Nous étions assis Oscar et moi dans un petit salon, tenant chacun à la main un verre d'eau, que nous avait offert nos hôtes.
C'était une petite salle meublée de quelques fauteuils en rotin et d'armoires en bois. La peinture jaune ou verte par endroit colorait les murs chargés de photos et portraits. La décoration simple mais gaie conférait à l'ensemble une atmosphère chaleureuse et accueillante. Le sol était en ciment, recouvert en son centre d'une moquette sur laquelle était installée une table basse.
Pourtant j'étais mal à l'aise et avais du mal à tenir en place. L'homme nous avait invité à entrer chez lui, mais n'avait encore rien dit. Pour moi, il n'y avait pas de doute possible. Cet homme était Isidore. Je le lui ai quand même demandé, certaine de sa réponse.
— Oui je m'appelle Isidore, me confirma t-il, assis en face de nous dans un fauteuil tandis que sa fille faisait les cent pas sans se résoudre à s'asseoir
— Moi je m'appelle Isadora, je suis la fille de Marthe, vous la connaissez n'est ce pas ?
— Ça se voit que tu es sa fille, tu as ses yeux, son regard. Je la connais, oui je la connais. Marthe et moi avons grandi ensemble ici à Dibombari, nos parents étaient amis
— Ah... Je ne l'ai jamais su
— Nos parents étaient tous les quatre originaires de la région de l'Ouest alors ils s'entendaient bien. C'était rare de pouvoir se retrouver entre allogènes au milieu de tous les autochtones qui vivaient ici à l'époque. Nous sommes des amis d'enfance
— Vous seul savez ce qui lui est arrivé n'est ce pas ? Écoutez moi s'il vous plaît, j'ai besoin de savoir ce qui est arrivé à ma mère. Je...j'ai... C'est beaucoup trop long à expliquer. En fait, vous avez une lettre de la part de ma mère, bon je ne suis pas sûre que vous l'avez encore. Ça fait tellement longtemps. Mais j'ai besoin de cette lettre. J'en ai vraiment besoin monsieur s'il vous plaît
Après quelques minutes de silence qui me semblèrent insoutenables, Isidore se remit à parler.
— Je savais que tu viendrais, Marthe me l'avait bien dit. Mais je commençais à penser que tu ne viendrais plus.
Sur le coup, je fixai mon regard vers Oscar, qui lui aussi me regardait l'air étonné. Je n'y comprenais rien. En fait, j'avais peur de ce que j'étais en train de comprendre.
— Marthe, vas dans ma chambre, sous mon lit tu vas trouver un coffret en bois, viens avec ça ici, reprit l'homme en s'adressant cette fois à sa fille, qui s'était éclipsée vers la cuisine
— Marthe m'a envoyé une lettre il y a quelques mois, je n'avais plus rien reçu depuis sa lettre d'il y a trente ans. Elle m'a dit que tu viendrais ici, mais qu'elle ne savait pas exactement quand, reprit-il cette fois en s'adressant en nous
— Papa tiens, interrompit la jeune fille en tendant le coffret à son père qui me le tendit à son tour
Il ajouta sur un ton presque solennel :<< J'ai accompli mon dernier devoir envers ta mère, ce qui se trouve dans son coffret ne concerne plus que toi.>>
Mon cœur battait la chamade et c'était comme si à cet instant précis, j'avais été coupée du monde autour de moi. Les mains tremblantes, je pris le coffret en bois et le posai sur mes cuisses.
VOUS LISEZ
Les Tréfonds de L'âme
Mystery / Thriller« Le malheur de l'homme vient de ce qu'il a été d'abord enfant » René Descartes Alors qu'elle est devenue l'épouse d'un député fortuné, mère d'un petit garçon et femme influente, Isadora demeure hantée par les troubles de son enfance. Une enfance...