Chapitre 13

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Mon corps était lourd, terriblement lourd.

Il m'était impossible de me mouvoir.

J'avais l'impression d'être attaché.

Mais, la bonne nouvelle était que, je n'étais pas morte, du moins pas pour le moment.

Mon corps était bouillant, brûlant, ma gorge sèche, mon corps sans énergie, j'étais en léthargie.

Il fallait que je me rendorme, ce n'était pas le moment, pas de suite, pas encore, un peu de repos, juste encore un peu, et là, ça ira pour moi.

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Le silence, ou presque.

On entendait seulement deux respirations dans la pièce feutrée, celle du docteur, et plus insidieuse, celle de Mei.

La pièce en question était en réalité une chambre, décorée de manière très simpliste mais utilitaire, un lit collé contre un mur en pierre en face duquel il y avait une penderie à l'heure actuelle, vide.

Mais, qui ne le resterai peut-être pas pour longtemps songeait le docteur.

Son regard s'attarda ensuite sur un élément, non plus d'ordre matériel mais d'ordre humain, cette jeune femme, il fronça les sourcils en penchant sur le côté droit sa tête.

Elle était d'une beauté naturelle, cela faisait près de trois semaines qu'elle était alitée, et pourtant, sa beauté n'avait pas décliné, ses longs cheveux bouclés blonds retombés et venaient enfermer son doux visage.

Quel dommage pensa le docteur, cette épaisse chevelure était en train d'enfermer, non, ce n'était pas le mot, elle était en train de préserver la huitième merveille du monde.

Sa peau semblait être halée, mais à présent, elle était d'une blancheur exceptionnelle accentuée par son état de santé.

Seul un élément était empreint de couleur, ses lèvres, qui avaient l'air charnues, étaientt quant à elle d'une couleur carmin, elle était là devant lui, endormie.

Son cœur commença à battre de plus en plus fort – le lien – il l'avait oublié ce foutu lien.

La porte s'ouvrit dans un gras fracas, son auteur avait le front plissé, signe de colère, jusqu'à présent rien d'anormal.

- Je suis désolé, dit le docteur, j'avais oublié, c'est nouveau pour moi.

Un long silence s'installa entre les deux individus, un silence de mort.

- Comment elle va aujourd'hui ?

- Eh bien, son état s'améliore, mais il lui faut du repos, beaucoup de repos monsieur.
C'est une chance que je sois arrivé aussi vite, autrement elle ne serait pas debout, enfin.. allongé, enfin... vous m'avez compris.

- Tu peux disposer, ne t'éloignes pas trop, et arrêtes de penser, tu m'énerves.

L'homme fit un signe de la tête, puis une révérence à son maître, et prit la porte.

C'était toujours comme ça, son maître ne parlait que très peu avec lui, il était toujours sévère.

Il avait pourtant traversé le continent pour se joindre au groupe de son chef.

La voix de Jenna se fit entendre :

- Ne t'en fais pas, c'est parce que tu es encore jeune qu'il est sévère avec toi et je t'en prie, essaye de penser au lien qui nous unit, tout le monde t'entends réfléchir à longueur de journée, fait attention à ça et coupe le lien de temps en temps.

Oliver regarda à droite puis à gauche mais rien, il se retourna : mais toujours rien.

L'air benêt il se gratta le haut de sa tête, puis il eut une illumination et dit

- Oui je sais bien, j'espère que ça ne durera pas.

Il descendit les longs, très longs escaliers menant au salon, cela ne faisait que quelques mois qu'il était ici et pourtant il ne s'habituait jamais à dévaler autant d'escaliers.

D'une nature plutôt apathique il s'accrocha à la rambarde et l'enjamba, il atterrit sur ses deux pieds 20 mètres plus bas un grand sourire satisfait sur ses lèvres.

Jenna leva les yeux aux ciels :

- tu es vraiment incorr..

Elle fut coupée par le bruit de l'immense porte d'entrée qui elle aussi, s'ouvrit dans un grand fracas.

Suivit d'une voix masculine hurlant : ILS SONT REVENUS !!!! PRÉPAREZ VOUS.

Jenna regarda l'intrus avec des yeux ronds, ses bras étaient tombés le long de son corps, au bout de quelques secondes, elle se tourna vers Oliver, voulant le rassurer, mais celui-ci était déjà en état de choc.

Cela faisait des centaines d'années pourtant qu'il n'y avait pas eu de problème, depuis le pacte, il n'y avait plus eu de transgression, c'était la paix, enfin!.

Il y avait toujours de l'animosité des différents cotée, mais chacun respectait sa part du contrat, et c'était le plus important.

C'était toujours le plus grand nombre qui était le plus important.

Jenna l'a appris à ses dépens, elle n'a pas pu venger la mort de sa moitié, emportée pendant la guerre des clans, l'époque du Jafnar.

Elle n'a pas pu se venger, et pourtant, cette rage l'anime encore des millénaires plus tard.

Cette femme, cette nouvelle YUNI, c'était Mei.

C'est ce que nous avait dit Aleph, notre Alpha.

Nous étions dévastés par cette nouvelle, toute la meute.

Mei, allait signer le début de la fin.

Mei était l'âme sœur de notre Alpha, nous devions donc la protéger au péril de nos vies.

Mais nous étions encore trop dévastés par la guerre Jafnar, les souvenirs étaient encore trop présents dans notre sang, nos âmes.

Mei ne connaissait pas l'existence de notre race, ni des autres, nous vivions cachés parmi les humains pour vivre en paix après ces siècles d'horreurs et de guerres, c'était le choix commun à toutes les races, vivres cachés parmi les humains, le meilleur choix à faire.

Le chemin pour Mei vers la vérité, allait être épineux, difficile, au fond de moi, je ne l'en croyais pas capable.

Après tout ce n'était qu'une pauvre humaine ridicule et faible.

Impossible, elle était trop - humaine- pour être la nouvelle YUNI.

ALEPHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant