La Princesse des Monts Vertigineux (tome 2)

Chapitre 7. Payer le prix fort

Chapitre 7. Payer le prix fort

Laurental s'impatientait, le Roi l'avait convoqué peu après le départ de Christopher, qui était partit à la recherche de Darkshadow, et il ignorait pourquoi. Il avait bien tenté de tirer les vers du nez aux deux gardes fées postés devant la grande salle mais ils avaient obstinément refusés de répondre à ses questions.

- Pourquoi suis-je ici ? demanda-t-il pour la énième fois.

- Je voulais vous entretenir d'une affaire importante ! répliqua le Roi des fées en faisant son entrée. Paré de ses plus beaux atours, il s'avança vers le guerrier, d'énormes ailes de papillons se déployaient derrière son dos.

- Vous ne les aviez pas tout à l'heure...remarqua Laurental, déstabilisé.

- Voyez-vous, nos ailes peuvent se rétracter, si bien qu'on pourrait presque nous confondre avec des humains lui apprit-il en s'asseyant à la table en forme de fleur où Laurental et ses compagnons avaient mangé.

Il lui enjoignit de prendre une place et Laurental s'exécuta de mauvaise grâce.

- J'écoute ! le pressa-t-il.

- Si impatient ! s'amusa le Roi. En fait poursuivit-il, je voulais vous informer que Darkshadow n'est plus un problème, je me suis chargé de l'écarter si bien qu'elle ne nous causera plus aucun ennui. Je suppose que Christopher l'a suivi ou...qu'il rentrera ici bien vite hésita-t-il.

Effaré, Laurental le regarda sans comprendre.

- Bien que je ne sois pas ravi de l'admettre, la Reine était notre seule chance de réduire les rangs de l'ennemi, ses pouvoirs auraient pu être utiles...vous êtes complètement fou de vous être attaqué à elle ! s'indigna-t-il en se leva de sa chaise.

- Elle est en lieu sûr ! protesta le Roi d'une voix forte. Pendant que nos ennemis la chercheront, ils nous laisserons le champ libre, nous prendrons place dans des endroits stratégiques et les écraserons tous comme s'il s'agissait de fourmis !

Laurental secoua la tête.

- En supposant que cela marche, Darkshadow sera en danger ! Ce n'est pas que je la porte dans mon cœur loin de là...mais bon sang nous avons besoin d'elle ! s'exclama t-il, la voix vibrante de fureur.

- Vous dites ça parce que vous pensez qu'elle pourra ramener votre dulcinée à la vie ? ! l'attaqua le Roi. De toute manière, ma décision est déjà prise ! A l'heure qu'il est, deux de mes guerriers se sont déjà chargés d'elle ! Vous n'êtes pas au courant ? J'offre une récompense pour sa tête, tous les truands l'a poursuivront et nous...nous ne serons pas loin !

- Quoi ? Vous êtes cinglé ! rétorqua Laurental, outré. Où l'avez-vous envoyé ?

- Je ne vous permets pas de discuter mes décisions ! gronda le Roi des fées. Darkshadow a été « transférée » en sécurité, dans une cité épargnée par le temps, une contrée plus ancienne que toutes les autres à l'épreuve des menaces extérieures ! continua-t-il d'un air satisfait.

- C'est pas vrai ! Vous n'avez pas fait ça ! s'écria Laurental. Ne me dites pas que vous l'avez emmené là-bas...et vous appelez ça un transfert ! ? s'énerva-t-il, choqué.

- Lystry est le meilleur endroit où l'on peut cacher quelqu'un se défendit-il.

- Faux ! Lystry, maintenant appelée Shanlina est remplie de fous superstitieux ! Comment pouvez-vous faire ça ? Je m'y oppose vous entendez ? Je ne vous laisserais pas faire !

- Je n'ai nul besoin de votre accord et comme je vous l'ai dit c'est trop tard ! renchérit le Roi d'un ton sans réplique.

Furieux d'être rabroué de la sorte, Laurental s'apprêta à dire quelque chose lorsqu'une voix féminine intervint : peut-être vous souciez vous de notre accord à nous ?

Le guerrier se retourna vers Jenny, accompagnée de Laiyana, Covey et de Solia qui observait son père avec incompréhension.

- Papa ? dit-elle. Qu'est-ce que tu as fait ?

- Parce qu'à présent le sort de la Reine t'inquiète ! C'est pourtant toi qui l'a laissé partir ! lui reprocha-t-il.

- Je...balbutia-t-elle. Je ne souhaiterai à personne de se retrouver dans cette cité ! Laurental a raison ! reprit-elle.

- Si tu n'approuves pas ce que j'ai fais tu n'es plus digne d'être ma fille ! Si tu l'as jamais été un jour...assena-t-il.

Le regard de la fée se voila de tristesse. Secouant la tête, elle s'enfuit de toute la force de ses jambes, disparaissant au coin d'un couloir.

Le Roi des fées se tourna vers Jenny, comme s'il cherchait son appui.

- Je suis malheureusement forcée de me ranger du côté de mon frère, c'est de la folie ! Contrairement à Laurental je ne pense pas que nous ayons besoin de Darkshadow, mais laisser son pouvoir entre les mains des Shanliniens c'est...

- S'exposer à de terribles dangers compléta Laiyana, le regard perdu dans quelque vision lointaine. Tout ne sera que mort et destruction, les ténèbres s'abattront sur le pays ! La Reine doit impérativement être ramenée ici ! Si ces pouvoirs deviennent incontrôlables, le monde sera plongé dans le chaos ! prophétisa-t-elle.

Le Roi, qui l'avait écouté avec attention, sachant que ses visions étaient fiables, se rembrunit.

- Peu importe ce qu'il adviendra du monde ! Cela ne nous concerne pas ! Il serait peut-être bon que les humains disparaissent une bonne fois pour toute ! gronda-t-il.

- Je vous conseille de donner l'ordre à vos soldats de la ramener ! Tout de suite ! siffla Jenny en adoptant une posture défensive.

Laurental se plaça à ses côtés, tout aussi résolut. Quant à Laiyana et Covey, ils se contentèrent d'observer la scène sans bouger.

- Je ne voulais pas en venir à de telles extrémités...regretta le Roi. Sur un ordre invisible, une faction de garde entra par la droite, bientôt suivie d'une autre qui venait du côté opposé. Je ne peux pas me permettre de vous laisser gâcher mes plans murmura le Roi des fées d'un air désolé. Emparez-vous d'eux ! cria-t-il alors en les désignant.

La « guilde » se rassembla au milieu de la grande salle, les guerriers se rapprochaient petit à petit, les encerclant.

Les fées possédaient toutes des Floris, l'arme de prédilection de Faliaka, qui pouvait trancher de la chair humaine aussi facilement que du beurre.

Jenny fit aussitôt apparaître une lance argentée, apparemment celle qui avait transpercé Darkshadow au vu des traces de sang séché qui parsemaient sa pointe.

- D'où sors-tu ça ? s'enquit Laurental.

Concentrée, elle ne répondit pas.

Dès qu'ils avaient aperçu l'arme brandit par Jenny, les gardes avaient reculé avec des murmures étouffés. Ils se regardèrent puis, constatant qu'ils étaient toujours en surnombre, reprirent leur avancée. Peinée par ce qui était en train de se produire, Jenny effectua de grands moulinets avec sa lance, regrettant de s'en servir contre le peuple qui les avaient accueillis si gentiment.

- Traîtres ! gronda-t-elle en serrant les dents.

Ses compagnons gardèrent le silence. Ils ne servaient à rien de se battre. Ici, sur leur territoire...les fées étaient invincibles.

Ils étaient perdus...réalisèrent-ils tandis que le cercle de soldats se refermait sur eux.