Harry
La semaine avait passé à une vitesse folle. Harry s'était totalement consacré à son travail, lui permettant de s'échapper de la réalité et de ne pas penser à tout ce qui lui tiraillait le ventre. Il s'était enfermé dans une bulle, se livrant à un travail acharné pour oublier ce week-end de camping, mais surtout pour oublier les lèvres de Louis.
Quand parfois, on se sent trop seul, ou bien trop fragile par rapport à ce que l'on traverse, qu'on voudrait juste dire pouce, attendez on recommence, j'étais pas prêt, et que tout est en train de s'activer sans nous, sans qu'on ait dit oui. Voilà exactement ce que ressentait Harry ces derniers jours. Néanmoins, il connaissait ce sentiment ; la première fois qu'il l'avait ressenti, c'était l'année de ces dix-huit ans.
Et aujourd'hui, de nouveau il le ressentait. Tout était en train de lui échapper, de lui glisser entre les doigts. Il n'avait plus aucun point de repère, aucune prise sur rien. La chute était infernale, la chute était irrémédiable, et il savait qu'elle serait fatale. Il allait s'écraser au sol comme une vulgaire crêpe. Pourtant, il y avait la main de Louis, penchée dans le vide, juste au-dessus de sa tête. Sa main dont les longs doigts sveltes pourraient s'accrocher à ceux d'Harry et l'empêcher de tomber et de se fracasser le crâne. Mais Harry refusait de l'attraper. Il refusait par absence totale de confiance, par angoisse d'accorder sa confiance et de se faire berner, encore une fois.
Il avait peur de se laisser aller, de faire tomber toutes ces barrières. Il avait peur de laisser Louis percer cette carapace qu'il s'était forgée il y a des années, de le laisser devenir plus intime avec lui. Parce qu'il savait indéniablement que Louis finirait par l'abandonner. Parce que tout le monde l'abandonne toujours, ils retournent tous leurs vestes. Mais ils peuvent bien tous se tirer, construire de nouvelles existences, vivre leurs petites vies paisibles à l'autre bout de la planète ; Harry, lui, continuerait de batailler avec ses propres démons, seul dans son coin, en constant affrontement avec ses propres sentiments. Et personne n'en aurait jamais rien à faire.
Il avait passé la journée à travailler avec entêtement, son patron ne lui avait pas laissé une seconde de répit et il avait terriblement hâte qu'il s'en aille. En début de semaine, Stan l'avait prévenu qu'il ne pourrait pas être là vendredi soir, confiant donc toutes les responsabilités à Harry qui se chargerait de faire correctement tourner le commerce.
Et c'est ce soir-là qu'avaient choisi Niall, Ezra et Zack pour débarquer dans la petite brasserie de campagne. Ils s'étaient ramenés, comme s'ils savaient à l'avance qu'Harry serait libre de pouvoir traîner un peu avec eux malgré le travail. Ils avaient très bien choisi leur soir, pour le coup.
Ils étaient donc tous les trois assis au bar derrière lequel Harry était posté, prenant les commandes des différents clients qui daignaient passer leurs vendredi soirs le cul assis sur les tabourets vieillis derrière le comptoir. La lumière tamisée donnait à l'endroit une ambiance cosy et chaleureuse, une chanson de The Academics en fond accentuait le tout.
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Smells like Honeysuckle [L.S]
FanfictionFraîchement débarqué dans un petit village du Vermont, Harry se retrouve dans la maison voisine de celle de Louis, la fenêtre de l'un donne sur celle de l'autre. Observer la vie d'Harry à travers sa fenêtre, comme s'il regardait un film devient alo...