CHAPITRE 1

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Je me balade un long moment dans les couloirs de Flash express, l'entreprise de livraisons pour laquelle je bosse, en saluant des connaissances. Je suis face à la baie vitrée au bout du couloir avec la vue sur le One World Trade Center quand une voix me sort de mon euphorie.

- Cheyenne...

- Oh! Salut Kim ! T'es là depuis longtemps ?

- Non non. J'espère que t'as déjeuné : aujourd'hui tu vas tracé New-York, dit il narquois un sourire en coin collé au visage

Kim Yoon est coréen. C'est un brun aux cheveux carbones décoiffés, aux yeux bleu acier et très solaire avec qui je suis pote depuis le lycée , pas plus âgé que moi: 21 ans au moins. Sa bonne humeur est contagieuse.

Je souris en m'adossant à la fenêtre et en croisant les bras sur ma poitrine.

- Tu sais que je suis pas très p'tit dej alors me casse pas les pieds avec ça !

- OK chef!

Je me racle la gorge avant de reprendre un peu taquine:

- Comment ça se passe entre toi et Yvan ?

Il baisse la tête en rougissant et en se triturant les doigts. Ses yeux pétillent à chaque fois qu'on parle de lui.

- Euh... Bah... Très bien... Balbutie t il un peu gêné. Hier il m'a rapporté de la crème glacée...

- Oh! Trop mignon!

Il soupire avant de reprendre plus sûr de lui:

- Tu devrais y aller. Ta première livraison du jour est à Financial District, à l'autre bout de la ville.

Il me montre des plans sur sa tablette.

- Je t'envoie la carte de la ville , ne suis que les itinéraires tracés en rouge sur le plan, ce sont des raccourcis.

- Du calme je suis pas une débutante, dis je en déposant ma main sur son épaule. Je vais pas me perdre dans New-York !

- Je ne doute absolument pas de tes compétences! Tu as juste tendance à dévier des sentiers battus! Je dirais même que tu es un chien errant.

Je lui donne un coup de poing sur l'épaule. Il rigole en me tendant sa tablette et en tenant son bras.

- Voici  l'adresse du client, n'y traîne pas trop.

Il masse toujours son bras et continue:

- Ce soir on fait une soirée film chez Yvan... Donc on se retrouve chez McDonald à 20 heures

Je souris narquoisement alors qu'il devient rouge pivoine, le regard et le sourire dans le vague. Je fais quelque pas vers lui, dépose sa tablette dans sa main après avoir transférée les données qui me seront utiles, puis je claque des doigts devant son visage deux fois; juste pour être sûre qu'il est réveillé.

- Eh! Houston! Je serai là ce soir vers 19 heures 30. Entre temps j'y vais et ne t'écrase pas jusque-là !

Il me fait un doigt d'honneur avant de disparaître derrière une porte.

Je marche jusqu'à l'autre bout du couloir et j'appelle l'ascenseur : il met des plombes pour arriver! Une fois là, j'y entre et les portes se referment automatiquement. Je passe mes hairpods dans mes oreilles et je lance ma play list préférée sur mon portable. J'écoute <<The Hills>> de The Weeknd quand j'arrive au rez-de-chaussée. Je salue encore les réceptionnistes et les gardiens avant de sortir et de me diriger vers mon vélo.

J' enfourche celui ci en mettant le paquet dans le petit panier.

7 heures. La ville est encore endormie donc le trafic est encore fluide. Je m' élance sur la piste cyclable en voyant les arbres et les buildings qui défilent autour de moi. Le soleil est encore doux à cette heure ci et les rues calmes. Il n'y a presque personne sur les trottoirs à part des commerçants qui ouvrent leurs boutiques.

Je me permet une petite déviation du chemin rectiligne tracé par Kim. Il va encore m' engueuler mais rien de grave comme d'hab' quoi! Je n'y peux rien si je suis toujours fascinée par le monde qui m'entoure. Ma curiosité finit par me conduire dans un quartier pas très recommandable de New-York. Si je ne me trompe pas, je dois être à Vinegar Hill.

Les Buildings haut standing ont laissé place à des immeubles miteux : ils sont recouverts de peinture dégradée et de graffitis, les gouttières tombent en ruine , des mares d'eau noirâtre jonchent le longs des "habitations", des chiens se baladent en toute liberté, le goudron sous mon vélo est parsemé de trous, des poteaux électriques dangereusement placés menacent de s'effondrer... Et pour couronner le tout, cet endroit pue la merde et la coke. De part et d'autres de la route se trouvent des SDF entrain de se camer, de se faire des injections ou de fumer leurs clopes tranquille .

Je m'arrête un moment en veillant bien à ne pas poser le pied sur une seringue déjà utilisée, avant de prendre un masque chirurgical dans la poche arrière de mon Jean et de le mettre, juste au cas où.
Je remonte sur la scelle en regardant un homme qui se fait un garrot de fortune avec un lacet dont l'une des extrémités est dans sa bouche et l'autre dans cette même main et qui s'injecte une substance translucide dans les veines. Il lâche un grognement de satisfaction alors que son regard vert citron devient vitreux et ses lèvres prennent une expression obscène tandis qu'il se relève tant bien que mal. OK , je ferais mieux de me barrer d'ici.

J'appuie autant que je peut sur les pédales après avoir sécurisée le paquet et caler mon téléphone dans la poche de mon jean. Je commence sérieusement à me dire que J'aurais dû suivre le chemin rectiligne.

À peine ai-je formulé cette pensée que Je freine brusquement lorsque je vois quelque chose ou plutôt quelqu'un qui me bloque la route un peu plus loin du camé. Je suis surprise quand je distingue plus nettement la silhouette humaine qui rampe vers moi. On dirait un zombie tout droit issu de Fear the Walking Dead , avec sa peau pâle presque translucide où l'on distingue nettement ses veines, les poches noires creusées autour de ses yeux injectés de sang et son visage osseux desséché. Ce type n'a pas l'air bien et ça n'a pas l'air d'être dû à la consommation d'une quelconque drogue. Ouais, je m'y connais un peu en morphine...

Je descend de mon vélo et me rapproche prudemment. Je l'entend gémir d'une voix plaintive:

- Aidez moi...

Soudain , je vois ses yeux se révulsés alors qu'il commence à trembler et à vomir du sang. Je m'éloigne  un peu pour ne pas recevoir le tout sur mes baskets neuves. Après 5minutes de convulsions intenses, je prend son pouls sur son bras... Aucune réaction. Son corps est anormalement glacé... Ça ne veut dire qu'une seule chose:

- Putain, il est mort...

Je referme ses paupières alors qu'une plaie m'attire dans son cou. Du sang y gicle encore alors que les tissus au bord de la plaie commence à cautériser et à se nécroser avec l'apparition de verrues purulentes. J'ai un haut le cœur à cause de l'odeur nauséabonde qui s'y échappe alors qu'il est mort ça fait à peine 10 minutes. Je bondis et j'ai juste le temps de retirer mon masque pour aller vomir dans une rigole. Heureusement que mes cheveux sont attachés en une natte serrée sinon j'en aurais eu partout.

Je me redresse un peu horrifiée par la scène avant de récupérer un bain de bouche dans ma sacoche autour de mon cou. Je me rince rapidement la bouche avant de remonter sur mon vélo. De là, je me rend compte qu'un homme habillé tout en noir m'observe depuis le haut d'un immeuble. Je me retourne à plusieurs reprises pour savoir s'il y a quelqu'un derrière moi mais non: c'était bel et bien moi qu'il dévisageait. Une sueur froide me coule dans le dos alors que je déglutis difficilement. Peut-être que je venais de tomber sur un chef de gang ou pire : sur un tueur en série !

Malgré tout,Je plonge sans le vouloir dans son regard intense. Une sensation étrange me parcourt l'échine alors que je le vois passer sa langue sur ses lèvres dans un geste hyper sexy tandis que je me mord la lèvre inférieure dans un stupide réflex. J'en ai des frissons. Il ne bouge pas , pourtant quelque chose de pas net se dégage de lui ,quelque chose qui incite à se tenir loin de lui, quelque chose de dangereusement effrayant . Entre temps,  Je ne sais pas si c'est à cause de la distance ou d'autre chose, mais j'ai l'impression de voir ses yeux changer de couleur

Sans trop réfléchir, j'appuie sur les pédales comme une malade, en tournant au coin de la rue en manquant de déraper , pour me remettre dans le coin huppé de New-York en m' insérant dans le trafic qui s'est densifier en une demi heure.

J'ai due perdre pas mal de calories aujourd'hui, pensais-je en revenant sur la piste cyclable. Maintenant direction Financial District !

Blood EmpireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant