Chapitre 25

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J'avais passé la nuit a élaborer un plan.

Le fait de me retenir de manger alors que je mourrais de faim n'était clairement pas viable, pour l'instant j'avais de la force, et un peu d'énergie, mais jusqu'à quand je pouvais tenir dans ces conditions ?

Au bout d'un moment, il lui viendrait l'idée de soit, me forcer à manger, soit il me nourrirait par intraveineuse, et son problème sera réglé, mais pas le mien.

J'avais, au fil des jours exploré toutes les possibilités viables, ou non.

J'entendais quotidiennement des cris, des cris de femmes essentiellement.

Vesemir, et le reste de son groupe se nourrissaient de femmes.

C'était pour cette raison qu'il n'était jamais revenu dans ma chambre depuis ce fameux soir.

Il attendait, il attendait le moment où j'arrêterai de lutter, il devait espérer que ce soit pour bientôt et très honnêtement, il m'arrivait d'y penser.

La vie est si difficile, alors pourquoi lutter ? je n'aurais qu'à dire oui, et à me laisser vivre sous son emprise.

Je secouais la tête comme pour remettre mes idées au clair.

Non.

Hors de question.

Aleph, viendrait me chercher, au bout d'un moment il aurait compris que je ne m'étais pas enfuie de mon plein gré.

Je l'espérai de tout mon cœur, mais n'ayant pas grandi en pouvant compter sur quelqu'un je savais au fond de moi que je ne devais pas me reposer sur ça.

C'était la pleine lune, la lumière entrait par ma fenêtre.

J'étais attiré par elle, une attirance inexplicable, une attirance envoûtante, je la regardais, je montais sur le perron de ma fenêtre.

J'étais debout, sur ma fenêtre, face à la lune, je me tenais au rebord.

Je contemplai encore la lune quelques secondes, et j'évaluais la distance à laquelle je me trouvais du sol.

Suffisamment haut pour mourir d'une chute.

La clarté de la lune me tira de mes pensées suicidaires.

Et puis, dans le silence de la nuit, j'entendis un bruit, un bruit perçant, un bruit qui me ravit les oreilles, un hurlement de bête, et encore je ne pensais pas qu'une bête pouvait faire ce bruit, un bruit de loup, c'était un loup.

Ils étaient là, ils s'approchaient du but.

Un sourire se faisait grandissant sur mes lèvres, mon cœur battait à tout rompre.

Mais quand on pense être enfin sauvé, quand on pense avoir une ouverture, que la fin de la partie est finie, le destin s'en mêle, quand on pense pouvoir se relever, le destin intervient et nous remet la tête dans la boue, en redistribuant les cartes, qui cette fois-ci n'étaient pas de mon côté.

La porte de ma chambre s'ouvrit dans un grand fracas : Vesemir, je m'étais retourné face à lui, la lune dans mon dos.

La lumière de la lune l'éclairait, il semblait avoir repris des forces, mon dieu, il était revenu séduisant.

Il ne portait qu'un simple jogging noir, et était torse-nu, ses beaux cheveux détachés retombés derrière ses oreilles.

Il venait de se nourrir, il avait encore du sang sur la bouche.

J'étais pendant une demi seconde attiré par lui, puis mon mantra revient en mémoire.

Ne pas être naïve,

Voir la réalité en face,

Tel qu'elle se présente,

Ne jamais changer d'avis.

Je le voyais s'avançait vers moi en me criant de descendre, mais je n'avais plus le temps, plus le temps de rien finalement, je n'avais pas réfléchi, j'avais basculé mon corps en arrière, dans le vide, la dernière chose que je vis c'était le visage horrifié de Vesemir, se rendant compte qu'il allait me perdre définitivement.

ALEPHOù les histoires vivent. Découvrez maintenant