chapitre deux

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DANS LE BAR, il n'y avait pour le moment que Giada d'attablée. Elle avait pris une immense table afin que la dizaine d'amis puisse s'installer dans un confort total. La blonde sourit en voyant Charles arriver le deuxième : elle le connaissait assez pour savoir qu'il préférait être en avance plutôt qu'à l'heure. Mais la jeune femme savait aussi pertinemment que c'était parce que le monégasque n'avait rien fait de sa journée. Ils se firent la bise et le brun s'installa à ses côtés, en attendant que tout le monde arrive. S'en suivit une conversation plus que banale, puisqu'ils s'étaient vus l'avant-veille.

Giada était surprise de la manière dont Charles parvenait à lui mentir droit dans les yeux lorsqu'il lui racontait qu'il allait bien. Ses cernes, son teint pâle, ses yeux en manque d'éclat... tout témoignait en sa défaveur et pourtant, elle devait être la seule à avoir remarqué le mal-être que le brun tentait de camoufler à tous.

- Ils mettent du temps à arriver les autres, fit le pilote en s'impatientant un peu.

- C'est parce que tu as hâte de revoir Charlotte ? taquina-t-elle gentiment alors que ce dernier lui lança un regard noir.

- Arrête, ça se voit qu'elle veut quelque chose avec moi ça me gêne un peu, déjà par rapport à toi mais pas seulement.

- Après elle n'est pas au courant que-

- Non, coupa le brun froidement. et elle ne le sera pas.

Giada ferma les yeux en soupirant. C'était toujours la même réaction qu'elle obtenait de lui lorsque le sujet était abordé entre eux deux.

- Charles...

- Tu ne me feras pas changer d'avis Giada, je ne-

- Hey ! Vous êtes en avance ! fit une voix qui coupa court à la conversation des deux anciens amants.

Intérieurement, le brun soupira de soulagement. Il souhaitait tout, sauf entrer sur cette pente glissante avec Giada, et ils étaient bien partis pour. Heureusement, tout le groupe d'amis des deux adultes était arrivé, alors Charles n'aurait pas à affronter une énième fois cette discussion qui, littéralement, lui fendait le cœur en deux. Le brun, pourtant joyeux à l'idée de passer une agréable soirée, se retrouva à côté de Charlotte, sur sa gauche, et de Matteo, sur sa droite. Giada, en face, le regardait en faisant un sourire qui voulait surtout dire 'courage'. Le monégasque ignora la personne sur sa droite, et souffla en comprenant que durant quelques heures, il allait devoir converser avec une jolie brunette, même si la discussion ressemblera plutôt à un monologue.

La jeune femme ne semblait pas remarquer que le pilote n'en avait rien à faire de cette conversation obsolète, et c'était d'ailleurs ce qui le désolait. Une main vint se poser alors sur son épaule, geste qu'il prit comme une véritable délivrance. Il s'excusa auprès de la brune qui souriait simplement avant de suivre d'autres discussions de leurs amis en commun.

Néanmoins, bien qu'il soit soulagé que cet échange barbant entre elle et lui se soit interrompu, il redoutait de faire face à celui qu'il avait évité depuis le début des retrouvailles. Il n'y avait qu'en public que cela se déroulait ainsi, et le jeune homme nommé Matteo semblait habitué au comportement du brun. Le premier lui sourit alors, sourire auquel le pilote prometteur répondit brièvement. Il était crispé, et cela se repérait à des kilomètres.

- Je me suis dévoué pour te sauver de Charlotte, j'avais pas l'impression que la conversation t'intéressait vraiment.

- C'est sûr que j'ai connu mieux, fit-il doucement pour qu'il n'y ait que lui qui entende. Après, elle est gentille, mais...

- Je sais.

Charles ne releva pas. Ses joues rougies le trahissaient, et le sourire en coin de Matteo le mettait dans tous ses états, il fallait qu'il se calme avant que quelqu'un ne le remarque. Il était totalement paniqué à cette idée, et le brun s'excusa alors auprès de la tablée, et prétexta une envie pressante pour s'éclipser et souffler légèrement. Son cœur battant à tout rompre le faisait se sentir mal, non seulement pour lui, mais aussi pour le blond assis à sa droite. La peur le rongeait fortement, il avait l'impression que chaque échange de paroles avec lui faisait inscrire une nouvelle lettre sur son front, dévoilant la phrase que jamais il n'avait réellement accepté depuis quelques jours, semaines tout au plus. La preuve, ce lourd secret, personne ne le connaissait, sauf deux exceptions. Le pilote couvrit son visage d'eau fraîche afin de se remettre les idées en place. Il ne savait guère combien de temps il pourrait tenir ainsi, mais cela ne pouvait continuer de cette façon.

Cette situation le pesait plus que tout et il n'était pas heureux. Toujours sous tension, perturbé, embarassé, stressé... aucun sentiment, aucune émotion positive mis à part lorsqu'il est à l'abri des regards.

Prenant son courage à deux mains, il retourna s'asseoir comme si de rien n'était à la grande tablée, dont les rires fusaient sans cesse. Le brun était un fantôme. Jamais il ne décrochait un mot, il se faisait oublier et pourtant, rien que de voir des immenses sourires sur les visages de ses amis emplissait son cœur de bonheur, suffisant pour tenir encore quelques temps. Mais c'était bien un Charles superficiel qui était attablé ce soir. Emprisonné, enchaîné par ses craintes les plus profondes. Durant de longues heures, il n'avait prononcé de mots. Pourtant, il se sentait plutôt heureux. Il avait énormément ri en entendant les anecdotes de certains et certaines, et cela lui suffisait.

Charles était du genre à redouter les fins de soirée. Il regardait toujours l'heure sur son téléphone pour ensuite se faire la remarque que malheureusement, ce bon moment allait se terminer. Cela lui gâchait les soirées quelques fois, mais c'était un petit défaut que l'on ne pouvait pas juger. Parce que le monégasque redoutait ces fins de soirée dans la crainte de retourner à sa vie morose et empli d'incertitudes. Quand les douloureux mots "on y va", "bon nous on va y aller", ou encore "nous aussi, on bosse tôt" sonnèrent, le brun sentit un creux se créer en lui. Tout le monde était parti à présent, et il ne restait que lui, Giada, et Matteo.

- Charles, est-ce que tu pourrais me ramener s'il te plaît ? Je suis venu à pied, demanda Matteo alors que Giada fit un pouce en l'air derrière.

- Oh euh... oui oui, pas de soucis ! On y va alors.

Le pilote salua son amie qui partit elle aussi, et les deux hommes quittèrent le lieu dans lequel ils se trouvaient depuis quelques heures pour rejoindre la voiture de Charles à quelques dizaines de mètres. Sur le trajet pour l'appartement de Matteo, ils étaient plutôt silencieux. Le premier était gêné, le second perturbé par le comportement du brun. Heureusement, ils arrivèrent bien rapidement.

- On se voit bientôt ? demanda Matteo avec plein d'espoir.

- Il faut que je vois quand est-ce que je suis libre, Charles resta évasif.

Le pilote paniqua en voyant son ami se rapprocher de lui ; pour se sauver de cette situation, il lui fit la bise afin de lui dire bonne nuit, avant de lui lâcher un sourire qui sonnait faux. Contrarié, Matteo ne lui renvoya pas ces mots et claqua la portière de la voiture, frustré par le comportement du pilote, même s'il savait que ce n'était pas facile pour lui. Charles laissa sa tête s'appuyer sur le volant, en soupirant longuement. Il se répétait sans cesse à quel point il était un idiot. Et personne ne pouvait le contredire en cet instant précis.

•••

hello hello, comme c'est mon anniversaire je vous fais cette petit surprise !!! ça ne sera pas toujours le cas par contre... vous avez pensé quoi du chapitre ? <3

-alcools

𝐖𝐇𝐘 𝐀𝐌 𝐈 𝐋𝐎𝐕𝐈𝐍𝐆 𝐘𝐎𝐔 ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant