chapitre vingt-huit

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LES MAINS MOITES. Ses jambes qui tremblent, ses ongles rongés par l'angoisse d'arriver jusque dans ce petit village de Toscane. Charles roulait depuis une petite heure, ils avaient quitté Maranello le matin-même pour rejoindre Florence, ville dans laquelle ils passeront le reste de la journée après avoir visité la mère de Matteo. Matteo qui était dans un état second depuis son entrée dans cette voiture. Il était reconnaissant envers le brun de ne pas avoir essayé de lui faire la conversation, ou autre, puisqu'il n'en avait pas la moindre force. Charles l'avait d'ailleurs très bien compris. Plus les kilomètres étaient avalés, plus son anxiété grimpait, et rien ne pouvait le calmer. En cet instant précis, il connaissait sa propre décision. Il savait quel choix faire face à sa génitrice.

Le blond donna les quelques indications pour trouver la petite maison de son enfance, reculée dans les terres. Il n'y avait que des champs autour, et en sortant de la voiture sans le monégasque qui, sous la demande de l'italien, était resté dans la voiture, il observa les alentours. La balançoire sur laquelle il s'était amusé lorsqu'il était petit était toujours présente, les roses rouges étaient en fleur comme dans ses souvenirs. La façade toujours aussi vieillotte. Cela lui rappelait tous ces moments partagés avec sa famille avant qu'elle ne soit réduite en poussière. Détruite. Brisée.

En prenant une grande inspiration, il jeta un dernier regard au pilote qui lui fit un pouce en l'air pour l'encourager. Il se retourna et toqua alors à la porte, se demandant comme la conversation allait se dérouler. La porte s'ouvrit sur une femme aux cheveux de jais, plutôt petite et surtout, les traits amaigris et vieillis par le temps et la santé. Matteo eut du mal à la reconnaître. Et son être tout entier bouillonnait déjà en la voyant avec un verre de vin à la main. La femme souriait doucement en s'approchant pour l'enlacer, mais le blond en décida autrement.

- Tu ne me dis plus bonjour il mio piccolo ? Tu as manqué à ta mère tu sais.

- Je t'ai dit bonjour déjà.

- Je suis contente que tu sois venu, après notre conversation au téléphone je pense qu'on en avait besoin. Tu as tellement changé mon fils.

- Normal, ça fait plus de deux ans que je ne suis pas venu.

- Et tes études à Rome, ça avance ?

- J'étudie à Sanremo pour commencer, parce que ce n'est pas loin de Monaco, là où j'habite maintenant.

- Ah mais oui, c'est vrai ! J'avais oublié- oh ! elle s'appuya contre la porte et fit tomber sans le vouloir un peu du liquide sur le sol, faisant reculer le blond d'un pas. Excuse-moi, je n'ai pas fait exprès.

- Des nouvelles de papa ? demanda-t-il de manière hypocrite.

- Il purge sa peine pour nous avoir heurté tous les deux. Heureusement que l'on est plus fort que lui, hein ? elle voulut poser sa main sur son avant-bras mais il se dégagea rapidement.

- Maman j'ai quelque chose à te dire, c'est très important alors écoute-moi jusqu'au bout s'il te plaît.

Sa mère se tut rapidement et se replaça correctement alors que Matteo prit une grande inspiration pour se concentrer et essayer de ne rien dire ou faire de travers.

- Je peux pas rester comme ça à attendre des appels de ta part qui ne viennent jamais. Depuis que papa est en prison je pensais que tu reviendrais vers moi, que tu sois désolé qu'il m'ait mis à la porte alors que j'étais à peine majeur pour rien. Je pensais que t'allais m'offrir un peu d'amour parce que je croyais le mériter mais depuis mon enfance tu ne m'as jamais montré de signes d'affection alors ne commence pas maintenant. Je peux plus vivre ainsi, te courir après en espérant recevoir l'amour de ma propre mère alors que sans toi j'ai construit une vie stable et je suis heureux. Je... je veux qu'on arrête de se voir.

𝐖𝐇𝐘 𝐀𝐌 𝐈 𝐋𝐎𝐕𝐈𝐍𝐆 𝐘𝐎𝐔 ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant