Art contemporain

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( gif : Charlotte et David)

" Ce que je reprochais aux gens qui me connaissaient, c'était précisément cela : me connaître.  Je n'aimais pas qu'on sache qui j'étais. "

Miami, 25 juillet, centre-ville, 11h12

- Mais regardez-moi cette architecture, sérieusement ! C'est le travail d'un artiste, s'exclame Anouck.

DEPUIS HIER, elle n'arrête pas de s'extasier devant les immeubles légèrement décalés de Miami. C'est très drôle, de la voir s'exciter devant des bouts de pierres assemblées les unes aux autres. Elle est là, avec son routard, dans les rues, comme une vraie touriste. Nous suivons, derrière, mais moi-même, j'avoue que les voitures de luxe et la plage de l'autre côté de la rue me tentent plus que la maison de je-ne-sais-quel-styliste qui s'est fait assassiné devant chez lui.

Tandis qu'Anouck continue son exposé, le téléphone d'Inès sonne. La sonnerie de résonne dans les rues de Miami. Je me tourne vers elle et lui lance un regard interrogateur en voyant son visage, impénétrable, comme si elle cachait un lourd secret.

- C'est qui ? je demande en langage des signes.

- T'occupes, me répond-t-elle.

Elle se met en retrait, alors que nous continuons d'avancer. Bizarre... Les autres ne semblent pas avoir vu cet échange, sauf David qui me prend par les épaules.

- T'inquiète, elle te dira ce qu'il y a. C'est dingue comme tu veux à tout prix tout savoir, ajoute-t-il en riant.

- Non, me renfrognè-je, c'est juste que je n'aime pas spécialement que l'on me cache des trucs, c'est tout.

- T'aimes pas l'idée que les autres aient une vie privée en dehors de toi.

Comment a-t-il réussi à me cerner aussi vite?

- N'importe quoi, rétorqué-je. Et puis, je m'en fous, de ce qu'elle fait.

Boudeuse, je marche un peu plus vite, voulant rejoindre les autres.

- Je t'ai vexé ? me chuchote David à l'oreille.

J'entends, au fond de sa voix, son sourire.

- Je ne suis pas aussi susceptible que ça, je te signale, je réponds, énervée. Il m'en faut beaucoup pour me toucher. Apprends à connaître les gens avant de les critiquer ou de les analyser.

- Rooh, allez, je disais ça pour plaisanter. Charlotte...

Je sens que l'on me chatouille les côtes.

- Arrête-toi, punaise ! râlé-je en gardant difficilement mon sérieux.

Ce qu'il peut être con, des fois. Un vrai gamin. Je me retourne vers lui et lui attrape le bras pour le mettre au-dessus de mes épaules.

- Pfff, tu vois que je suis pas vexée.

Clara se retourne, en même temps que Mathilde, en entendant nos rires. Mathilde sourit tandis que Clara lève les yeux au ciel.

- Vous me donnez envie de vomir.

Je lui tire la langue, rieuse, bien qu'un tantinet gênée...

- Elle est où Inès ? demande-t-elle.

- Derrière, au téléphone. Elle ne va pas tarder à nous rejoindre.

- Ça vous dit, on s'arrête prendre un café? Je meurs de faim, propose Will en se grattant le ventre, souriant.

- Vous ne voulez pas continuer ? demande Anouck, le regard surpris. Il y a, d'après le Routard, encore des dizaines de maisons à voir !

Un gémissement général, que l'on parvient à peine à masquer. Anouck nous lance un regard interrogateur.

Une part de moi-mêmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant