chapitre dix-huit

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TW : auto-mutilation, encadré par des "!"□

LE MONÉGASQUE SE LEVA, avec une légère boule au ventre, pour aller ouvrir la porte à sa mère qui elle, était toute souriante. Elle prit son fils dans ses bras en lui demandant si tout allait bien et, comme un automatisme depuis des mois, il lui répondit positivement.

- Je m'attendais pas à ce que tu me demandes de venir, fit alors le brun en s'appuyant sur son sofa.

- On ne se voit plus aussi souvent qu'avant alors je voulais te voir puisque tu pars pour Melbourne après demain.

- Eh bien... me voilà ?

Il n'osait pas la regarder dans les yeux. Comment affronter son regard alors qu'il s'était promis d'être fort après Jules, après son père, après Anthoine ? Sa mère avait eu une vie semée d'embûches, il ne pouvait pas la lui rendre encore plus compliquée qu'elle ne l'était déjà. Le brun mordait ses lèvres en fixant ses claquettes, sous le regard médusé de sa mère.

- Charles dis-moi ce qui ne va pas.

- Tout va bien maman, je te promets. Je suis encore un peu fatigué de mes déplacements à Bahreïn et Djeddah.

- Regarde-moi dans les yeux et redis-moi cette phrase.

Ces simples mots firent apparaître des larmes dans les yeux clairs du monégasque qui, désemparé, ne parvenait pas à regarder sa mère en face. Parce qu'il détestait l'image qu'il renvoyait et était terrifié à la simple idée de la décevoir. Alors que Pascale, elle, ne voulait que le bonheur de son petit brun. Et elle voyait bien que de nombreux problèmes le préoccupaient, et qu'il se sentait submergé.

- Tu veux un café ? Charles se dirigea le dos tourné vers sa machine à café et s'afféra devant celle-ci pour occuper son esprit.

Le pilote entendit les lourds pas de la femme de sa vie se diriger vers lui, et il le savait : il ne pourrait pas se cacher plus longtemps. Pourtant, il s'obstinait à baisser son regard vers le plan de travail. Sa jambe tremblotait, ses mains s'agrippaient au meuble comme si son corps allait le lâcher dans la seconde. Jamais il ne s'était senti aussi faible devant sa propre mère depuis qu'il avait enterré son paternel presque cinq ans plus tôt. La douleur était forte.

Son cœur semblait s'émietter à chaque instant. S'il se concentrait, il pourrait l'entendre se fissurer à chaque respiration.

- Regarde-moi, supplia sa mère dans un murmure presqu'inaudible.

Il capitula et, lentement, releva son regard vers celui de sa génitrice, qui sentit les larmes venir en observant son fils avec un teint plutôt pâle, et les joues noyées par les gouttelettes d'eau ayant dégouliné quelques instants auparavant. Pascale le prit dans ses bras, mais Charles ne pleura plus ensuite. Aucune larme supplémentaire, aucun sanglot lâché. Il était juste épuisé et attendait de se retrouver seul demain pour recommencer. Parce que c'était le seul instant où il se sentait vivant.

- Charles... les secrets ont un prix, ils ne sont pas gratuits. Parle-moi.

- Je peux pas... je peux pas.

- C'est ton père ? Jules ? Anthoine ? Quelqu'un d'autre ?

- Je suis fatigué maman, c'est un tout.

Sa mère resserra son étreinte alors qu'il ne ressentait que de l'apaisement. Même s'il n'osait pas lui avouer ce secret, il avait besoin de cette étreinte protectrice. Ce besoin de savoir qu'elle était présente.

- Je suis fière de toi mon fils, tout le monde l'est. Ne laisse personne te marcher dessus, tu es plus fort que tout le monde et ne laisse personne te faire douter de ce que je te dis maintenant.

𝐖𝐇𝐘 𝐀𝐌 𝐈 𝐋𝐎𝐕𝐈𝐍𝐆 𝐘𝐎𝐔 ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant