Les Tréfonds de L'âme

CHAPITRE III

- Bonsoir charmante demoiselle, puis-je me permettre de vous tutoyer ?

- Ah bonsoir, euh..oui, oui bien sûr, balbutiai-je l'air gênée

Je bégayais littéralement devant ce jeune et bel inconnu qui venait de m'adresser la parole. J'avais tout prévu et préparé jusque là. Tout sauf cette rencontre subite.

La tenue que je portais, une robe courte, en satin rouge, au col carré, manches bouffantes, cintrée à la taille par une petite ceinture dorée puis galbée en bas. J'avais accompagné le tout d'une paire de sandales à talons noires, de boucles en or et d'une chaîne en or que m'avait offertes Mme Anastasie pour l'occasion. J'étais sommairement coiffée, un chignon qui ne laissait s'échapper sur mon front qu'une fine mèche de cheveux rebelles.

Les fêtes de ce genre étaient assez récurrentes chez les Dibongo. Je le savais pertinemment, j'y étais même habituée étant donné que cela faisait déjà un peu plus de deux ans que je vivais chez eux. Et pour ce genre d'événement mondain, Mme Anastasie ne faisait pas dans la dentelle. Tout se devait d'être parfait, idéal, du genre à en laisser les convives époustouflés. C'était toujours l'effet obtenu. Dès l'arrivée des invités, des félicitations et des exclamations d'émerveillement fusaient de toute part. Tantôt pour ce service de table importé, ou pour cette décoration tiré des magasines à la mode.

Ce soir, c'était pour l'anniversaire de l'une des associations à but non lucratif dont madame était la présidente, qu'avait lieu une cérémonie grandiose. L'ensemble du personnel avait été mobilisé. Le plan de la soirée, je l'avais établi mentalement. Arriver en même temps que le couple Dibongo qui m'avait présenté comme leur filleule, puis assister à la prise de parole du chef de maisonnée et de la maîtresse de maison ensuite engloutir un petit quelque chose lors de l'ouverture du buffet.

C'est après ce dernier point que j'étais censée m'éclipser en douce pour retourner dans ma chambre, me plonger dans un roman de Léonora Miano, loin de tous. J'avais été stoppée net par celui que je pourrais considérer comme l'élément perturbateur. Non seulement de cette soirée, mais de ma vie toute entière.

Un jeune homme, grand de taille, vêtu élégamment, au regard charmeur. Il avait un sourire..son sourire est sans doute ce qui m'a le plus frappé. Un sourire dont il semblerait impossible de se lasser. Un sourire éclatant qui enchante rien qu'à la vue. Ce sourire qui, je peux l'affirmer aujourd'hui, m'a fait tomber amoureuse. Un sourire qui met automatiquement l'interlocuteur en confiance. Un atout qui, utilisé quand il le fallait, l'avait hissé loin, je le sais aujourd'hui.

- Pardon de te déranger, juste que j'ai constaté que tu es seule depuis le début de la soirée, je suppose que tu étais sur le point de partir, me dit le bel inconnu en face de moi

- C'est à peu près ça, oui, rétorquai je timidement

- Et bien, pourquoi pas m'accompagner à la terrasse ? Il n'y a presque personne là bas et puis moi aussi je suis tout seul, nous pourrions nous tenir compagnie