Smells like Honeysuckle [L.S]

Chapitre quatorze

Louis

Ezra avait réussi à emprunter le vieux van Volkswagen de son père, après avoir longuement bataillé. C'était une de ces vieilles carcasses souvent utilisées dans les films de hippies, où les voyageurs passent leur temps à fumer de l'herbe, chanter à tue-tête et improviser avec leurs guitares mal accordées. En bref, plus ou moins le plan du week-end des garçons.

Louis avait vu le grand véhicule arriver en bas de chez lui à 9h00 pile, avec déjà à son bord les cinq autres garçons. Seul lui et Harry manquaient encore à l'appel. Ayant été les derniers à monter dans l'engin, ils se coltinaient tous les deux les dernières places, au fond, et peu confortables. Leurs sièges étaient encerclés par la tiraille de camping emmenée par Thomas, qui consistait en deux tentes, une destinée aux couchages, et la deuxième, beaucoup plus petite, qui ferait office de stockage pour les bagages et autres provisions.

Harry et Louis peinèrent à se hisser sur leur banquette, manquant au passage d'assommer Martin et Zack d'un coup de coude involontaire. Une fois tout le monde installé, les six garçons reprirent la route, un album des Red Hot Chili Peppers assourdissant l'air matinal de la campagne. Mais après tout, à part les vaches des prés adjacents, qui pourrait bien en avoir quelque chose à faire.

Le groupe entier s'était lancé dans une session karaoké, laissant prendre place un véritable concert dans le van ; Harry et Ezra à la voix, Thomas aux choeurs, Martin à la basse, Zack et Niall à la batterie, et Louis à la guitare, principalement mimant les solo de John Frusciante. Ce spectacle durait depuis près d'une heure, et aucun d'eux ne semblait s'épuiser. Alors qu'Ezra, au volant, buta sur un dos d'âne assez conséquent, la musique se coupa, laissant planer un vide embarrassant dans l'habitacle. Thomas, assis à l'avant aux côtés d'Ezra, essaya tant bien que mal de faire fonctionner l'autoradio, en vain. Il avait lancé une flopée de coups de poing dans l'appareil, avec l'espoir que ça réparerait un quelconque faux contact, et avait fini, comme les autres garçons, à grommeler des insultes inaudibles.

« Faut dire que le van n'est pas tout récent, c'est déjà un miracle qu'on ait eu de la musique pendant si longtemps ! » lança Ezra, essayant de détendre l'atmosphère.

Thomas avait bien embarqué une enceinte dans son sac, mais ni Harry ni Louis n'avait réussi à l'atteindre tant il était enseveli sous le reste des affaires.

Il restait encore environ trois heures de route au petit groupe avant d'enfin atteindre leur destination. Maintenant qu'ils n'avaient plus de musique, et que la seule distraction possible s'avérait être les vaches et les moutons autours, la moitié d'entre eux s'était endormis, laissant Louis, Ezra et Harry seuls. Ezra se concentrait sur la route qui devenait de plus en plus sinueuse au fur et à mesure qu'ils atteignaient la montagne, Harry et Louis alternant chacun leur attention entre leur écran de téléphone et les champs alentour.

Alors que Louis était happé par l'intensité des nuances du champ de tournesol par lequel ils passaient, Harry, essayant de trouver une position confortable, fit entrechoquer son genou avec celui de Louis. Cette action figea Harry, le genou toujours appuyé contre celui de son voisin. Peut-être se disait-il que s'il ne bougeait pas et gardait un air naturel, Louis ne remarquerait même pas ce contact involontaire. Pourtant, le souffle de Louis se coupa, le visage figé contre la vitre du van. Ne sentant plus la jambe d'Harry bouger, Louis décida de vérifier par lui-même si ce touché avait bien été involontaire. Il exerça une légère pression sur la jambe d'Harry avec la sienne, exactement à l'endroit ou leur articulation se rencontraient. Si Harry se décalait d'un mouvement brusque, cela voudrait dire qu'il n'avait pas instigué ce contact, mais s'il restait là, sa peau brûlante contre celle de Louis, sans rien dire, cela voudrait tout dire. Cela confirmerait le geste et la volonté d'Harry.