La famille ; comme les branches d'un arbre, nous grandissons tous dans de différentes directions, mais nos racines ne font qu'un.
Je m'appelle Charlotte. Charlotte de Banville, deuxième du nom. En deuxième année à Sciences Politiques, 21 ans, j'ai toujours eu envie de faire de grandes études. Je suis faite pour devenir journaliste, j'ai ça dans la peau, c'est un peu comme ma raison de vivre. Jusqu'à l'âge de 13 ans d'ailleurs, j'ai voulu faire tous les métiers du monde. Je suis passée du stade de religieuse, à celui de préfet, d'avocate, de juge, de critique gastronomique à celui de photographe, pour au final, vouloir devenir journaliste reporter de guerre. Merci papa militaire de m'avoir transmis le goût du risque, de l'aventure. Un grand sujet de conflit entre nous d'ailleurs, car il considère que je ne peux tout simplement pas aller dans des zones à risques. « Moi j'en ai vu des reporters de guerre qui risquaient la vie des soldats en Syrie pour trouver des infos de merde ! Le jour où tu te feras couper la tête, tu viendras pas pleurer ! ». Merci mon papa, merci d'être à fond derrière moi hein. De toute façon, à chaque fois que j'essaie d'aborder le sujet, son visage se ferme, ses yeux se durcissent et il a du mal à me parler calmement. Mais je me tourne vers maman qui elle me regarde avec douceur, et me dit qu'il ne faut pas écouter ce vieux fou et que je ferais ce que je voudrais, avec ou sans son accord, et qu'on s'en fout, un point c'est tout. Et puis, on le voit ruminer ses paroles dans sa barbe, à dire que, lui vivant, c'est hors de question que sa propre fille aille se faire violer et tuer dans des pays où la guerre est présente.
Ma famille et moi, nous avons une relation assez particulière. J'ai une grande sœur de 25 ans, Léa, assistant manager d'une entreprise avec un nom imprononçable. Une femme ( toujours un peu de mal à le dire, ce mot si fort, femme ... Pour moi, elle restera cette éternelle fillette jouant à la marchande avec ses deux minimoys de sœurs ), une femme forte de caractère, ayant aucun mal à dire ce qu'elle pense. Une femme toujours là pour sa famille, mais dont le besoin d'émancipation s'est accentué dès ses premières années d'études supérieures. C'est sûrement à cause ( grâce à ? ) de cela que lors de ses 21 ans, il y a quatre ans maintenant ( déjà ? ), son départ pour une année au Canada a ébranlé toute la jolie famille. Une femme avec qui les embrouilles sont nombreuses, mais les beaux moments encore plus. J'ai une petite sœur aussi, de 19 ans, Clotilde, étudiante dans une école d'artisanat florale. Une jeune femme ( si jeune ! ) depuis ses premières années à l'école, la tête dans les étoiles. Rêveuse, discrète mais donne toujours son avis avec aplomb, elle est incroyable. De taille moyenne, ronde avec de grands yeux verts, nous avons toutes les deux une relation, qui dès ses 16 ans, s'est nettement améliorée. Deux ans d'écart, c'est tellement court, trop peut-être. Du mal à se supporter parce que nous sommes pareilles, du mal à être loin aussi. Arrogante, un peu menteuse, elle a toujours été bonne enfant, à dire oui à tout le monde et à s''occuper avec bonheur des plus petits qu'elle-même. Et pour finir mon petit frère de 15 ans, Alban, déjà en troisième. Le brevet, stress intense, l'impression de jouer toute sa scolarité. Mais aussi l'époque des questionnements intérieurs, des sourires timides auprès des filles, des soirées entre copains, les colos en juillet, les premiers amours, qui sait ? Des yeux bleus nuit, des cheveux blonds toujours en bataille, une carrure pas forcément maigre, pas forcément musclé. Cette époque où l'apparence compte beaucoup, où les hormones jouent également. Trop peut-être ? Après avoir pris 15 centimètres en deux mois, monsieur a continué le rugby qu'il pratique depuis l'âge de 10 ans. Un regard ravageur, des réparties arrogantes sur les bords qui ont tendance à rendre mes parents hors d'eux, Alban a toujours aimé l'école. Elève brillant, voulant toujours avoir raison, réponse à tout, il me ressemble comme deux gouttes d'eau. Les mêmes mimiques, le même caractère, la même fierté, cette impertinence, cette foutue insolence, ce sentiment d'être supérieur qui pourtant m'a porté, un bon nombre de fois, préjudice. Le même humour, la même folie de vivre, deux bouts-en-train qui amusent la galerie. Nous aimons faire les idiots, faire rire les gens, de ne pas être pris au sérieux. L'étons réellement d'ailleurs ?
Le Petit Robert définit la famille comme l'ensemble des personnes vivant sous le même toit.
Qu'on l'aime ou pas, qu'on la connaisse ou pas, qu'on vive avec ou pas, on a tous une famille. On n'y pense pas forcément tous les matins ( encore que ! ) , une famille c'est plus que ça. Mon cher Robert, tu te trompes. Une famille ce sont des rires, des pleurs, des sourires, des moments durs, délicats, des moments joyeux, tristes, ou émouvants. Une famille, ce sont des éclats, des disputes, des caresses, des réconcialiations, de la distance, des ruptures. Une famille, c'est de l'amour, de la haine, de l'amitié, de la passion, de la rancoeur, de l'animosité aussi. Une famille, c'est tout ça à la fois, sans répit, sans pause. Les sentiments, ça demande de l'entretien. Non ?
C'était une enfance heureuse et protégée. Beaucoup de disputes mais peu d'éclats. L'école en bas de la rue. Des dimanches paisibles. Des fêtes de Noël chaleureuses. De longs étés frisquets en Bretagne. Des voyages fabuleux autour du monde. Les départs répétés de papa. Bonheur casi parfait en fait. Tout n'était pas rose bien évidemment. Je ne me sens jamais bien, je ne suis jamais moi. Je dois avoir cinq personnalités différentes peut-être ... Mais dans toutes les fratries du monde, j'en suis convaincue, la vie est comme cela, sans concession.
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Une part de moi-même
Teen FictionQuand elles ont organisé ce fameux road-trip aux Etats-Unis, à l'âge de 15 ans, jamais Charlotte et ses quatre meilleures potes n'auraient imaginé le faire réellement un jour. Elles ont maintenant 21 ans, des rêves pleins la tête, et ont vraiment pr...