Blood Empire

Chapitre 10

Dès que les portes de l'ascenseur s'ouvrent je prend une grande inspiration tellement j'étais mal à l'aise à l'idée d'être coincée dans un espace aussi restreint avec Alexander Gates. Sa simple présence occupait tout l'espace disponible et son parfum envoûtant agissait sur moi comme un anesthésique. Mais lui apparemment n'avait pas le même problème que moi vu qu'il portait toute son attention à son portable.

Je lisse le haut de mon crâne puis je serre les dossiers contre ma poitrine comme si c'était un bouclier. Si seulement ils pouvaient me protéger de ce qui m'attend.

Mon Patron me fait signe de passer devant ce que je fais sans attendre. Je marche tellement vite que si quelqu'un me voyait il aurait cru que j'étais entrain de courir. Et je sais pas trop si c'est lui que je fuis ou bien je cherche à précipiter mon renvoi. Parce que je sais qu'à la fin de la réunion on me dira:"Mademoiselle Jaeger nous avons fait une erreur en vous choisissant, désolé". Je soupire à cette pensée avant de m'arrêter devant une double porte couleur ébène.
Cette dernière est si imposante que je crois qu'en la traversant je serais envoyée tout droit en Enfer. Moi même je sais pas d'où je sors ça mais n'importe qui aurait pensé la même chose.

Je sens une main se poser sur mon épaule ce qui me provoque un frisson. Je lève immédiatement les yeux vers Alexander Gates qui me sourit. Sa prise sur mon épaule est si douce mais si ferme à la fois que je me sens légèrement vaciller, mes joues virant sans doute au rouge pivoine.

- Ne leur montrez pas que vous avez peur et tout va bien se passer...

Pour toute réponse, je hoche simplement la tête.

Il ouvre la porte et m'invite à entrer.

Tous les regards se posèrent sur moi et aucun mot ne fut plus prononcé.

Je cherchais désespérément un moyen de rester calme en la présence de ces hommes de pouvoir qui d'un simple claquement de doigts pouvaient me faire tuer et faire disparaître mon corps ensuite pour que personne ne le retrouve.
Je déglutis difficilement : Cheyenne, tu es rassurante vraiment !

Mon regard balaie un instant cette salle de réunion aux allures de penthouse et détaille chacun des hommes en face de moi avant de remarquer que Sébastian Gates n'est pas là. Tant mieux, je pourrais peut-être réfléchir posément.

- Bonjour Messieurs, dis-je après une longue minute de silence qui m'a semblé être une éternité.

Je vois un homme d'environ soixante ans assis à l'extrême droite qui m'observe comme si j'étais un morceau de viande. Il me fait un clin d'œil et je me retiens d'afficher une mine dégoutée. Sa barbe blanche épaisse et mal rasée cache la moitié de son visage ridé. Je vois sa pomme d'Adam qui monte et qui descend sous l'effet de l'excitation, puis ses yeux qui glisse sur mon corps sans aucune retenue.
"Vas-y ! Te gênes pas ! Espèce de gros porc !"

Monsieur Gates me lance un regard en biais qui m'invite à rester tranquille. Nous traversons la pièce puis il s'installe en bout de table et je m'assois dans le fauteuil juste à côté.

- Nous pouvons continuer

**
*

Je crois que ça fait un moment que je parle et je commence à avoir la bouche un peu sèche. J'humecte mes lèvres pendant que l'autre pédophile continue de me mater. Je prends une autre inspiration puis je recommence ma dissertation sans ciller avec une assurance que je ne me connaissait pas avant.

- Le chiffre d'affaires satisfaisant de l'année dernière nous a amené à...

- Miss, excusez moi de vous interrompre. Me le permettez vous ?