Road Trip [Terminée]

Chapitre 41 - La frustration

Média : Black Rainbow - The Black Heart Death Cult

Lundi 17 juillet 2017

Après être passée chez sa mère pour récupérer un sac avec des affaires, Lila m'amène jusqu'au bord de la rivière à l'endroit où elle est la plus large. L'endroit est vraiment magnifique. Je ne cesse pas de m'extasier devant la beauté de cet environnement si luxuriant. La végétation abondante longe de part et d'autres cette étendue d'eau à la couleur verdâtre. Même si la surface est calme, il ne faut pas se fier à l'apparence trompeuse de ce fleuve. Il y a un sacré débit vue la vitesse à laquelle défile une souche de bois flottant en passant à côté de moi. Toutefois, cet endroit m'apaise et me permet de faire abstraction des récents déboires avec Tupak.

De toute façon, après les révélations de Lila, je suis comme sur un petit nuage. Jamais personne ne m'avait fait une pareille déclaration. Je ressens à présent des sensations nouvelles. Mon cœur vibre pour la première fois et c'est bon de se sentir aimé. Cela m'encourage encore plus dans ce parcours initiatique complètement déstabilisant pour devenir une version meilleure de moi-même. Je veux sortir de la grisaille de mon âme et me laisser transpercer par les nuances de l'arc en ciel, les couleurs de la vie.

Nous longeons la rive pendant quelques centaines de mètres avant d'arriver à une cabane avec un petit ponton caché dans les buissons. Une barque bâchée pleine de poussière est amarrée et gît sur la rive juste à côté.

Lila pénètre dans la maisonnette et ouvre les fenêtres et les volets pour faire rentrer les rayons du soleil. Contrairement à l'endroit que j'ai fréquenté la nuit dernière, l'intérieur est sobre et bien rangé mais surtout, ça ne sent pas le poisson. C'est plutôt étrange pour une cabane de pêcheur.

Un grand lit recouvert d'une couverture multicolore et de multiples coussins tout aussi chamarrés est collé contre le mur. Au moins on sera mieux installés que dans la petite couchette que j'ai partagé avec l'étudiante. A vrai dire, j'avais le choix entre dormir avec elle ou un mec. Connaissant leurs mœurs assez libérées, je n'ai pas voulu prendre de risque en choisissant de partager le matelas avec Yoria, d'où la promiscuité pas vraiment recherchée et les conséquences qui ont suivies au réveil.

— C'était la cabane de mon père, m'informe Lila avec un sourire mélancolique. Ma mère n'y vient jamais alors c'est Anka et moi qui en avons hérité. Mon frère loge ici lorsqu'il lui arrive de rentrer au pays. Il ne supporte pas de dormir dans la hutte de maman. Moi, je n'étais pas revenue ici depuis que je suis partie de Colombie.

Je serre Lila contre moi pour la réconforter car j'imagine à quel point cela doit être difficile de raviver les souvenirs de son père qu'elle aimait tant.

Au bout de quelques minutes à se laisser cajoler, elle lève la tête et dépose un chaste baiser sur ma bouche avant de déclarer enjouée :

— Allez prends tes vêtements sales, on va faire la lessive avant de commencer la préparation pour la cérémonie du temazcal.