Smells like Honeysuckle [L.S]

Chapitre dix

Louis

Alors voilà. Il en était là, accroché aux hanches d'Harry, le vent en pleine face et la nuit tombant en guise de décor. Après tout, peut-être que Louis s'était trompé. Peut-être qu'Harry n'était pas un froussard car il avait enfin agi. Certes, à sa manière, mais il avait fait avancer les choses. C'était un soulagement pour Louis qui commençait à penser qu'Harry s'était détourné de lui. Il avait pu se montrer distant lui aussi, c'est vrai, mais ses actions ne reflétaient en rien ce qu'il avait au fond de lui, il avait dû en être de même pour Harry. Au lieu de prendre conscience du courage qu'il avait fallu à Harry pour répondre à ses provocations et lui montrer distinctement que le jeu n'était pas fini, il avait préféré croire qu'il ne jouait plus, mais il s'était trompé.

Louis avait d'abord hésité avant d'agripper Harry de cette façon, mais la vitesse à laquelle il poussait son engin l'avait forcé à se cramponner à lui. Il ferma alors les yeux, l'air nocturne lui frappait le visage mais s'en était devenu presque agréable. La situation était lunaire, hors du temps, et Louis ne voulait pas qu'elle s'arrête. Ils n'avaient que quinze minutes de trajet et il voulait profiter de chaque seconde, accroché à Harry. Ils ne s'étaient échangé aucun mot depuis qu'ils avaient enjambé la moto noir fumé, mais Louis n'en ressentait pas le besoin. Si l'un d'eux se mettaient à parler, l'honnêteté du moment s'évaporerait, ils avaient juste besoin de ressentir la candeur au fond du cœur de l'autre, et elle était là, brûlant en silence.

Harry avait initié le premier contact physique en l'emportant dans l'eau, faisant retentir son cœur dans tout son buste. C'était maintenant à Louis de lui montrer discrètement qu'il consentissait au début de cette nouvelle partie. Il ne voulait pas bouger ses mains, elles étaient là, posées sur la chemise d'Harry, à travers laquelle il pouvait, même sans exercer aucune pression, sentir le relief de son bassin. Il ne voulait pas risquer de faire un geste brusque ou de le déconcentrer, il ne portait pas de casque. Il arrivait quand même de temps en temps à porter son regard sur un des rétroviseurs de la moto, attrapant au passage un reflet du visage d'Harry, le sien posé au creux de son cou. Harry avait le regard fixé sur les plaines entourant la route. C'était la longue route bordée de champs.

Les yeux fermés, le souffle court et le cœur battant la chamade, Louis se repassait en boucle les paroles d'une chanson écoutée plus tôt dans la journée. Elles prenaient étrangement sens.

I'm forever locking myself
In the glass of your rearview
Trying to make friends
With the friends you're close to
If you ever leave, I'm coming with you

Harry slalomait entre les voitures, forçant parfois Louis à se pencher, suivant la continuité de ses mouvements. Ils ne faisaient qu'un sur cette moto. Il pouvait apercevoir le sourire malicieux d'Harry à travers le rétroviseur quand il accélérait délibérément, et il aimait ça, c'était la vision qu'il voulait garder de cette échappée hors du temps. Quoique, le souvenir qui resterait ancré dans son esprit serait sûrement le parfum provenant du cou d'Harry. Il s'était baigné plusieurs fois et pourtant, cette odeur était toujours là, comme accrochée à Harry, comme une part de lui. C'était léger et floral, mais Louis n'arrivait pas à mettre de mot dessus. Ça serait donc pour lui, l'odeur d'Harry.