Tome 1 : Sauve-moi

40 Emma

Ça fait déjà trois jours que je suis ici. J'ai presque pas de nouvelles de mes bikers. Ils vont m'entendre quand je vais les revoir, c'est pas difficile de me tenir au courant, ça prend quelques secondes à écrire un message. Depuis ce matin je n'ai pas de réponse, de personne ! J'ai ruiné ma manucure à force de me mordre les doigts. Je m'imagine le pire, je dors mal, j'ai régulièrement des douleurs au ventre, je crois que se sont des petites contractions. J'ai besoin de les voir, psychologiquement c'est l'explosion nucléaire dans ma tête.

— Emma ! Te voir aussi calme est étrange. Je commençais à m'habituer à ta grande gueule.

— Ray, tu as des nouvelles ? Dis-moi la vérité. Personne ne me répond. Je ne vais pas pouvoir tenir plus longtemps. J'essaie de rester calme pour mon fils, mais je n'y arrive pas.

Plumette pose sa tête sur ma cuisse. J'adore ce chien. Elle me tient compagnie toute la journée et même la nuit. Avec Ray tout se passe bien. Il commence même à faire des blagues. C'est plutôt moi qui parle mais il m'écoute attentivement à chaque fois.

— Non, je suis comme toi, dès que j'ai des nouvelles je te préviens aussitôt. Viens avec moi on va aller dans l'étable. On va nourrir les vaches. Ça va te changer les idées.

Il a raison, je range mon téléphone dans ma poche et je pars enfiler mes bottes et mon manteau.

— La prochaine je l'appellerai Emma, m'informe Ray quand on rejoint l'étable.

Je vois son sourire en coin. Si il croit me vexer, il se trompe.

— Trop bien, comme ça tu ne pourras pas m'oublier. D'ailleurs tu sais que j'ai mis un sapin et on va fêter Noël tous ensemble. Viens avec nous, il y a bien assez de place pour toi et Plumette. Tu pourras prendre la nouvelle Emma si tu veux.

— Merci pour l'invitation, je verrais. J'aime la solitude.

Je me demande comment il a fait pour passer de motard à fermier. Je demanderai à mon mec, un jour quand j'aurai de ses nouvelles.

Il passe par un petit bureau et j'en profite pour jeter un coup d'œil. C'est comme dans sa maison, il n'y a que le strict minimum. Je remarque une photo accrochée au mur, je m'approche, intriguée, c'est la seule que j'ai vue depuis mon arrivée. C'est une photographie d'une femme avec les cheveux châtains, elle sourit en touchant son ventre, elle est enceinte ! Elle a l'air tellement heureuse.

— C'est ma femme, Camila, dit Ray dans mon dos.

J'ai peur de comprendre ce que ça veut dire.

— Elle est magnifique, elle est où ?

— Elle est morte il y a vingt ans, le même jour que la mère de Rock. Avec notre enfant. Je ne souhaite à personne de vivre ça. Et j'imagine très bien dans quel état doit être Rock en ce moment.

Oh mon dieu, sa femme et son bébé. Dans une guerre de gang, comme en ce moment. Il a quitté tout pour venir vivre ici, seul. Il se punit de ne pas avoir été capable de protéger sa famille. Je me retourne pour le prendre dans mes bras avec le cœur qui se déchire. Je comprends sa douleur, sa peine.

— Je suis tellement désolée de ce que tu as dû vivre. Je sais ce qu'on ressent de perdre un bébé. Excuse-moi de t'avoir refait penser à ça.

— Ne t'inquiète pas, je pense à eux chaque jour. J'ai hâte de les rejoindre.

— C'est pas ton premier bébé ? me demande Ray.

— Non, j'étais marié il y a encore quelques mois. Pendant 6 ans à un homme violent. Il m'a battue pendant cinq ans. J'étais enceinte mais j'ai fait une fausse couche quand il m'a frappait. Je me suis enfuie et c'est là que j'ai rencontré Rock. Maintenant il est mort, Rock l'a tué.