Road Trip [Terminée]

Chapitre 24 - La fascination

Média : I Walk on Water – Kaleo

Dimanche 9 juillet 2017

Je n'ai pas très bien dormi, oscillant les phases des sommeil et d'insomnies dues à l'énervement de savoir Lila dans les draps du surfeur et l'excitation de passer la journée entière avec elle. Ma carte Joker, mon dernier atout pour lui montrer que je ne suis pas le connard qu'elle imagine.

Je ne sais pas pourquoi j'ai autant à cœur de remonter dans son estime. Habituellement, lorsque je me prends un râteau, ce qui est relativement rare, je m'en cogne et je passe à la suivante. Mais avec elle, je n'arrive pas à lâcher l'affaire. Je ne dirais pas qu'elle m'obsède car je ne ressens pas ce désir malsain de la posséder à tout prix. En fait, elle me fascine, il se dégage d'elle une sorte d'aura mystique, un peu comme son frère d'ailleurs. Mais en ce qui la concerne, il y a en plus ce charme et cette beauté naturelle qui m'attirent irrémédiablement.

Si je veux vraiment être honnête avec moi-même, je rêve de partager son lit mais pas que, j'ai également envie de la connaître, qu'elle me parle d'elle et me dévoile ses petits secrets comme Anka a fini par le faire avec moi. Qu'elle me fasse confiance et qu'on devienne amis tout autant que je souhaite être son amant. C'est nouveau pour moi et le projet est ambitieux en une journée mais je n'ai pas peur du challenge et cette fois, je vais faire mon maximum pour ne rien faire foirer. Je vais tâcher d'être exemplaire pour lui plaire.

Après avoir enfilé mon short de bain et un t-shirt, je prépare mon sac en suivant précautionneusement les recommandations de Steve car je ne voudrais pas exaspérer Lila dès le démarrage par négligence. Je descends ensuite prendre mon petit déjeuner mais Anka est bien occupé avec les départs du jour alors je me pose dans un coin du bar et mange tranquillement mes beignets en parcourant les réseaux sociaux. Il va falloir que je poste quelques photos, car même si Ritchie alimente le profil du groupe, je ne compte pas le nombre de notifications de groupies qui se languissent de mes conneries. C'est là que je me rends compte que les potes et ma batterie me manquent quand même. Ce sont d'ailleurs les seules choses qui me motivent à rentrer demain sinon je me sens plutôt bien ici, déconnecté de ma réalité.

Je monte sur le skate, mon sac sur le dos et je prends la direction du port en prenant bien soin d'éviter le front de mer. Je n'ai pas envie de passer devant la boutique de Steve au risque de me casser le nez sur lui. Je ne suis pas d'humeur à croiser son regard narquois parce que je ne suis pas accompagné de Lila ce matin. Je suis déjà assez énervé qu'elle se soit réfugiée chez lui hier. Deux soirs de suite qu'elle dort avec lui alors qu'ils ne sont même pas ensemble, il y a de quoi enrager. Mais je n'ai pas encore dit mon dernier mot.

Le port n'est pas très grand, je dirais qu'il est à la taille de cette station balnéaire familiale et je repère facilement la belle colombienne en train de ranger les bouteilles et le matériel de plongée sur un joli hors-bord blanc rutilant. Je ne l'imaginais pas piloter ce genre d'engin, je pense que je ne suis pas au bout de mes surprises avec cette intrigante beauté.

Je descends de ma planche à roulettes et progresse sur le ponton dans sa direction. Elle ne m'a pas vu ou elle fait semblant de ne pas me remarquer. Par contre, moi je prends le temps de l'admirer et elle est splendide. Elle est uniquement vêtue d'un haut de bikini rouge et d'un mini short noir qui mettent en valeur son corps de déesse. Quant à ses seins, quelle vision de rêve, je sens que ça va être très compliqué pour moi de ne pas loucher sur son décolleté pigeonnant avec cette magnifique et généreuse poitrine qui ne demande qu'à être libérée de leurs petits triangles de tissu carmin. Je suis complètement sous le charme de sa plastique parfaite. Je souffle un coup et me focalise sur son joli visage de poupée.

— Bonjour Lila, la salué-je simplement pour prendre la température de son état d'esprit ce matin.

— Oh salut ! sursaute-t-elle. Je vais avoir fini. Encore cinq minutes et tu pourras monter, m'explique-t-elle calmement.

Bon ça va je suis rassuré, elle est tellement concentrée sur sa tâche qu'elle n'a pas fait attention à mon arrivée et elle paraît de bien meilleure humeur qu'hier soir. Je ne préfère pas imaginer ce que le surfeur lui a fait pour la détendre sinon cela va de nouveau me foutre en rogne. Mais maintenant, je suis là avec elle et je compte bien savourer ma journée.

Je l'observe procéder à son check-up méticuleux pour s'assurer de ne rien oublier avant qu'on prenne le large. Elle est fascinante dans son organisation très professionnelle. Une facette d'elle que je découvre puisqu'au final à part son physique attirant et les quelques informations personnelles qu'Anka a bien voulu me dévoiler sur leur passé, j'ai tout à apprendre de cette magnifique entêtée.

— C'est bon tu peux venir, m'invite-t-elle en maintenant le bateau près du ponton.

Je fais une grande enjambée et me retrouve à ses côtés. Je marque un temps d'hésitation avec une furieuse envie de la serrer dans mes bras et de l'embrasser, même sur la joue qu'importe. Je ressens juste ce besoin au fond de moi de la câliner afin de faire table rase de notre querelle de la veille et de repartir sur une bonne base. Je rive mes yeux aux siens, attendant un geste de sa part pour m'accorder cette promiscuité que je désire. Mais elle me toise avec un petit sourire espiègle comme si elle pouvait lire dans mes pensées, à moins que mon regard implorant m'ait trahi. Puis elle se détourne pour enlever les amarres, rompant le charme de cet instant de tendresse inassouvie. Ce n'est pas grave, je dois faire preuve de patience avec elle comme j'ai su le faire avec son frère. Je vais déposer mon sac et le skate dans la cabine et prends place près du gouvernail. Elle allume le moteur et entame sa manœuvre pour s'éloigner du quai.

Une fois sortis du port, elle pousse une bonne accélération et le hors-bord prend rapidement de la vitesse. Qu'est-ce qu'elle est sexy en capitaine de bateau, avec ses cheveux qui se dressent derrière elle, ondulant au vent comme un fier étendard noir de pirate. Elle me fait signe de m'approcher pour pouvoir me parler. Je colle mon épaule contre la sienne, le voilà mon point de contact, délicat, subtil mais elle est là contre moi et je peux sentir les effluves de son parfum sucré me chatouiller le nez.

— Tu as souhaité une excursion pour la journée alors je vais t'amener aux îles Coronado que tu aperçois là-bas, m'explique-t-elle en pointant son doigt en direction des amas rocheux qui se dessinent au large. L'océan est calme aujourd'hui, si tu as de la chance, il est possible qu'on voit des dauphins.

Après un peu moins d'une heure de traversée à admirer ma belle capitaine autant que le paysage et l'horizon qui nous entourent, elle ralentit le moteur à l'approche d'une des îles et entame un tour de la côte. Elle m'explique que le lieu est resté à l'état sauvage car les humains ne sont pas autorisés à débarquer. Elle me montre la faune qui colonise le rivage, des pélicans, des goélands, des gros lézards et même quelques otaries. Elle est passionnée et passionnante à s'émerveiller devant chaque animal qu'elle me fait découvrir. Je me délecte de ses paroles, de son entrain à me partager la beauté naturelle de ce lieu. Même si cela m'aura valu sa foudre hier soir, je ne regrette absolument pas à cet instant d'avoir forcé les choses et de passer ce moment avec elle. Et la journée ne fait que commencer.