CHAPITRE X

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C'était bien là. Cette barrière, ce petit porche, cette maison. Rien n'avait changé. Je sentis mon corps tout entier frissonner. J'aurais aimé ne plus revenir là, mais la vie en avait décidé autrement.

Mon mari, mon fils et moi avions trouvé dans la maison, mon père accompagné de quelques membres de la famille venus l'assister. Pas de cris, pas de larmes, pas de manifestations de douleur, pas de bras croisés sur la tête en signe de désarroi. Juste quelques personnes assises les unes près des autres dans les fauteuils, tenant leur tasse de café dans la main, le regard vide, les lèvres closes.

Je dûs bien évidemment saluer tout ce petit monde, répondre aux questions de coutume. On demandait comment j'allais, pourquoi on ne m'avait plus vu depuis si longtemps, pourquoi j'étais trop souvent injoignable. On me reprochait légèrement de ne pas prendre de nouvelles de <<la famille>>. On s'étonnait de ne pas connaître mon fils ou du fait qu'il ait bien grandi depuis la dernière fois.

Je tâchai de répondre poliment à toutes ces questions, trouvant des excuses pour justifier certaines choses que je n'étais même pas en mesure de m'expliquer à moi-même. Quand il me sentait à cours d'idée, Vladimir répondait à ma place. Après tout, le mensonge et l'hypocrisie étaient des dons chez lui.

J'avais réussi à échapper à cet interrogatoire dépourvu de toute subtilité, enfin presque. Une de mes tantes paternelles me demanda de lui passer sa tasse de café posée sur la table. Le mouvement effectué avec mon bras à ce moment là fut douloureux, étant donné que ce membre était encore en phase de guérison.

- Tu as quelque chose au bras ?

Cette interrogation, dénuée de toute mauvaise intention, eut l'effet d'un choc. Je ne savais quoi répondre. J'avais réussi jusque là à échapper à toutes les indiscrétions de ma famille. Mais il fallut que par simple curiosité, une de mes tantes paternelles me demande ça.

Vladimir, en mari alerte vint très vite << à mon secours>>. Il sortit le même scénario qu'il sortait à tous ceux qui avaient le souci de m'interroger à ce propos. Je ne pus qu'abonder en son sens. Le sujet était clos.

Mon fils Guillaume était collé à mon père, dont il exigeait mille et une choses. Il voulait visiter entièrement la maison et en découvrir les pièces une à une. Mon père tentait tant bien que mal de calmer son ardeur. Vladimir reçut alors un coup de fil, qui l'obligea à s'éloigner avant de décrocher, s'excusant au passage.

Je n'avais rien à faire. Et je sentais bien qu'il faille que j'y aille, que j'y retourne. Où ? Là où mon âme me disait d'aller depuis que j'étais arrivée. Ce couloir, cette porte, ce grenier qui m'avaient hanté durant toute mon enfance. Mon absence au milieu de ces gens dans ce salon, ne se ferait sans doute pas remarquer. Je me levai et personne ne me demanda quoique ce soit. Je m'excusai et sortit, m'enfonçant dans le corridor principal.

Après avoir traversé à moitié celui-ci, j'empruntai un second. Et là, je revis la fameuse porte. Cette partie de la maison était restée intacte. Il n'y avait ni peinture ni électricité. Comme une zone oubliée du reste de la demeure. Quelques faisceaux de lumière pénétraient par la buanderie située à côté de la pièce close. Cette buanderie donnait directement sur la cour arrière. Les quelques rayons qui s'infiltraient, suffisaient à éclairer plus ou moins le couloir. Je m'approchai de la pièce, les pas pesants chaque fois un peu plus, comme si je ne voulais pas vraiment y rentrer.

Finalement en face de la porte, j'eus une vision. Ce n'était pas la première fois que ça m'arrivait, j'en avais souvent plus jeune. Mais cela faisait bien longtemps que ça ne m'était plus arrivé.

Les Tréfonds de L'âme Où les histoires vivent. Découvrez maintenant