3. La troisième nuit

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June inspira fortement l'odeur de sapin et de terre mouillée.

Les yeux fermés, un sourire naissait lentement sur ses lèvres. Un sentiment de joie se répandit dans tout son corps. Ses pieds se recroquevillèrent dans la terre humide de ce monde onirique.

Elle était en train de rêver.

Un léger grognement la fit sursauter et ouvrir brusquement les yeux. Devant elle, se trouvait un immense loup au pelage noirci d'encre et de reflets lunaires. Il dégageait une aura dominatrice. Les yeux plongés dans ceux de la bête, complètement hypnotisée, June s'immobilisa. Le loup s'approcha lentement. Lorsqu'il arriva enfin devant June, il avança le museau vers elle.

Instinctivement, elle posa lentement sa main sur son pelage. Aussitôt, à ce simple contact, le corps de June s'éveilla et le loup ronronna. Elle passa doucement ses doigts dans le pelage chaud et terriblement doux du loup.

Soudain, le loup s'abaissa devant elle, et releva les yeux. Elle s'avança et monta sur le dos du puissant loup. Il se releva et s'élança à vive allure. Surprise, June se hâta de placer ses bras autour de son large cou et se laissa transporter.

Sous son corps nu, elle pouvait sentir la puissance de l'animal dont les muscles se mouvaient avec force pour battre la terre humide et dont le ventre se soulevait au rythme de ses puissantes respirations. June cacha son visage contre le pelage de la bête puissante et se laissa bercer par cette communion si irréelle.

C'était un sentiment si étrange. June avait l'impression de ne faire plus qu'un, avec l'animal mais aussi avec la forêt. Les arbres, fiers et forts, semblaient s'écartaient. Le vent, farouche et libre, semblaient les entouraient. La nuit, sombre et menaçante, semblait éclairer leur chemin. Et la terre, inaccessible et mystérieuse, semblait porter les pas de la bête.

Ainsi abandonnée tout contre lui, elle ferma peu à peu les yeux.

Un bruit de l'extérieur, sortit brusquement June de son rêve. Un peu déboussolée, elle releva lentement sa tête de ses bras. Elle observa le monde qui l'entourait, d'un il hagard.

Son regard croisa celui de la Lune.

Un étrange frisson couvrit sa peau. Hypnotisée par la beauté infinie de cet astre, June ne pouvait s'empêcher de la contempler. Elle éveillait en elle quelque chose de profond. Quand elle regardait la Lune, elle se sentait différente. Elle ne ressentait plus la solitude infernale. Elle ne ressentait plus le vide dans son cur. Elle ne ressentait plus la douleur de l'abandon.

Non, elle ne ressentait plus rien de tout cela.

Seulement un profond apaisement, qui comme une mélodie venu d'un autre temps, chatouillait ses oreilles de murmures et réchauffait son coeur.

Une mélodie d'espoir.

June observait une dernière fois son immeuble. Cet immeuble décrépit dont la peinture devait être rayonnante il y a longtemps, n'était aujourd'hui qu'un filet de cendre. Elle observa une dernière fois sa fenêtre, l'unique d'ailleurs, qui donnait sur la rue.

Ses yeux quittèrent précipitamment l'immeuble des yeux, attirait par un rire. Une jeune femme à peu près de son âge riait à gorge d'éployée, sûrement dû à un propos de son jeune compagnon, enlacé contre elle. Elle les observa quelques secondes, elle se sentit jalouse de la jeune femme dont les yeux pétillaient de bonheur.

June détourna les yeux, de cette vision douloureuse, et observa les gens qui virevoltaient autour d'elle, sans jamais la voir. Comme si elle n'existaient pas.

Au fond, n'était-ce pas une vérité ?

Elle n'existait pour personne.

Ce bref constat, la rendit morose et plus réceptive à sa solitude. Elle sentait la vie battre tout autour, mais pas à l'intérieur d'elle. Un rideau transparent l'empêchait de toucher du bout des doigts la vie qui semblait habiter les gens. Jetant un dernier regard vers ce qui fut son chez elle pendant un court temps, elle s'en alla. Ne laissant aucune trace de son passage, comme un coup de vent.

A la nuit tombée...  ~ Nouvelle Lune ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant