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Jîhen

Quand je suis sortis de la classe, je me suis refugié en courant dans les toilettes et je me suis mise à pleurer. Je venais de me faire humilier, je ne voulais pas que ces marques sur mon corps soient montrés aux yeux de tous. C'est mon vécu, mes douleurs, que je garde en moi.

Je ne sais pas pourquoi tout le monde s'acharne sur moi. Vous vous disez peut-être que je n'ai pas de caractère mais quand on se fait battre et rabaisser chaque jour, nous n'avons plus de fierté.

Personne ne connait mon histoire mise à part ma famille et je voulais que cela reste ainsi. Je ne veux pas être classé comme la pauvre petite fille mal aimée qui se fait battre par ses parents.

Je ne veux la pitié ou la compassion des gens. J'ai appris dans ce monde qu'il ne fallait avoir confiance en personne et si je peux retirer quelque chose de cette vie c'est qu'il vaut mieux être seul que mal accompagné.

J'ai pris l'habitude des coups, des critiques et de l'humiliation mais celle-ci dépasse de loin toutes les humiliations que j'ai eu. Je ne comprend pas, je ne parle à personne, je regarde personne mais ils cherchent quand même le moyen de me rabaisser ? Quoi que tu fasse, les gens seront toujours là pour te critiquer et te rabaisser.

Je me rince le visage, les mains tremblantes contre mon teint pâle. Je me regarde très rarement dans le mirroir voir jamais. J'observe les dégâts de ma vie, de mes 18 années d'existance.

Des joues creuses, un teint tellement pâle qu'il vire au bleu, j'ai la peau sur les os et j'ai des hématomes sur tout mon corps, surtout sur mon coeur. Je vis mal cette vie, des fois j'aimerais m'en aller rejoindre ma soeur dans l'au-delà. Meyna tu me manque...

Je remet correctement mon foulard afin que l'on ne voit pas mes cheveux. Je prend mon sac et sors des toilettes. J'attend que la sonnerie retentit puis je sors et met mon niqab.

Tout ça ce n'est pas moi, moi je n'ai jamais voulu porter le niqab. Mes parents me cache sous ces tissus. Peut-être que j'aurais fini par le mettre de mon plein gré, mais le fait que mes parents me l'obligent me donne pas envie de le mettre.

Au loin je vois la voiture de Halim garé. Je presse le pas et monte côté passager.

Halim : Ton lycée a appellé.

"Pourquoi ?"

Halim : Apparement tu es sortit de cours, ils veulent envoyé une assistance social parce que ta prof a signalé que tu avais des hématomes partout et une cicatrice sur les veines.

"Je te jure que je leur ai rien dit."

Halim : Il faudra que tu vois ça avec papa, il est en furie.

"Mais ce n'est pas de ma faute."

Halim : Alors comment a elle vu tout ça ?

"Elle a attrapé mon bras sans que je m'y attende et a soulevé mes manches pour voir si je triché."

Halim : Tu triche !

"Non, un garçon de ma classe voulait les réponses mais je ne lui ai pas donné alors pour se venger il a dit a la prof que je triché et que j'avais un papier dans les manches."

Halim : Comment il s'appelle ?

"Qui ?"

Halim : Le garçon qui a mentit.

"Issam."

Halim : Papa ne voudra rien entendre.

"Pas grave."

Halim : Il te frappera et maman aussi. Et alors si ils envoient l'assistante social on est tous mort.

"Je sais qu'ils me frapperont et j'ai l'habitude."

Halim : Très bien.

"Pourquoi toi tu ne me frappe pas ?"

Halim : Je ne peux pas te protéger car sinon il te tueront si ils savent que je suis avec toi.

"Mais ça ne répond pas à ma question."

Il me regarde un instant avant de reposer ses yeux sur la route.

Halim : Parce que tu es ma soeur.

Je ne m'attendais pas à cette réponse. Je pensais qu'il allait me dire "parce que je veux pas me salir les mains" mais sûrement pas à ça.

Il voudrait me protéger mais il ne peut pas car lui comme moi savons quel genre de monstres sont mes parents, ils me tueront sans pitié si ils savent que Halim veut me protéger.

Halim : On est arrivé.

Il se gare devant la maison où mon père m'attend devant le portail. J'avance vers lui et il me tire mon foulard avant de me donner une première gifle.

Mon père : Rentre !

Je rentre dans la maison, je sais déjà ce que je vais subir. Je rentre dans le salon où ma mère attend bras croisés et les sourcils froncés et Nahil, le sourire aux lèvres.

Mon père : ALORS TOI PETITE MERDE TU TE PERMET DE MONTRER TES HÉMATOMES À TA PROF HEIN ! ILS VONT NOUS ENVOYER L'ASSISTANCE SOCIAL À CAUSE DE TOI !

Il me donne un coup de pied dans le dos ce qui me fait chuter au pied de ma mère. Elle me donne un énorme coup de pied dans le ventre et me crache dessus. Mes larmes coulent silencieusement, je me recroqueville sur moi-même pour me protéger.

Ma mère : TU VA PASSER UN SAL MOMENT JE TE LE DIS MOI !

Halim assiste impuissant à la scène, je sais qu'il veut me protéger mais qu'il ne peut pas et je ne lui en veux pas, seul l'intention compte. Il ferme les yeux et monte dans sa chambre.

Mon père prend un bout de bois et me tape avec. J'ai envie de hurler de douleur, mes sanglots s'emmêlent dans ma gorge. Il m'enchaîne de coups plus violent les uns que les autres.

Nahil prend le relai, il me cogne la tête contre l'armoire et me frappe. Je ne sens plus mon corps et les coups au passage. Il s'arrête et mon père prend la parole.

Mon père : Tu es la seule qui peut l'a voir sans niqab alors fais l'a bien souffrir.

Ils sortent eux deux de la maison. Ma mère attrape mon voile et me le retire. Elle prend une lame et me taille le dos, les bras, les cuisses. Mon sang coulent de partout et mes larmes également.

Je n'en peux plus, elle m'humilie, elle me met en sous-vêtement et me jette dans la baignoire. Elle allume de l'eau très chaude et me mouille avec. Je gémis de douleur pendant que elle rigole. Mes cicatrices brûlent au contact de l'eau.

À cet instant même je voulais mourrir. Je coupe ma respiration elle ne le remarque pas et continue de faire sa torture. Je fini par fermer mes paupières et partir...

[...]

J'ouvre les yeux et remarque vite que je suis à l'hôpital. Mon dos me brûle et ma tête me fait mal. Dehors il fait déjà un peu nuit. Je prend la bouteille à ma gauche et bois l'eau qu'elle contient.

Je me lève et va à la salle de bain. Mon visage est gonflé, ma lèvre est énorme sans parler de mon oeil au beurre noir et de toutes mes cicatrices. Je regarde mon dos, il est tout brûlé, parsemé d'entaille.

Je m'en suis pris des coups, ils m'ont fait la misère, brûler un mégôt de cigarette sur moi ou me fouetter avec un chargeur mais ça je vous le jure que c'est pire que tout les coups que je me suis pris.

J'arrive à peine a marcher, mes pieds ne supportent plus et je tombe au sol. Je ne pleure pas, je regarde seulement le lit en imaginant la vie que j'aurais avec des parents qui m'aiment.

Peut-être que j'aurais vécu avec eux, que j'aurais eu ma chambre, j'aiderais ma mère, je partagerais des choses avec elle, elle m'appellerait "ma fille", mon père me donnerait des surnoms, je me chamaillerais avec mes frères pour jouer avec eux deux secondes après.

Je me dis que c'est seulement une épreuve du Tout-Puissant, que la patience est une vertue, qu'Il éprouve ce qu'Il agrée, mais c'est bien plus qu'une épreuve, c'est un combat.

J'ai passé 2 semaines à l'hôpital, mon visage avait un peu dégonflé. Quand on me ramené mon plateau de nourriture, ma mère prenait toujours soin de jetter ce qu'il contenait et me donné du pain ou du riz. Halim est venu me chercher à l'hôpital, j'ai passé ma journée dans ma cabane.

Suite...

Jîhen-Sous Mon Voile.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant