Road Trip [Terminée]

Chapitre 51 - Le docteur

Média : Mother Nature Mind - Solarius

Vendredi 21 juillet 2017

La porte s'ouvre avec énergie pour laisser apparaître l'ombre de Lila en contre-jour du soleil. Cette silhouette longue et gracile que je prends plaisir à retrouver.

Je retiens de justesse Poco, c'est le nom du chien d'après les informations de Tupak, en le bloquant entre mes jambes avant qu'il bondisse en jappant.

— Salut mon beau gosse ! A ce que je vois tu m'as vite remplacée, minaude-t-elle en s'approchant de moi. Tiens, voilà ta purge, se marre-t'elle en me donnant l'outre.

Je saisis la poche remplie de tisane et l'accueille en lui tendant les lèvres pour qu'elle m'embrasse mais elle se baisse au dernier moment pour caresser le cabot. C'est qu'il me volerait la vedette ce roquet.

— Alors, je ne t'ai pas trop manqué ? continue-t-elle de me charmer en se relevant pour me déposer enfin un chaste baiser sur la bouche.

Je me racle la gorge et lui montre le lit avec le menton où gît son oncle qui s'est assoupi après le petit déjeuner.

— Je n'ai pas vraiment eu le temps comme tu peux le constater, chuchoté-je.

— Qu'est-ce qu'il fout là ? s'étonne-t-elle. Mais pourquoi il a une bande autour de la tête ? Vous êtes battus, s'affole-t-elle en s'approchant doucement de lui.

— Tupak a fait une crise d'épilepsie hier soir. Il a eu de la chance que je tombe sur lui car il s'est ouvert le crâne en tombant. Avec mes notions de médecine, j'ai pu le recoudre mais si cela lui arrive quand il est tout seul dans la jungle, il pourrait y rester, lui expliqué-je calmement tel un véritable docteur. 

Je lui épargne les détails sur les menaces préliminaires à la crise avec la machette pour ne pas créer plus de problèmes qu'il en a déjà causés. Toutefois, je trouve nécessaire de la mettre en garde.

— Lila, je n'ai rien contre vos croyances qui ont visiblement fait leurs preuves jusqu'à présent. Mais ton oncle a besoin d'un traitement. Sa crise a été particulièrement violente, je l'ai chronométrée et il devrait consulter un médecin rapidement. Crois-moi, si son état continue d'empirer, il pourrait avoir des lourdes séquelles neurologiques.

— De quoi je me mêle encore le Yankee, gronde Tupak qui vient de se réveiller. C'est à moi de prendre ce genre de décision, balance-t-il en me jetant un regard mauvais.

Décidément quel emmerdeur celui-là. Je lui ai pourtant donné mon diagnostic hier soir après l'avoir suturé et pansé. Je lui ai exposé les risques qu'il prenait sans un traitement adapté mais cette tête de mule ne veut rien savoir. Peut-être que Lila arrivera à le convaincre.

Tupak se tourne vers sa nièce et l'air radouci, il lui fait signe de s'approcher.

— Killasisa, commence-t-il dans un murmure, je suis désolé. Tu ressembles tellement à ta mère que j'ai toujours voulu te protéger. Mais je me rends compte qu'à cause de ma maladie j'ai gâché la vie de ma sœur. Je reconnais que j'ai agi par égoïsme, pour la garder prêt de moi car elle est la seule en qui j'ai toujours eu confiance. Ta mère c'est la bonté de tous les esprits réunifiée en une seule personne et pourtant c'est celle que j'ai le plus fait souffrir. Mais je ne veux pas faire les mêmes erreurs avec toi. Ce Yankee est un enquiquineur mais il a un bon fond. Il a pris soin de moi. Alors je retire ce que j'ai dit sur lui. Tu me pardonnes ?