chapitre un

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CHARLES SENTAIT L'AIR FRAIS fouetter son visage alors que ses jambes se faisaient de plus en plus lourdes. Il courait sur les hauteurs de Monte-Carlo : cet endroit était de loin son préféré sur cette planète, car rien de mieux que d'être à la maison. La sueur dégoulinait sur son visage, qu'il dut essuyer à plusieurs reprises afin d'y voir plus clair. Le soleil se levait doucement, la rosée se faisait encore fraîche sur les fleurs l'entourant... il appréciait cet instant de plénitude où la ville était endormie et que la nature avait repris ses droits avec légèreté. À l'aube, entendre les oiseaux chantonner lui procurait un sentiment de bien-être indescriptible, et c'était ce qui contrastait fortement : le calme de ces instants, et l'adrénaline de sa passion.

Charles est un jeune homme considéré comme chanceux. En bonne santé, une famille aimante, un travail qui le passionne, de l'argent... Sa passion première était le sport automobile, et grâce à sa volonté de réussir et à un talent inné, il est parvenu à vivre un rêve éveillé : être pilote de formule un dans l'écurie la plus prestigieuse, la Scuderia Ferrari. Jamais il n'aurait pu rêver mieux comme écurie, celle du Baron Rouge, rien de plus emblématique après tout. Son histoire semblait écrite avec l'écurie, et aujourd'hui, il poursuivait son rêve non seulement pour lui, mais également pour tous ses proches disparus. Jules Bianchi, pilote français autrefois promis à un bel avenir dans le sport automobile, décédé des suites d'un grave accident. Son père, décédé deux ans après le premier. Puis enfin Anthoine Hubert, décédé à deux ans d'intervalle également, un ami de longue date.

Charles observait le ciel, abandonnant doucement ses teintes orangées et rosées d'un début de journée. Les dernières étoiles brillaient, il imaginait que cela soit ces trois-là, tentant de le guider dans la meilleure voie possible. Mais peut-être auraient-ils honte de ce qu'il est ? Le monégasque chassa ces sombres pensées de son esprit. Pourquoi penser ainsi... il préférait ne pas mêler ses propres démons aux souvenirs des défunts. Il continua sa course, déterminé, musique dans les oreilles pour ne penser à rien d'autre qu'en la volonté d'exceller, d'être fier de lui en rentrant à son appartement.

Il arrêta son chronomètre sur le pallier, environ dix kilomètres en un peu plus de quarante minutes, moins bien que les autres fois mais il restait satisfait de lui. C'était un sportif après tout.

En vacances depuis quelques semaines à présent, il n'avait pas encore planifié sa journée. Le monégasque avait décidé de ne pas partir trop loin, rester sur ses terres. Pour la nouvelle année, il était allé en Espagne avec son groupe d'amis, et avait passé de bons moments avec eux. Maintenant, il se sentait un peu esseulé : tous avaient repris leurs études ou leur travail, alors que lui ne faisait rien d'autre de ses journées que s'entraîner physiquement pour la prochaine saison. Manger formule un, dormir formule un, parler formule un... pas une seconde il ne pensait à une quelconque autre chose.

Sous la douche, l'eau brûlant chaque infime partie de son corps, le pilote pensait. À la prochaine saison, s'il allait avoir une monoplace performante, et surtout, s'il allait terminer devant son coéquipier, lui qui l'avait devancé de peu la saison précédente. Cela lui avait mis un énorme coup au moral, surtout venant des fans qui voyaient en lui le futur pilier de la Scuderia, et voilà qu'un nouvel arrivant ne lui vole la vedette. Bien qu'il adore Carlos Sainz, il était effrayé à l'idée de ne frôler seulement son rêve du bout des doigts, de ne pas parvenir à devenir champion pour ses proches, de décevoir Jules, et son père notamment. Il grogna en augmentant la température de l'eau, malgré le fait qu'elle soit déjà élevée. Cela le brûlait presque, mais il tentait de faire abstraction. Soigner le mal par le mal, qu'il pensait. Il avait néanmoins tout faux sur le sujet.

Après quelques minutes supplémentaires, il sortit, passa une serviette sur son visage pour se remettre les idées en place, et fixa son reflet dans le miroir. Ses yeux avaient perdu de son éclat. Où était passé le garçon heureux d'autrefois ? Blessé dans les combats rudes à mener au quotidien, il avait fini par disparaître totalement, laissant à la place plus que l'ombre d'un Charles Leclerc, d'à présent vingt-quatre ans, en ce mois de janvier deux-mille vingt-deux.

Son téléphone vibra. Un message de Giada, son ancienne compagne, avec qui il est resté en de très bons termes... simplement, l'amour entre eux deux n'était plus, alors ils ont d'un commun accord décidé de se séparer. La blonde le connaissait par cœur, et inversement. Ils pouvaient compter l'un sur l'autre plus que quiconque, et c'était une relation que peu de monde comprenaient. Néanmoins, ils n'avaient de compte à rendre à personne, et cela leur plaisait à eux, alors qu'importe le reste.

-tu viens boire un verre avec tout le monde ce soir ? histoire de se voir un peu avant que tu ne repartes en italie et sur les routes.

Charles souriait doucement en essayant de trouver quelque chose à lui répondre. La motivation l'avait quitté depuis quelques instants, et la volonté de rester dans son lit, à regarder le plafond avait longuement traversé son esprit. Enfin, c'était ce qu'il allait faire de toute manière, jusqu'à ce soir lorsqu'il verra ses amis. 

-quelle heure ?

-vingt-et une heures, certains ne veulent pas rentrer trop tard par rapport à leur travail.

-je serai là. qui vient ?

-comme d'habitude, et charlotte et matteo seront présents également.

Son cœur loupa un battement, premièrement, puis s'emballa à une vitesse qu'il n'aurait jamais penser atteindre. Oh que oui, il avait trouvé la raison pour sortir de son appartement pour une autre raison que le sport. Néanmoins, il n'allait pas être à l'aise ce soir, il le sentait. Charles savait que Charlotte avait un petit crush sur lui, cela se voyait à des kilomètres, mais cela le freinait énormément. Elle était tout de même une amie proche de Giada, voire sa meilleure amie, et le brun trouvait cela plutôt étrange. M'enfin bon, il trouvait la brune sympathique, alors ce n'était pas un souci.

Attendant patiemment -ou impatiemment- la nuit tomber sur la principauté, le monégasque traîna sur son téléphone. Qu'avait-il à faire de mieux ? Rien ne l'enchantait plus que d'être entouré des personnes qu'il aimait, et malheureusement, rien ne le passionnait en dehors de la formule un, et des sorties avec son groupe d'amis.

Bloqué dans cette spirale qui le faisait se sentir en total désaccord avec lui-même. Il se détestait, profondément. Le problème était que la cause de cette haine, ne pouvait pas changer. Parce qu'il ne l'avait en aucun cas choisi. C'était d'autant plus terrible pour lui, dont ce problème était la cause principale de la totalité de ses craintes. Il devait simplement vivre avec, accepter. Bien qu'il s'y soit fait à l'idée maintenant, même très bien, mais les tensions étaient toujours présentes.

Charles soufflait.

Finalement, il avait passé son après-midi à fixer son plafond, lassé de sa propre vie qui lui faisait presque peur. Il avait même décliné la proposition de sa mère afin de se voir, feignant un rendez-vous important de dernière minute. Il trouva la foi de se lever lorsque l'heure d'y aller fut arrivée. Il était prêt depuis bien longtemps, déterminé à passer une bonne soirée en compagnie de ses amis.

•••

hey, j'espère que vous avez aimé le premier chapitre ! important pour introduire la suite ;) pour l'instant il y aura un chapitre par semaine, le samedi ! enjoy !

-alcools

𝐖𝐇𝐘 𝐀𝐌 𝐈 𝐋𝐎𝐕𝐈𝐍𝐆 𝐘𝐎𝐔 ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant