon père aussi vint me rendre visite. Ma mère, non. Elle me priva de cette attention particulière que tout mère devrait accorder à sa fille lorsque cette dernière devient mère. Ce n'était pas la première fois que ma mère me privait en quelque sorte de mes droits, d'ailleurs avec elle, il n'était jamais vraiment question de droit.

  Notre villa était remplie de cadeaux, des vêtements pour bébé aux draps en passant par des produits cosmétiques pour nouveau-né. L'ambiance à la maison avait radicalement changé, nous respirions le bonheur et le bien-être. Pour couronner le tout, Vladimir avait été élu, suite à sa réussite quasi unanime aux élections législatives, député à l'Assemblée nationale. La joie était totale pour nous tous. Tout était si différent à présent d'il y a quelques mois.

   Ce soir-là, après le coup qu'il m'avait infligé au visage, Vladimir avait tout de suite eu des regrets. Il m'avait littéralement imploré de lui pardonner son geste. Il me sortit qu'il était débordé ces derniers temps, que ses journées étaient épuisantes et qu'il avait accumulé trop de stress et de pression à cause de son boulot. Que son nouveau statut lui coûtait beaucoup d'énergie et qu'il n'avait pas eu le temps de se reposer. Qu'il était à bout. Que parfois il n'était plus lui-même.

En effet, l'autre facette de lui avait pris le dessus, le temps d'un instant. J'en avais moi-même eu le triste aperçu.

Complétement bouleversée, je quittai la cuisine ce soir-là le cœur lourd. Dès le lendemain, mon mari afficha une douceur et une attention devenues peu communes durant les mois précédents. Comme pour se racheter, il me couvrit de cadeaux.

Les Tréfonds de L'âme Où les histoires vivent. Découvrez maintenant