— Qui êtes-vous ? Je ne vous connais pas, ne vous approchez surtout pas de moi !
Je tremblais littéralement de peur devant cet individu à peine distinguable. La nuit, tout était noir sur le pont. Il n'y avait que les voitures qui avec leurs phares, déchiraient l'obscurité le temps de leur passage. Étant donné l'heure qu'il était, les voitures se faisaient de plus en plus rares. Je sus que mon interlocuteur était un homme, sa voix était masculine. De plus, j'avais pu apercevoir partiellement son visage. Mais le peu que je savais, ne me rassurait pas le moins du monde.
— Isadora c'est bien toi ? J-je n'y crois pas, c'est impossible que ce soit bien toi, me répliqua l'inconnu avec un certain étonnement
— Mais qui êtes vous ? Questionna je en haussant le ton, à la fois effrayée et énervée
— Alors tu ne me reconnais pas ? Normal, tu as gardé ce même trait de personnalité qui te rendait si singulière à l'époque, tu ne prêtes jamais attention au monde autour de toi
— À l'époque ? Un trait de personnalité ? Écoutez je vous le répète, je ne vous connais et je ne vous ai jamais vu
— C'est moi Oscar, Oscar Nanga, je doute vraiment que tu te souviennes de moi, c'est pas grave, dit-il en approchant vers moi
— Je vous interdis de vous approcher de moi, ne faites plus un seul pas, vous ne savez sûrement pas qui je suis, je suis la femme du député Nsang !
Je me surpris à utiliser ce pseudonyme, qui m'avait pourtant toujours déplu. Mais face à une telle situation, tous les moyens étaient bons.
— Toi ? Tu es la femme d'un député à présent ? C'est incroyable ! Bah ça se voit que tu as réussi dans la vie, il suffit de regarder la tenue que tu portes pour comprendre qu'en effet la chance t'a souri Isadora
— Moi je ne sais toujours pas qui vous êtes, mais vous par contre semblez me connaître
— Comment ne pas te connaître ? Et comment t'oublier une fois que l'on t'a vu ? J'ai observé ce visage, ces yeux, durant des années, assis dans un coin de la salle sur mon banc, occupé à tenter de percer cette fille qui ne parlait jamais, ne riait jamais, ne jouait jamais. Une fille calme, très calme, trop calme, presque absente. Une fille au regard d'ombre, au regard vide. Un regard qui ne semblait fixer rien du tout. Un regard lointain. Un regard aveugle. Qui pourtant en disait tant.
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Les Tréfonds de L'âme
Mystery / Thriller« Le malheur de l'homme vient de ce qu'il a été d'abord enfant » René Descartes Alors qu'elle est devenue l'épouse d'un député fortuné, mère d'un petit garçon et femme influente, Isadora demeure hantée par les troubles de son enfance. Une enfance...