La Princesse des Monts Vertigineux (tome 2)

Chapitre 30. Les mots d'un monstre

Chapitre 30. Les mots d'un monstre

Caricia menaçait Christopher de son arme.

- Je veux ce carnet que tu caches ! ordonna-t-elle soudain.

- Qui te dit que je cache quelque chose ? Tu te trompes ! assura Christopher en reculant encore.

- Oh arrête je sais que tu l'as ! Si tu me le donnes, je promets de te tuer rapidement ! reprit-elle en se fendant d'un sourire de carnassier.

- Pourquoi tu le veux ? Pourquoi tout le monde s'intéresse à ce truc poussiéreux ? s'agaça le prince déchu.

Caricia soupira puis répondit, comme si elle s'adressait à un enfant têtu : ce carnet est la clef de tout, il contient des secrets...des secrets si importants que beaucoup n'hésiteraient pas à tuer pour les connaître. Les secrets de la magie du Maître, tout ce que Darkshadow a réalisé pour lui, les complots au château de Calangandi, tout...

- Non ! Il n'y a rien ! Juste quelques lignes qui s'arrêtent abruptement ! nia Christopher.

- Ouvre-le ! ordonna la Querlock, comme le prince hésitait, elle insista encore, devenant menaçante : ouvre-le tout de suite !

Alors, Christopher retira doucement le petit carnet qu'il conservait dans sa poche, il l'ouvrit fébrilement, parcourant les pages blanches du regard.

- C'est bien ce que je disais il...commença-t-il. Il se tut, stupéfait, tandis que le soleil se levait, perçant les nuages noirs, des phrases apparurent sur les pages qu'il pensait vierges, à l'exception de ces quelques mots : tout secret, lorsqu'il sera mis en lumière, ne sera plus un mystère...

- La lumière révèlent de nombreuses choses...confirma Caricia. Lis ! ordonna-t-elle, oubliant pour un moment le couteau qu'elle tenait toujours dans l'une de ses mains.

Incertain, le prince finit par lui obéir, il redoutait de quitter une seule seconde l'arme des yeux mais Caricia semblait s'être apaisée, il lut donc les lignes que le soleil venait de révéler  :

Certains pourraient se moquer de ce journal, mon nom lui-même risquerait de moins les intimider, c'est pourquoi je le dissimule dans cette auberge qui connaît beaucoup de passage. Ne dit-on pas que la meilleure cachette est celle qui se trouve à la vue de tous ?

Ils m'appellent le « Maître » avec déférence, j'ignore toujours pourquoi, depuis que je suis enfant c'est ainsi. Certains penseront que c'est mon père et l'enfance malheureuse qu'il m'a donné qui m'ont fait devenir ce que je suis, moi je dirais seulement que les ténèbres ont toujours fait partie intégrante de ma vie, si je vous avouais tout ce que j'ai fais par le passé, vous refuseriez de poursuivre la lecture de ce carnet, je tairais donc ces méfaits.

Et si nous revenions à Adélia ? Je ne peux dire ce que j'ai ressenti lorsque mes yeux d'adolescent se sont posés sur elle...de la haine certainement ,et peut-être, je l'avoue, de la jalousie, pourquoi le vieux fou, mon tyran de père la considérait-il comme sa propre fille ? Il n'a jamais levé la main sur elle, s'est toujours montré charmant lorsqu'il était en sa compagnie...Comment aurais-je pu le lui pardonner ?

Je ne m'éterniserai pas sur l'arrivée de cette fille, quoi qu'il en soit, je voulais la faire souffrir, j'ai tenté de la détruire mais la vérité, c'est que je n'y suis jamais totalement parvenu...Certes, j'ai fais d'elle la Reine Darkshadow, une femme sans pitié ni remord mais le bien qui était en elle, la jeune fille rebelle  au grand cœur n'a jamais totalement disparue...