Une part de moi-même

PDV Inès : Bien grandi

(en multimédia : Inès)

"Lorsqu'un ami traverse une tempête, une présence silencieuse est plus puissante qu'un million de mots vides"

- Tu veux quoi ? Que je m'excuse directement ?

- Tu ne peux pas t'excuser toi-même, c'est ultra impoli et ultra égoïste. Ca doit pas te changer de d'habitude.

Je m'étouffe avec ma salive. Elle est pas sérieuse là !? Cela fait un bon quart d'heure qu'on est dans la voiture, et qu'on ne s'est pas adressé un seul mot. J'ai fait un pas vers elle, LA PREMIERE FOIS DE MA VIE QUE JE FAIS CA, hein, et elle ose me répondre une chose pareille ?! Je me tourne vers elle, et la regarde, de profil, complètement énervée maintenant.

- Je peux savoir ce que je t'ai fait s'il te plaît ? Parce que là, je suis complètement larguée. Et tu te prends pour qui de me parler comme ça ? Je peux entendre que tu sois énervée, et encore, je comprends pas pourquoi, mais je suis pas ton chien ou ta bonne pour que tu me parles comme ça ok!

Et là, la réaction la plus imprévue de la vie. Anouck pile en PLEINE autoroute et s'arrête sur le bas côté. Je ne comprends plus rien. Elle regarde droit devant elle, ses jointures de ses doigts tout blanc tellement elle sert le volant. J'entends les claxons derrière nous, des gens jurer en anglais.

- Inès, il faut que je te dise quelque chose. Une chose que je dois te dire, et en urgence en plus.

Plus inquiète qu'énervée maintenant, je regarde Anouck, dont les larmes vacillent dangereusement.

- Je t'écoute.

- Luke.

- Quoi Luke, t'as couché avec, c'est ça ?

J'ai essayé de détendre l'atmosphère. Et bien, non, je l'ai encore plus braquée.

- Arrête tout de suite, tu me fais pas rire. Du tout même.

- Bon allez, accouche là! Je te rappelle qu'on est au milieu d'une autoroute américaine, et que les flics vont pas tarder à répliquer, et bon courage pour expliquer que madame a les hormones qui déraillent à cause d'une malheureuse rupture. C'est limite si c'est pas toi qui était avec!

- Inès ... dit ANouck en se retournant enfin vers moi.

- Non, c'est toi qui va m'écouter! C'est mon problème ok, si entre Luke et moi ça allait plus! D'où tu t'imisces dans ma vie, comme ça, sans chercher à savoir ce qui se passait, à me juger sans connaître les faits ?

- Inès, s'il te plaît, écoute-moi.

Mais je n'entends plus rien. Toute la colère, toute la peine que j'ai gardé pendant tout ce labs de temps, quand je n'allais pas bien et que je faisais genre "tout va bien, non, non, c'est juste de la fatigue, t'inquiète. Tu trouves pas qu'elle est dégueulasse cette meuf ?". Et bien tout ça, tout ce trop plein de sentiments de merde, je le ressors maintenant, dans une voiture pourrie.

- Non j'en ai marre! Quand est-ce que vous allez comprendre que tout ça, c'était qu'une illusion de..

- Il allait te demander en mariage.

Des jurons. Les voitures défilent du côté d'Anouck. Le soleil commence à descendre, il est 15h52. De mon côté, il y a rien. Du moins, je ne vois rien. Parce que mes yeux se sont brouillés d'un coup. J'ai sûrement mal entendu. Oui, ça doit être ça. J'ai mal entendu, j'ai mal compris. Je croise son regard, et puis, je me rends compte. Son regard d'incompréhension, de détresse, de pitié aussi. Son regard qui n'a jamais été aussi expressif. Ses sourcils qui se sont froncés, dans la peur de ma réaction. Son regard rempli d'appréhension. Et de larmes à demi dissimulées. Et merde. Elle est sérieuse. Elle parlait sérieusement.