chapitre trente-deux

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LA JAMBE DE CHARLES tremblait inlassablement alors qu'il patientait dans la salle d'attente du cabinet de psychologie. Après ce repas avec ses frères, le monégasque avait dû s'absenter pour sa séance, la troisième déjà. Le brun de sentait de plus en plus à l'aise en allant lui parler, mais ce n'était pas encore ça. Au moins, il mettait des mots sur ce qu'il ressentait et le pilote remerciait son psychologue pour ça. Même s'il ne faisait que son métier.

Charles n'avait pas énormément parlé lors du repas avec ses frères, il s'en voulait atrocement. Mais cette altercation en pleine rue avait détruit son moral qui était déjà bien bas. Lorenzo et Arthur avaient compris que leur frère n'était pas dans son assiette depuis quelques mois et n'en tenaient pas rigueur. Ils se contentaient de le soutenir envers et contre tous, mais ce n'était pas facile tous les jours pour eux non plus. La porte s'ouvrit brutalement sur le psychologue, chassant les nombreuses pensées du brun qui se leva, essuyant ses mains moites sur son pantalon avant d'entrer dans la salle. Au début, le monégasque n'avait pas été à l'aise puisque le psy ne dépassait pas la trentaine d'années et devait certainement le connaître. Mais en voyant son professionnalisme, il avait essayé de faire abstraction à ses pensées. Il s'installa sur la chaise en face, et attendit patiemment que l'homme lui pose une question pour qu'il se livre enfin.

- Bien, Charles, comment vous sentez-vous aujourd'hui ?

- Mal.

- De quoi voulez-vous me parler ?

- Je... il tritura machinalement ses doigts sans oser regarder son psychologue dans les yeux. On m'a insulté dans la rue tout à l'heure, à cause de ce que vous savez.

- Je ne vois pas de quoi vous parlez, Charles. Peut-être pourriez-vous développer.

- J'ai été insulté de 'pédale' en pleine rue tout à l'heure.

Le psychologue arbora un léger sourire, satisfait d'avoir fait parler son patient, que le brun ne remarqua même pas.

- C'est la première fois que ça arrive ?

- Oui, et le pire c'est que je sais pertinemment que ça ne sera pas la dernière.

- Le plus important dans ce genre de situation est de ne pas relever. Le meilleur mépris est l'indifférence. Si ces inconnus voient que vous n'en avez rien à faire, ils arrêteront. Sur le coup ça peut être néanmoins violent.

- Mon petit frère m'a reproché de ne rien lui dire par rapport à tout ce que je vous ai raconté aussi, j'ai l'impression qu'il en souffre.

- Ça peut être le cas. Votre frère ressent sûrement le besoin d'être présent pour vous, comme vous avez pu l'être pour lui par le passé. Vous soutenir, c'est aussi vous remercier pour tout ce que vous avez pu faire. Mais ne vous obligez pas à tout lui raconter si vous n'en avez pas envie. Dites-lui simplement que ce n'est pas parce que vous êtes silencieux que vous n'appréciez pas ce qu'il entreprend.

- Hmm hmm... mais... il arrêta subitement de parler.

- Vous voulez me dire autre chose ?

- Oui... vous m'avez dit d'être indifférent, mais j'ai l'impression de ne pas être en mesure de l'être si je ne me connais pas moi-même. Et je ne sais pas comment faire pour avancer là-dessus.

- Vous pouvez développer ?

- Je ne sais pas... j'ai l'impression qu'il me manque une part d'identité, vous comprenez ? En ne sachant pas qui j'aime, comment je me représente, j'ai l'impression de ne pas être moi. Est-ce que j'aime seulement les hommes ? Les deux ? N'importe qui ? Je suis perdu depuis des mois et je me suis toujours sauvée de cette situation en disant que je ne voulais pas me coller d'étiquettes mais finalement je ressens ce besoin. De me connaître.

𝐖𝐇𝐘 𝐀𝐌 𝐈 𝐋𝐎𝐕𝐈𝐍𝐆 𝐘𝐎𝐔 ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant