CHAPITRE IV

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Toc toc toc !

  J'ouvris avec peine les yeux, couchée dans mon lit. C'était Maria. Elle demandait à ce que je sorte, m'expliquant que j'avais de la visite. Il était huit heures du soir, mais je m'étais déjà couchée.

  Je descendis du lit en marmonnant, me demandant quel genre de visite je pourrais bien avoir. Mes tuteurs, étant allés se coucher directement après le dîner, j'avais fait de même sans plus tarder. Maria et quelques domestiques étaient sans doute les seuls de la maison à ne pas être déjà dans leur lit.

  C'était comme ça les jours ouvrables, lorsque chacun rentrait fatigué par ses occupations quotidiennes.

     Maria m'indiqua que l'étranger se trouvait sur la terrasse du deuxième salon, celui à l'étage. Je n'étais vêtue que d'une simple robe de soie noire me servant de pyjama, recouverte par un peignoir de la même matière. En arrivant sur la terrasse, je sentis l'air frais me frôler les cuisses, j'en frissonai.

     J'aurais reconnu cette silhouette parmi des milliers. Cette carrure droite et dominante, plus prononcée en haut qu'en bas. Je reconnaissais cette posture élancée, ce corps plutôt mince, ces larges épaules. Ça ne pouvait être que lui. Il se tenait près de la rambarde, regardant le paysage, mais sentant ma présence, il se retourna.

     Dès l'instant où il posa les yeux sur moi, j'eus l'impression que nous ne nous étions jamais quittés. L'impression d'être de nouveau à cette soirée, sur cette terrasse où j'avais fait sa connaissance, où il m'avait embrassé. L'impression que les trois derniers mois ne s'étaient pas écoulés et que nous étions là, ensemble comme si ça n'avait jamais été le contraire auparavant.

     Lui, me regardait sans dire mot. À ce moment précis, ce n'était nullement nécessaire. Sans savoir comment ni pourquoi, je m'approchai lentement de lui jusqu'à me trouver aussi près de la rambarde.

    Incapable de le regarder directement dans les yeux, je me tournai vers l'horizon. La vue à cette heure était magnifique. Les lumières des maisons au loin, ensemble formaient un magnifique spectacle de petites étoiles, dispersées et brillantes de toutes parts. La brise fraîche d'un soir de juin, les feuilles d'arbres bougeant au gré du vent, les klaxons des voitures légèrement perçevables, tout ceci semblait s'accorder à l'instant.

Je crois que je te dois des excuses mais au point où nous en sommes, ça ne servira plus à rien, tu dois me prendre pour le pire des hommes, qui fait des promesses qu'il ne tient pas, déclara le jeune homme, le regard suppliant, empreint d'une certaine gêne
 
— En effet, les excuses ne serviraient plus à rien à présent, mais te dénigrer ainsi n'est pas plus valable, rétorquai je sans sourciller

Que puis je faire pour que tu me pardonnes ? Demandes moi tout ce que tu voudras

Pourquoi n'es-tu pas venu ? Pourquoi ?! Fis je avec rage

Et bien, les affaires de mon père. Je suis le fils du député Sang. Mon père m'a chargé de certains dossiers dont je devais m'occuper en toute urgence. Je n'ai pas eu le temps de te rendre visite comme promis

Les Tréfonds de L'âme Où les histoires vivent. Découvrez maintenant