Et alors ? Mais qu'est-ce que ça faiit ??

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Trouve toujours une raison de rire; Cela n'ajoutera peut-être pas des années à ta vie, mais ajoutera de la vie à tes années

Au dessus de l'Atlantique, dans les 14h30, heure française

J'essaies de relever mon siège, mais la manique est totalement coincée. Je commence à gigoter, à remuer, et je crois que ça ne plait pas forcément à mon voisin de hublot. Je suis à la place du milieu ( pour mon plus grand malheur d'ailleurs ), et Mathilde est côté allée. Et au hublot, un parfait inconnu, qui, énervé par mes gigotements, relève son masque et me regarde, rageur.

- Vous en avez pas marre de bouger comme ça !

- Ma manique est coincée, et sachez que j'ai pas franchement le choix en fait !

C'est à mon tour de m'énerver. Pour qui il se prend lui ?! Ok, je suis sûrement un peu agaçante. Soit.

Mais enfin bon, quand même ! Il aurait pu me demander gentiment quoi !

A côté de moi, Mathilde retire ses écouteurs, et me regarde :

- Qu'est-ce qui se passe encore ?

- Rien, ma manique est coincée et le mec à côté de moi le comprend pas !

- Dis plutôt que tu fais tout pour qu'il te remarque ...

- Pas du tout ! Enervée, j'ajoute, d'un ton hargneux : J'ai pas besoin d'une manique pour l'interesser d'abord !

Elle me regarde, je la regarde, et comme deux idiotes, nous commençons à sourire, puis à exploser de rire. Ce qu'elle peut être crétine des fois ... Mais je lui pardonne, vu que ... nous sommes pareilles.

Je tourne la tête, me demandant s'ils nous avait attendu et le vois en train de regarder sa télé individuelle. Le mec. qui. en. a. rien. à. cirer.

Je souffle, fébrile. Et en plus ce con, il est pas mal du tout. Dans le style littéraire mais pas trop, avec un aire je m'en foutiste. Il m'éneeeeerve !

Bon, depuis combien de temps sommes-nous dans l'avions ? Les filles sont au rang du milieu. Clara regarde un film sûrement, Anouck aussi d'ailleurs, Inès et Mathilde écoutent de la musique, et moi, ben ... J'écris.

L'écriture, c'est vraiment toute ma vie, un côté de moi que personne ne pourra m'enlever. Ma façon, ma seule façon en quelques sortes de m'exprimer comme je le souhaite. Jécris parce que personne n'écoute. J'écris parce que j'en ai besoin. C'est ma drogue, mon médoc'. Je peux pas m'en passer et toutes les personnes qui m'aiment et qui me connaissent le savent. C'est la seule chose sur laquelle on ne pourra jamais me blâmer. Tu critiques mon écriture, tu donnes un avis pas du tout concret, qui ne pourra rien m'apporter, tu cherches en fait juste à me faire du mal, tu m'insultes moi. Tu m'insultes, et même, le mot est fort, mais tu me violes. Tu ne t'attaques pas comme ça à moi sans t'en mordre les doigts. L'écriture, c'est moi, c'est ma vie, ma raison de vivre. Le gens font attention à moi que par mes mots. Bref.

A un moment donné, j'ai envie de me dégourdir les jambes. Normal non ? Je me lève, Mathilde râle, normal aussi, et décide de me promener dans l'avion. J'ai toujours aimé observé les gens, découvrir la nature humaine en fait. Du coup, comme je dévisage souvent, les gens ont tendance à me prendre pour une folle psychopathe. Je ne change rien à mes habitudes, je m'éclate, et je regarde tout le monde en me baladant dans l'allée. J'étudie tellement le visage des gens que je me prend les pieds dans un sac posé par terre. Et comme une conne, je secoue les bras en mode moulin, et embrasse littéralement la moquette en y tapant mon menton.

Je reste sonnée. Il me faut quelques secondes d'ailleurs pour réaliser que je viens de croûter devant au moins une deucentaine de personnes.

- Mademoiselle, ça va ?

Une hôtesse me tent sa main, et aide à me relever. Je frotte mon short et le regarde en souriant, gênée :

- Oui, oui tout va très bien , merci ! J'aurai juste dû regarder devant moi !

Mais je la vois changer d'expression. De la légère inquiétude elle vient de passer à une lueur de folle inquiétude. Elle mets une main devant sa bouche et me dit, horrifiée :

- Mais vous saignez ! Vous vous êtes ouvert le menton !

Je touche mon fameux menton, et effectivement, je sens un truc couler. Je regarde ma main, et y vois du sang. Bon. Rien de grave. Ne. Pas. Paniquer. J'ai horreur de la vue du sang. Une grande phobie en fait. Je sens que je tourne de l'oeil, mais j'essaye de me reprendre, et entreprends de lui sourire :

- Vous n'auriez pas un pansement par hasard ?

Elle me prend par le bras, et m'emmène dans le « cockpit », en tout cas, dans l'espace des hôtesses et des Stewart. C'est au tour des gens de me fixer. Effectivement, je me demande à quoi je ressemble, parce que j'ai du blanchir encore plus que d'habitude ( alors déjà que je suis pas très très bronzée ... Dans le style bretonne, mais sans les cheveux blonds, vous voyez le genre ?? ), et avec la main couverte de sang, me tenant le menton comme si j'allai mourir, je dois faire carrément peur à voir.

Un petit garçon me regarde, et appelle sa mère à côté.

- Elle a quoi la dame ?? Pourquoi elle se tient le menton ?

- Ne la regarde pas John, ça ne se fait pas !

Intérieurement, je souris. Qu'il est mignon ce gosse. Cette dame, comme il dit,elle est à l'article de la mort. Mais comment lui en vouloir ? : )

- Mademoiselle, vous m'écoutez ?

Je cligne des yeux, et me rends compte que je suis assise sur un tabouret, le visage des hôtesses au-dessus du mien. Je vois débouler mes quatre pingouins, comme j'aime les appeler. Elles s'attroupent autour de moi, se regardent, et des sourires naissent au coin de leur bouche. La première qui ose commencer à rire, c'est Clara. Les trois autres suivent, et bien malgré moi, je commence moi aussi à sourire, mais cela me fait tellement mal que j'essaie de les frapper en secouant mes bras dans l'air, vu que l'hôtesse me maintient sur ce foutu tabouret.

- Mais arrêtez de bouger, je n'arrive pas à vous nettoyer !

Une vraie mère poule, celle-là ! Et puis, je la connais même pas ! Commençant à m'énerver, je lui prends la serviette des mains et lui dis, assez sèchement d'ailleurs :

- Merci, mais je vais le faire.

Clara et Inès, décidément d'humeur taquine, me regardent et me disent :

- T'es même pas capable d'attendre qu'on soit arrivées pour faire ton intéressante hein !

- Tu parles ! Elle est amoureuse du bel inconnu du hublot ouais !

Je lance un regard meurtrier à Mathilde, qui, faisant l'innocente pas innocente DU TOUT, fixant ses ongles comme s'ils étaient empoisonnés.

Renfrognée, je lance, boudeuse :

- Vous devriez aller vous asseoir, avant que ça finisse en émeute.

- Mais oui, bien sûr ! Avec tes 1 m 60, tu es menaçante dites donc !

Ma taille, sujet d'humour perpétuel au sein du groupe. Enfin, entre Clara et Inès du moins.

- Bon, mesdemoiselles, il va falloir retourner à vos places, nous commençons notre descente vers Boston.

Et puis, avec mes quatre pingouins, nous échangeons un regard. Ce regard, vous le connaissez sûrement. Ce regard qui en dit tellement long. Ce regard impatient, vif, inquiet aussi. Nos cœurs battent terriblement forts, nous y sommes, enfin. Nous parlons de ce road-trip depuis que nous avons quatorze ans, depuis six ans tout de même. Anouck me prend la main, j'attrape celle de Mathilde qui prend celle de Clara qui saisit celle d'Inès. Les étoiles pleins les yeux, des papillons dans le ventre, le cœur qui bat à 100 à l'heure, nous n'allons pas tarder à fouler de nos pieds de petites Françaises le sol américain. Est-ce que j'ai hâte ? Eh mec, tu sais qui nous sommes ? Tu sais où l'on part non ?Alors, c'est quoi cette question ?! Evidemment que j'ai hâte tête d'oignon ! Evidemment que ça va être génial ! Ce voyage aux States va révéler ... bien des surprises, promis ... Mon chéri !


Une part de moi-mêmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant