Chapitre 3

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- Ah oui! comment j'ai pu oublier ça, tu m'as abandonné et pris la fuite ! salle fille! dit-elle avec un rire jaune.

- Maman s'il te plaît on en a déjà parlé, ma rentrée commence dans dix minutes, je ne veux pas être en retard, pourquoi tu m'appelles ?

- Eh bien, pour quelle raison une mère ne peut pas appeler sa fille ? je t'appelle pour te souhaiter une bonne rentrée. Estime-toi heureuse Mei, je pourrais tout aussi bien t'envoyer un simple texto.

Elle avait raccroché, à coup sûr, elle avait oublié la rentrée de sa propre fille, mais ne voulait pas le lui avouer.

Sèche et brutale maman, mais merci quand même dit Mei avant de mettre sa veste, ses gants, une grosse écharpe et rabattit sa capuche sur sa tête, il faisait un froid glacial ce matin, elle prit la direction de son université le nez et les joues rougies par le temps hivernal.

La ville se réveillait doucement, certains magasins étaient toujours fermés, d'autres, en revanche, n'ouvriraient plus jamais, faute de client.

Le temps était humide, Mei pouvait sentir des relents d'alcool, mais aussi des odeurs de sous-bois, comme des odeurs d'humus, de terre ou encore un mélange de feuilles séchées.

Mei regarda derrière elle instinctivement, sa maison était encastrée à la limite des docks et de la naissance d'une immense forêt verdoyante et dense.

Elle avait choisi cet endroit, spécifiquement.

De la cuisine, elle pouvait voir le jour se lever sur le dock et un magnifique coucher de soleil, et de sa chambre elle pouvait voir la végétation s'épanouir dans la forêt aux premières lueurs du soleil.

La seule tache sur le tableau, c'était que, dès la nuit tombée, lorsque la lune apparaissait, elle ressentait une certaine couardise émanent d'elle à la vue de cette même forêt.

Étonnant comme un endroit peut être aussi changeant en fonction de l'heure et de la luminosité.

Elle remarqua une ombre à la lisière de la forêt qui semblait regarder dans sa direction, elle abaissa sa posture et fixa longuement son regard vers cette ombre, comme si, en étant concentré, elle pourrait faire un zoom avec ses yeux, mais en vain, l'ombre avait déjà disparu.

Cela n'étonna pas plus que ça Mei, elle avait dû halluciner l'espace de quelques secondes, ou peut-être que c'était un gamin qui coupait à travers la forêt pour se rendre à son école.

Elle continua sa route rapidement, il faisait vraiment trop froid et elle rêvait d'une bonne tasse de café.

Dix minutes plus tard, elle se trouvait dans l'immense hall de l'université, chose incongrue pour le peu d'habitant, mais après quelques bavardages avec Mac, son guide attitré, elle sut que les villages avoisinants n'avaient pas de structures universitaires, ainsi tous les jeunes étudiants se retrouvaient ici à portland.

- Alors, pourquoi tu as quitté Los Angeles ?

Les gens sont beaucoup trop curieux et intrusifs, ils ne connaissant pas la notion de "vie privée".

- Eh bien, j'avais envie d'un peu de verdure alors j'ai atterri ici, dis-je faussement accompagné d'un beau sourire.

- Drôle d'envie après LA! dit-il en rigolant à gorge déployée,  ici on n'a pas les chaleurs ni le même soleil que chez toi ! c'est même tout l'inverse, en tout cas n'hésite pas à m'interpeller si tu as besoin d'aide pour t'intégrer d'ailleurs, tu es célibataire ? 

Avant que je puisse répondre à sa question trop intrusive, il ajouta : 

- Non, laisse tomber, je te laisse devant ta classe, tu as droit du travail  ce matin pendant quatre heures, je reviens te chercher tout à l'heure pour t'emmener au réfectoire si tu es toujours seule ok sweety ? 

Je lui avais adressé un signe de tête en guise de remerciement en laissant de côté le mot "sweety" qui m'avait laissé un goût de dégoût sur le bord de mes lèvres.

Mei ouvrit la porte et fit face à une cinquantaine de regards rivés sur elle, et la seconde d'après d'incessants bavardages faisaient leur apparition.

Un brouhaha si fort qu'elle en eut mal à la tête. 

Super, ça commence bien.

Mais, au fond, Mei s'y attendait, une nouvelle personne dans une structure universitaire, ça fait toujours beaucoup de bruit.

Ces jeunes devaient se connaître depuis leur première scolarité, alors j'allais être l'événement de la semaine, peut-être même du mois, s'il n'y avait pas d'autres rumeurs ou ragots entre temps. 

C'était comme ça, c'était toujours comme ça, le même cycle.

Mei avait très souvent changé d'école, sa mère, trouvait toujours le moyen de la changer de structure aussitôt qu'elle entendait qu'une nouvelle école avait ouvert.

La raison ? elle n'en savait rien, souvent il ne valait mieux ne pas en chercher, sa mère avait une logique qui lui était propre.

Les conséquences en revanche, pour Mei, étaient le fait qu'elle n'avait pas le temps de se faire des amis, elle était seule, toujours étiquetée comme "la nouvelle" et dès lors qu'elle réussissait à se faire un ou deux amis, elle devait changer d'école. 

Autrefois, elle avait pensé qu'il s'agissait d'une punition de la part de sa mère, comme son père était parti après sa naissance, peut-être, était-ce une façon pour sa mère de se venger sur elle.

Aucune idée.

Sa mère était folle.


ALEPHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant