Chapitre 18. Sombre Danse

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Chapitre 18. Sombre Danse


L'orage se rapprochait, on entendait déjà ses grondements effrayants au loin.

Il n'a pourtant pas fait très chaud...songea-t-elle.


Adélia observait les nuages sombres qui avançaient vers le château, bientôt, ils l'engloutiraient tout entier.

Comme à son habitude, elle ne l'entendit pas approcher, comment faisait-il pour être si silencieux ! s'agaça-t-elle encore en se retournant comme il se raclait la gorge avec impatience.

- Que fais-tu là ? demanda-t-il d'une voix impérieuse.

- Qu'est-ce-que ça peut te faire ! rétorqua la jeune fille, irritée.

- C'est ton anniversaire...constata-t-il.

Adélia maugréa : si tu crois que j'ai oublié...

- Quel cadeau désires-tu ?


Adélia plissa les yeux de méfiance, cet intérêt soudain pour son anniversaire cachait certainement quelque chose.

Celui qui se faisait déjà appeler le « Maître » haussa les épaules : je demande simplement ! Non que je veuille t'offrir quoi que ce soit mais...tu n'as rien dit à mon père pour l'autre jour alors...Demandes-moi ce que tu veux ! TOUT ce que tu veux...insista-t-il d'une voix charmeuse.

Adélia détourna les yeux, rouge comme une tomate.

- Allez ! l'encouragea-t-il.

- Et bien il...il y a bien une chose...hésita-t-elle.

Le jeune homme l'écoutait avec attention.


- L'autre jour...à ce...cette fête tu...avais l'air de savoir... je veux apprendre à danser ! dit-elle précipitamment. Tout le monde sait le faire sauf moi, j'en ai assez d'être ridicule ! se justifia-t-elle comme il pouffait de rire.

Il l'a revoyait certainement marcher sur les pieds du garçon qui l'avait invité rien que pour se faire bien voir de Valtat, le père du « Maître » ! fulmina-t-elle.

Elle regrettait déjà ce qu'elle venait de demander, Il se moquait d'elle maintenant ! Ce n'était pas nouveau de sa part pourtant ! Elle se demanda pourquoi ça la blessait autant...

- Très bien, chérie ! s'écria-t-il en souriant, ce qui l'a fit rougir encore plus.

Elle vit dans ses yeux qu'il se moquait encore d'elle et serra le poing aussi fort qu'elle le pouvait, prête à le lui lancer en pleine figure, comme l'autre jour. Cette fois, personne ne les interromprait se dit-elle en s'apprêtant à passer à l'action.


Mais deux mains se posèrent soudainement sur sa taille, faisant disparaître sa colère.

Le jeune homme était apparemment décidé à lui apprendre, une première pour lui qui ne rendait jamais service à personne ! Gênée, Adélia baissa la tête, si elle redoutait qu'Il se rende compte que ses mains tremblaient follement, la seule pensée qu'elle pourrait lui marcher sur les pieds la terrifiait encore plus.

Elle se résolut au calme, elle détestait le jeune homme, mais pour une fois qu'il se montrait aimable, elle n'allait pas tout gâcher !

L'image du « Maître » dansant avec une jeune femme élégante au bal que Valtat avait organisé deux jours auparavant tournait et retournait dans sa tête. La vue du couple tourbillonnant gracieusement dans la salle l'avait remplie d'une jalousie inexplicable. Adélia reporta son attention sur le jeune homme, elle s'aperçut qu'il s'était emparé d'une de ses mains et l'avait plaqué sur son torse.

Lorsqu'il l'a renversa en arrière, elle manqua trébucher, son visage était si proche du sien...ne put-elle s'empêcher de songer, craignant qu'il ne perçoive les battements de son cœur affolé.


Elle cessa de respirer tandis qu'il la relevait d'un geste gracieux...et elle lui écrasa le pied !

Il sursauta comme si une mouche l'avait piqué, la jeune fille craignit qu'il ne se moque encore, lui fasse une réflexion ou pire, mette fin à la danse mais il garda le silence, impassible.


Elle ne sut combien de temps ils dansèrent ainsi, elle avait l'impression que cela faisait une éternité, ses pieds étaient en compote, le Maître quant à lui, imperturbable, enchaînait les pas sans aucun effort apparent.

- Je crois que c'est bon, je suis un peu moins nulle on dirait, je pense que ça ira...merci murmura-t-elle en faisant un pas en arrière. Mais le jeune homme la rejoignit, tentant de l'entraîner encore dans la danse.

- Je suis épuisée plaida-t-elle en résistant et puis...ce n'est décidément pas fait pour moi !

- Tu as tort ! répliqua-t-il seulement en la renversant une fois encore en arrière.


Soudain effrayée, Adélia s'efforça de se redresser, voyant qu'il ne la laissait pas faire, elle plaqua ses deux mains sur son torse pour le repousser. Amusé, le Maître la serra plus fort contre lui pour l'empêcher de lui échapper.

- J'ai remarqué ton regard l'autre jour, lorsque j'étais...blessé chuchota-t-il avec douceur.

Adélia secoua la tête : je ne vois pas de quoi tu veux parler maintenant lâche-moi ! ordonna-t-elle.

- Tu es encore plus belle lorsque tu es en colère, et si je te lâchais, tu te briserais les reins poursuivit-il en l'a redressant avec un soupir.

- Qu'est-ce-qui ne va pas chez toi ? Tu me détestes ! Tu me martyrise depuis mon arrivée ici et à présent tu tentes de me séduire ! attaqua-t-elle.

Le « Maître » cilla, surpris par sa réaction brutale, personne ne pouvait lui résister ! Surtout pas une simple humaine ! songea-t-il avec agacement.

Décidé à lui donner une bonne leçon et à lui montrer son charme irrésistible, il plaqua violemment ses lèvres contre les siennes. Étrangement, il prolongea le baiser, se prenant à désirer qu'il dure pour toujours.


Cette fille avait quelque chose de spécial...réalisa-t-il avec étonnement.

Affreusement embarrassée, Adélia ne réfléchit pas avant d'agir, le giflant si brutalement que la tête du jeune homme partit en arrière.

- Oh je...je suis désolée je...je ne voulais pas ! bégaya-t-elle en levant une main vers son visage. Se sentant coupable, elle s'enfuit de la pièce aussi vite que ses jambes le lui permettait.


Resté seul, le « Maître » essuya le sang qui perlait sur ses lèvres, elle avait frappé fort, elle n'avait pas bien visé qui plus est...remarqua-t-il.

L'espace d'un instant, il y avait eu quelque chose dans ses yeux, tandis qu'elle le frappait qui avait provoqué un bref sentiment de terreur en lui. Il ne pourrait jamais totalement plier cette fille à sa volonté...Ça l'énervait au plus haut point, tout en lui donnant envie de l'embrasser encore...

La Princesse des Monts Vertigineux (tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant