chapitre vingt-quatre

824 60 58
                                    

ÉPUISÉ PAR CE WEEK-END riche en émotions, Charles avait dormi durant la plupart du temps dans l'avion le menant jusqu'en Europe. Il appréhendait énormément son retour dans la principauté parce que jamais, depuis la publication du cliché, il n'avait répondu aux messages de sa mère, ses frères, Giada ou même Matteo. Le brun s'était enfermé dans un véritable mutisme, et s'était plongé dans sa bulle afin de donner le meilleur de lui-même à Melbourne : ce qui avait porté ses fruits.

En atterrissant à l'aéroport, son pouls commença à accélérer sans qu'il ne puisse le contrôler. Pierre l'avait rassuré avant son départ pour rentrer à la maison. Il lui avait dit que si jamais il en avait besoin, sa porte était toujours ouverte à Milan, et il était rassuré de savoir que son ami était présent pour lui.

Charles envoya un message à sa mère, lui indiquant qu'il serait à la maison dans une heure. Aucune réponse avant qu'il ne prenne la route. Sur le chemin, le monégasque était très angoissé. Comment sa famille allait réagir à tout cela ? En un week-end, il s'était passé tellement de choses... entre la photographie, les insultes, la petite révolution des pilotes, et le grand chelem réalisé, tout était allé beaucoup trop vite en si peu de temps. Et toujours aucune réponse de sa mère, qui d'habitude, répondait à la minute, surtout s'il s'agissait d'un message d'un de ses fils.

Ses mains tremblaient sur le volant de sa Ferrari. Plus les kilomètres passaient, plus l'angoisse montait. La sueur perlait même sur son front alors qu'il entrait dans la rue du domicile de sa mère. Il gara sa voiture dans l'allée puis entra dans l'immeuble. Chaque pas supplémentaire le rapprochait de l'échéance qu'il appréhendait tant. Devant la porte, il hésita à faire demi-tour. Le monégasque avait déjà tellement déçu sa propre mère, il ne voulait pas que cela continue. Dans un élan de courage, il toqua. Et il ne fallut que quelques secondes pour que la porte s'ouvre sur sa mère, qui avait le regard empli de colère mais surtout d'inquiétude. Elle le regarda quelques secondes, qui lui parurent une infinité.

- Cinq jours... cinq jours sans nouvelles ! Fit-elle en retournant dans son salon : il la suivit.

- Maman...

- Non Charles. J'ai sacrifié ma vie pour que tu puisses vivre de ta passion et chaque fois je ne demande qu'une unique chose : avoir des nouvelles de toi lorsque tu pars loin. Et toi tu te permets de faire le mort et de ne volontairement pas me répondre.

- Tu peux pas comprendre.

- Oh que si je peux comprendre ! Et ce que tu as fait, je ne cautionne pas. Alors dis-moi les raisons qui t'ont poussé à le faire.

- C'est parce que j'avais honte de moi !

Charles releva doucement la tête face au silence pesant qui régnait à présent dans la pièce. Arthur et Lorenzo étaient eux aussi présents, et encaisser le choc était rude pour le pilote. La petite voix dans sa tête lui disait des dizaines de fois qu'ils avaient pitié de son propre frère, et c'en était trop. Sans un mot supplémentaire, il se dirigea vers le balcon pour prendre un peu l'air, tant il étouffait dans l'appartement. Faire face à sa famille était plus complexe qu'il ne l'aurait songé.

Après quelques longues minutes, des bras vinrent entourer avec tendresse ses épaules. En reconnaissant le doux parfum de sa mère, le jeune monégasque fondit en larmes. Il aurait voulu hurler son mal-être, mais aucun son ne daignait sortir de sa bouche à part les sanglots qui lui cisaillaient la gorge. Les bras réconfortant de sa mère étaient un réel besoin en cet instant précis.

Au bout de quelques temps, il se calma enfin. Pourtant, il avait toujours ce nœud dans l'estomac qui ne l'avait pas quitté depuis qu'il savait qu'il allait devoir converser avec la femme qu'il aimait le plus au monde.

𝐖𝐇𝐘 𝐀𝐌 𝐈 𝐋𝐎𝐕𝐈𝐍𝐆 𝐘𝐎𝐔 ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant