Chapitre 5

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Les quatre heures avaient fini par passer avec une fatalité inexorable, ainsi était le quotidien de milliers d'étudiants, se lever, suivre des cours toute la journée et finir par rentrer chez soi, réviser en prévision des prochaines sessions d'examens et puis dormir.

Le jour suivant,

Faire la même routine,

Jours après jour,

Le même cycle,

Sans fin.

Un étudiant est capable d'apprendre ses leçons par cœur sans même en comprendre un mot, il n'est pas capable de repasser une chemise sans aucun pli, ou encore, il n'est pas capable de changer un joint dans la douche, ou de resserrer un tuyau pour que l'eau ne puisse plus fuir sous le robinet.

Toutes ces choses fondamentales pour notre quotidien, on ne les apprend pas, on est confrontés à la situation puis on essaye d'improviser, parfois, on le fait bien, parfois, on le fait mal.

Pourquoi il n'y aurait pas des cours de pratique ?

Pourquoi toujours faire de la théorie ?

Pourquoi il n'y aurait pas des cours de mécaniques, de comment faire pour changer une roue ? ou alors des cours de coutures pour réparer des habits abîmés ?

Au lieu de ça Mei était resté quatre heures sur sa chaise inconfortable en bois, qui commençait sévèrement à avoir mal aux fesses,  écoutant à moitié le cours pendant les deux premières heures, et les deux dernières restantes, à divaguer dans ses pensées, à réfléchir à sa vie future, sur quel métier elle voudrait exercer, quel genre de vie aurait-elle dans dix ans ? 

Elle n'en avait aucune idée, aucune putain d'idée.

C'était le genre de fille qui avait beau fournir une quantité faramineuse de travail, elle ne dépassait jamais plus que la moyenne, d'ailleurs ses professeurs avaient toujours dit d'elle, qu'elle n'était qu'une élève moyenne.

Alors, vous savez, lorsque les études ne sont pas faites pour nous, en pratique, le choix de métier futur se restreint au choix de métier ne nécessitant pas de grandes études.

Et parmi ce choix restreint, il faut en choisir un, mais, même comme ça, Mei n'avait aucune idée de métier à faire pour le restant de sa vie.

Soudain une chaleur enivrante l'envahie, une chaleur lui apportant du bien-être, comme si son sang n'avait fait qu'un tour (une fois de plus) et était en train de libérer les phéromones du plaisir, elle se sentait bien, détendue, apaisée, elle n'était plus en train de réfléchir à sa vie, cette chaleur agréable avait coupé court à toutes ses pensées.

La chaleur s'installa au creux de ses orteils puis remonta doucement jusqu'à atteindre la pointe de ses seins, puis, langoureusement, elle redescendit jusqu'à sa culotte, elle n'en pouvait plus, elle éprouvait un tel plaisir que d'un instant à l'autre elle finirait par gémir.

Rouge de plaisir, mais aussi de honte, elle baissa sa tête pour voir d'où venait cette source de chaleur enivrante bien qu'intrusive.

Ce n'est que lorsqu'elle vu la grande main de son voisin de table lui tenant le haut de sa cuisse fermement qu'elle revint à la réalité en une fraction de seconde, ses yeux s'écarquillèrent et elle dégagea rapidement sa main de sa cuisse et le dévisagea :

- Tu fais quoi ? tu as quel problème putain ? dit-elle en chuchotant, pendant que le professeur était en train de terminer son cours, il ne devait rester à peine que quelques minutes, dieu merci toute la salle buvait les paroles du professeur et personne n'avait remarqué la situation au fond de la salle.

Elle le regarda intensément en fronçant les sourcils mais remarqua que quelque chose n'allait pas, il était rouge, enfin, ses yeux semblaient avoir changé de couleur, elle voyait une veine qui était en train de faire son apparition sur sa tempe mais aussi dans son cou et sur ses bras, il avait les poings serrés, et semblait vouloir se retenir de vomir.

Il est malade 

C'est sûrement pour ça qu'il a mis sa main sur ma cuisse, pour me prévenir ?

Elle savait ce que c'était de vouloir se retenir de vomir, on a d'abord un premier liquide acide qui remonte doucement dans la gorge, puis, dans la bouche, signe que l'on va bientôt vomir et qu'il faut lâcher tout ce que l'on est en train de faire pour courir aux toilettes, mais c'est aussi à ce moment que l'on peut, et que l'on doit se concentrer pour se retenir de vomir, c'est à cet instant que l'on doit réunir toutes nos forces, pour que ce même liquide acide, fasse le trajet inverse et retourne tranquillement dans notre estomac.

Mei, lorsqu'elle était plus jeune, avait été de nombreuses fois confrontée à une certaine maltraitance de la part de sa mère.

Elle n'était pas une mère lambda, non, sa propre mère lui donnait de la nourriture périmée pour ses repas, repas composé de glace, chips, ou encore de redbull, bref un régime alimentaire néfaste. 

Mei avait ingurgité un nombre incalculable de fois des space cakes (gâteaux contenant du cannabis pour la plupart du temps) destinés aux différents hommes de sa mère qui passaient régulièrement chez eux.

Bref, sa génitrice n'était pas saine d'esprit, alors bon nombre de fois Mei avait fini par vomir ses «repas ».

Elle coupa court à ses douloureuses pensées et le prit par la main pour entreprendre de le lever.

S'il était aussi malade que le faisait croire son physique, il allait vomir d'une seconde à l'autre, elle devait l'aider.

Il eu un relent et commença à baisser la tête sur sa table, ses mains tenant sa bouche, il allait vomir, alors elle le leva plus doucement presque tendrement, elle fit un signe de tête au professeur pour qu'il comprenne qu'il n'allait pas bien et qu'elle allait l'amener aux toilettes, le professeur lui rendit son signe de tête et ne semblait pas s'inquiéter plus que ça pour lui. 

Ce devait être le genre de professeur qui ne s'occupait pas des étudiants à problèmes, le genre d'homme qui veut faire avancer ceux qui veulent avancer.

Ce n'est pas une mauvaise chose en soit, mais pour Mei, on ne laisse personne sur le côté, personne. 

Mei était une bonne personne, malgré son parcours de vie assez chaotique, elle en restait une personne bienveillante.

Elle aurait eu toutes les raisons du monde de devenir un autre genre de personne, plus sombre, plus violente, plus antisocial, hors-norme, finalement, un peu comme les rumeurs décrivant son voisin de table, mais Mei était forte, très forte mentalement. 

Mei ne connaissait son camarade que depuis quelques heures, mais elle s'était déjà attaché à lui, attaché à son mal-être, son spleen, elle le comprenait dans un certain sens.

Si un étudiant semble avoir de mauvaises fréquentations, de mauvaises notes, un mauvais comportement, on doit redoubler d'attention, et de bienveillance, c'est comme ça, on ne laisse personne sur le côté, jamais. 

C'était un des mantras de Mei, lorsque la vie semble vous en vouloir, vous rabaisser, il faut se relever, et n'oublier personne sur la route. 

Elle s'en était fait la promesse. 

Promesse qu'elle tiendrait aussi pour Aleph.


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Coucou l'équipe !

Que pensez-vous de ce chapitre, ce n'est pas trop long à démarrer ? vous êtes bien concentré devant vos écrans ? 




ALEPHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant