Chapitre 2

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Mei était une étudiante de 20 ans habitant une petite ville du Maine : Portland  situé dans le nord de l'état, longeant la péninsule de la baie de Casco.

Au pic de son ascension, Portland, était un haut lieu des affaires avec les bateaux commerciaux. Les docks étaient connus pour la vente à la criée amenant une ambiance joviale et dynamique.

Mais la grande dépression, la crise économique de 2008 et l'exode rural ont fait périr le succès pourtant grandissant de la bourgade du Maine.

Résultat,  il ne restait plus grand monde dans cette petite ville, et les docks autrefois surpeuplés tous les matins étaient à présent désert de tout touriste.

Seuls, les vieux pécheurs partaient en mer à l'aube et ne revenaient qu'à la tombée de la nuit, par tout temps, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il y ait des orages.

Le même cycle, le même travail jours après jour, pauvres pêcheurs, partir à l'assaut de la mer, pour pouvoir espérer vendre leur marchandise, espérer de nourrir leur famille.

Mais, la pêche n'était plus aussi prospère qu'avant, étant dans un monde de plus en plus mondialisé la population grandit de seconde en seconde, à l'inverse de la nature, qui elle, s'amenuise vite, très vite.

Les nombreuses restrictions se font quant à elles, de plus en plus nombreuses, sur la race, la taille ou la forme des poissons. 

Il ne faut plus pécher de Thon rouge, plus de Barbotte brune, plus de Nigro, plus de Tétra aveugle, alors que leur restent-ils ? plus grand-chose. 


L'hiver ici, était plus froid qu'ailleurs, le soleil semblait avoir fui cette ville, et le brouillard dominait à toute heure de la journée comme de la nuit.

C'est dans ce contexte que Mei a décidé d'emménager pour recommencer une nouvelle vie.

Sa mère était une célèbre artiste à son époque, mais ayant mal vieilli, le grand Hollywood lui avait tourné le dos pour des adolescentes tout juste sorti des jupons de leur mère.

Elle avait sombré dans sa bulle de célébrité, pensant qu'elle était encore à son apogée, mentant sur ses futurs projets de film à qui voulait l'entendre alors que la réalité était tout autre, elle restait cloîtrée chez elle, enchaînant les paquets de cigarettes et les bouteilles d'alcools dans ses anciennes tenus d'actrices.

Le père de Mei? elle ne l'avait jamais rencontré, elle n'avait même aucun souvenir de lui, ils les avaient abandonnés dès lors qu'elle était venue au monde.

Sa mère, lui en tenait rigueur, et ce, depuis toujours.

Alors avec quelques économies en poche Mei a fui le nid nocif familial et a cherché la plus petite ville sans intérêts des États-Unis pour recommencer sa vie, pour vivre sa vie comme elle l'entendait, et surtout, loin, très loin de sa génitrice.

C'était le prix à payer pour son bien-être mental, que Mei avait trop souvent négligé pour le bien-être de sa mère.

Il était 07 h 40, Mei avait environ dix minutes de trajet à faire à pied pour se rendre à sa nouvelle Université, le MNA.

Elle n'était pas stressée comme n'importe quelle fille de son âge dont la seule préoccupation était de se demander si elle allait arriver à dormir la veille, ou alors de quelle manière elle allait se vêtir.

Non, Mei n'avait pas eu la chance de pouvoir se préoccuper de ce genre de chose, sa mère avait toujours compté sur elle pour gérer les problèmes de la famille, elle était désignée comme la mère quand sa propre mère avait le rôle de l'enfant.

Elle avait perdu son innocence, sa naïveté, mais elle avait gagné une grande maturité pour son âge, une maturité certes, forcé.

Le téléphone de Mei sonna, elle regarda l'écran et vu le nom de sa mère, elle ferma les yeux, prit une bonne et longue inspiration et finit par décrocher :

- Oui maman ?

- Ma chérie, où tu es ??

- Je suis chez moi, à l'appartement que j'ai loué près du port... tu te rappelles ?

- Tu n'es plus à LA ? ....

Elle entendait le bruit d'une déglutition à travers le téléphone.
Bruit que faisait sa mère lorsqu'elle buvait une gorgée d'alcool cul-sec.

Bordel, il n'était même pas encore huit heures du matin. 



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Ecrire cette partie sur les pêcheurs m'a refait pensé à mes cours de littérature.

L'albatros de Baudelaire : 

"Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage, Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers" 


Est-ce que, finalement, on ne pourrait pas dire que les pécheurs sont devenus les albatros ? 

Avec toutes ces restrictions alimentaires sur les différents poissons, et les immenses compagnies internationales qui ratissent de plus en plus de poisson, que restent-ils à ces pauvres pécheurs indépendants ? aimant leur métier plus que tout, finalement, oui, ce sont bien eux, les princes des nuées. 


ALEPHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant