( en multimédia : Anouck, Will et Clara )
" La crainte du danger est mille fois plus terrifiante que le danger présent. "
16 juillet, centre de El Paso, 14h47
- 5 cafés, deux thés verts et un cappucino à la vanille s'il vous plaît.
Attablés dans un petit café sympa d'El Paso, nous prenons notre temps et réflechissons au programme de l'après-midi. Ou du moins, des quelques heures qu'il nous reste.
Depuis l'altercation d'hier dans la voiture, l'ambiance entre nous ne s'est pas vraiment ameliorée. Elle ne s'est pas aggravée non plus, mais on a connu mieux. Je sais qu'Anouck commence à éprouver des remords, mais il me semble bien que c'est la seule. Car nous sommes toutes beaucoup trop fières pour faire le premier pas.
- Bon, qu'est-ce qu'on fait ? Ici, y a pas grand-chose à voir, commente Will en feuilletant son guide. Il y a le musée sur le Troisième Reich, la Schoah et les mouvements de résistance de la Seconde Guerre Mondiale, mais j'ai un peu peur que ça plombe un peu l'ambiance.
- Ce n'est pas faux, répond Baekhyeon, souriant. J'ai un grand besoin de me divertir, et un musée sur tant d'atrocités ne serait pas vraiment bénéfique. Pourquoi n'irions-nous aps faire les quelques boutiques ?
A chaque fois que Baekhyeon ouvre la bouche, il s'exprime mieux que quiconque. Il a appris l'anglais dans un collège très select de Séoul, d'après Mathilde, ce qui peut expliquer son vocabulaire riche et soutenu.
- C'est une excellente idée ! Qui vote pour ? demande Inès en levant elle-même la main.
- J'ai une autre idée ... dit David en souriant. Enfin, si vous êtes tous d'accord, évidemment.
Tout le monde se tait. Je crois que les filles ont encore un peu de mal à comprendre et à s'habituer à sa présence. Même si j'ai beau dire qu'il n'est là que pour son reportage, je crois qu'elles ont compris qu'il n'y avait pas que ça.
- On pourrait peut-être allé au Mexique ? C'est à une heure de voiture d'ici. Je ne dis pas d'aller au fin fond du désert mexicain, mais ça pourrait être sympa. Non ?
- C'est une super idée mec, bravo! On va pouvoir se ramener des bouteilles de tequila mon gars ... lâche Will en riant.
- Des quoi ? demande Anouck en levant un sourcil.
Will fait mine de ne pas avoir entendu, et continue de touiller son café comme si de rien n'était.
- Oui, et comme ça, je pourrai me ramener un sombrero! j'ajoute, sérieuse.
- T'en as pas déjà un ? me demande Clara.
Ah oui, c'est vrai. Et en plus, il prend la moitié du grenier.
- Oh mon Dieu, mais c'est pas Luis ?
Nous tournons tous la tête au même moment. A la porte du café, il y a Luis. Le Luis de Clara. Qui est partit parce que cette dernière a appris qu'il était plus ou moins dans un gang. Ca a beau faire presque deux mois, il n'a pas changé. Il est toujours aussi sexy.
- C'est qui ce mec ? me demande David en se penchant vers moi.
- L'ex de Clara, je répond en chuchotant. Il est au taquet beau, non ?
David lève un sourcil, dubitatif.
- Au taquet beau ?
- C'est vrai, non ? Tu trouves pas qu'il a un truc ?
Je crois que je suis en train de m'enfoncer. Mais je ne remarque rien, ni l'énervement de David, ni son pianotement nerveux sur la table.
- Ils allaient tellement bien ensemble, continué-je en me rappelant. Mais maintenant, il y a Alexeï. Je lui souhaite bien du courage, avec Clara.
D'alleurs, elle est où cette idiote ?
Je regarde tout autour de moi. Elle était en face de moi il y a quelques secondes. Je sens que quelqu'un me tire ma chaussure. Je me baisse et découvre une Clara, qui s'est enfouie sous la table, cachée par la nappe. Un fou rire me prend. Cette situation est tellement grottesque que personnellement, je suis morte de rire.
- Mais qu'est-ce que tu fous là ?
- Arrête de rire, et regarde plutôt s'il est partit.
Pliée, je me retourne discrètement, et ne vois plus de Luis. Ni devant la porte, ni devant n'importe où. Je me baisse vers Clara, et lui dis, espiègle.
- T'inquiètes, ton Mexicano s'est barré avec la serveuse. Tu sais, celle avec les extentions, Brenda je crois. Ils sont en train de se rouler une de ces pelles mon gars...
Et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, Clara bondit de sous la table, et cherche du regard Luis et la fameuse serveuse.
- Ils sont où ?
Tout le monde se met à rire. Clara, comprenant qu'elle n'est que la victime d'une blague pas drôle, se rassoit, vexée.
- Hilarant. Non, vraiment, très drôle.
- Attends, t'aurais du voir ta tête, quand Charlotte t'a dit que Luis roulait une belle à Brenda, c'était phé-no-mé-nal, hoquète Inès.
Nous reprenons petit à petit notre souffle. En soit, ce n'était pas drôle. Mais avec toute la tension accumulée ces derniers jours, je pense que c'était la goutte d'eau qu'il nous fallait pour faire déverser ce trop-plein d'émotions. Même David et Baekheyon ont eu un petit sourire.
Nous nous mettons d'accord : à 15h00 pétantes,nous sommes dans les voitures, direction la frontière, jusqu'à 19h00.
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Frontière, 16h58
- Mais y a pas quelqu'un qui parle un mot d'espagnol ?
On est dans la merde. On vient de se faire arrêter par la doine, alors qu'on est même pas rentrer dans le pays. Ca me stresse ... Quand j'ai vu le policier -enfin, si on peut appeler ça comme ça hein- nous faire signe de nous mettre sur le côté, mon coeur s'est mis à battre plus fort.
- Do you speak English ? demande ANouck, complètement perdue.
Depuis trois minutes, il n'arrête pas de parler, nous demande de l'argent je crois. Mais on ne comprend rien, et Clara est montée, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, dans la voiture des mecs, qui nous attendent bien sagement, sur le bas côté.
Et ce n'est pas le coréen de Mathilde ou l'allemand d'Inès qui va nous aider.
- Ok, alors, surtout, on paniquez pas, je dis d'une voix assurée. Dans ce pays, ils sont tous corrompus, c'est dingue. La police nationale arrête les touristes et leur soustrait du fric. Comme ça, ils ont un salaire en plus à la fin du mois.
- Comment tu sais ça toi ? me demande Mathilde, sceptique.
Je souris, et lui dis qu'il nous ait arrivé la même chose quand nous sommes allés au Mexique, avec ma famille. Mais de l'autre côté de là où nous sommes aujourd'hui. Dans un endroit beaucoup plus ... paradisiaque.
Anouck se retourne, et me dit, d'une voix étrangement calme :
- Charlotte, c'est toi qui a l'argent n'est-ce pas ? Sors un billet de vingt du porte-monnaie vert, de toute façon, il n'y a que ça. Comme ça, on va lui montrer qu'on a rien de plus.
J'excécute les ordres d'Anouck, et sors le porte-monnaie. Le policier m'arrache le billet, nous regarde d'un air suspicieux, et nous fait signe de circuler. Gagné !
- Non mais t'as vu la gueule de sa moustache ? marmonne Inès. Ca devrait être interdit, les trucs comme ça.
- Inès, si c'est pour dire des conneries pareilles, tu ferais mieux de la fermer, répond Anouck, en plaisantant.
La tension retombe.
Nous rions, soulagées. J'appelle Clara, et lui dis de faire demi-tour. "Dis à Baekhyeon qu'on va finalement pouvoir les faire, ses boutiques ! "
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Une part de moi-même
Teen FictionQuand elles ont organisé ce fameux road-trip aux Etats-Unis, à l'âge de 15 ans, jamais Charlotte et ses quatre meilleures potes n'auraient imaginé le faire réellement un jour. Elles ont maintenant 21 ans, des rêves pleins la tête, et ont vraiment pr...