Sur la route : Discussion

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A l'école, on apprend bien le passé simple... Mais rien sur le futur compliqué.

27 juin, 13h22, dans la voiture vers Las Vegas

Cela fait une heure et demi que j'essaie de savoir le problème d'Inès. Cela fait deux jours qu'elles sont rentrées, on a quitté San Fransisco et on est sur la route pour Vegas. Mais j'ai la tête ailleurs. Depuis qu'elles sont rentrées, Inès n'a pratiquement pas ouvert la bouche, fait la gueule la plupart du temps, et je vois des éclairs de ... je sais pas, de tristesse passer dans ses yeux. Mais c'est tellement rapide que je me demande si je n'ai pas rêvé. J'harcele Anouck en silence.

- Allez Anouck, dis-moi! Il s'est forcément passé un truc, pour qu'elle soit comme ça depuis deux jours!

- J'ai pas le droit de te le dire Charlotte, arrête d'insister comme ça! Si Inès veut t'en parler, elle t'en parlera. Ce n'est certainement pas à moi de te le dire. Elle est triste, et il faut qu'on soit près d'elle pour la soutenir.

- Mais comment tu veux qu'on l'aide si on sait pas ce qu'elle a ? commence-je à m'énerver. C'est complétement paradoxal. Tu veux qu'on l'aide, qu'on la soutienne, mais tu ne veux rien me dire.

Anouck détourne les yeux, hésite. Je vois bien qu'elle va craquer. Je vais pouvoir en profiter.

- Anouck, si tu te dis vraiment son amie, c'est pas en gardant tout pour toi que tu vas réussir! Et puis, qui sait, je pourrai peut-être aider!

- Bon d'accord, mais tu me promets de garder ça pour toi, et ne rien faire de bizarre ou de complètement anormal ou même d'un tantinet étrange.

Voyant que je hausse un sourcil à ce mot, tantinet, elle sourit en levant les yeux au ciel.

- Tu freas mieux de ne rien dire va. Avec ton dialecte à toi, hein... Bref. C'est d'accord?

Et après vingt-cinq mille promesses, douze mille jurements de ne rien dire, Anouck se penche vers moi, jette un regard vers Inès qui conduit, et me dit, en chuchotant :

- Luke allait la demander en mariage, et elle l'a su.

WHAAAAAAAAT ? Je suis choquée. Inès, se marier ? Absurde. C'est comme si je vous disais que Beyoncé allait faire un concert à Mulhouse. Même niveau. Du quasi impossible. Je reste bouche bée.

- Ferme la bouche, et arrête de la regader comme ça, s'empresse d'ajouter Anouck.

- Oups, pardon. mais avoue quand même que c'est un peu dérangeant, non ?

- QU'est-ce qui est dérangeant ? demande alors une voix, à ma droite. Je suis assise côté fenêtre (miracle!), Anouck est au milieu, Clara à droite, Mathilde devant et Inès conduit.

Et forcément, Clara se mêle à la conversation.

- Non mais tu peux pas être un peu discrète dans ta vie toi ? j'explose en silence.

Mais en voyant l'air de Clara, avec un haussement de sourcil, cet air d'incompréhension qui m'a toujours fait rire, j'explose une nouvelle fois, mais pas d'énervement, de rire. Anouck me suit, ce qui met en core plus en rage Clara :

- Vous vous foutez de ma gueule là ? C'est pas drôle, dites-moi ce qui se passe bordel!

La voilà qui commence à hausser le ton. Inès et Mathilde se retournent.

- Ca va ? demande Mathilde, nous interrogeant du regard.

- Oui, oui, regarde la route, je lui réponds.

Mais ma réponse est tellement stupide que nous nous mettons à rire toutes les quatre en même temps. Mathilde et Clara commencent à parler de je ne sais quoi. Tnat mieux, la revoilà distraite. Inès nous comtemple dans le rétroviseur, mais ne nous calcule même pas. Trop concentrée par la route, ou trop absente, à cause de Luke ?

En repensant soudainement à ça, je dis à Anouck, tout bas :

- Mais qui lui a dit ?

- C'est moi. Luke m'en avait parlé en fait, c'est pour ça que j'ai mal réagi quand j'ai appris ma nouvelle. Mais d'un autre côté, je m'en doutais un peu. Ca faisait dejà plusieurs mois qui m'avait appelé, tu vois, et j'étais étonnée de ne toujours pas recevoir de messages ou d'appel de vous m'annoncant LA bonne nouvelle.

Une idée me traverse l'esprit. Un plan se dessine dans ma tête. Je suis un génie.

- Oh mon dieu, mais on peut encore arranger les choses, j'en suis sûre! j'ajoute, en lui secouant le bras avec fermeté.

Voyant mon air déterminé, elle insiste, inquiète :

- Charlotte, tu m'as promis !

Oui, Anouck, j'ai promis. Mais tu n'as pas vu mes doigts croisés...


Une part de moi-mêmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant