Blood Empire

Chapitre 2

Les bâtiments défilent autour de moi, le soleil commence à apparaître à l'horizon et à réchauffer la ville encore froide. Le vent fait valser les feuilles des quelques arbres au bord de la route, des écoliers sont déjà sur le chemin de l'école, des ados vont au collège : certains se tiennent par la main, d'autres se prennent en photo, d'autres encore sont plus pressés... La jeunesse insouciante. Les businessmen sont déjà en route pour le travail et moi... Je suis à la bourre!

Un bus me passe devant et je l'accroche à l'arrière de toutes mes forces. Croyez-moi, c'est le meilleur moyen d'arriver à l'heure à mon rendez-vous.

Dès que mon moteur tourne à une intersection, je le lâche et continue à pédaler en suivant cette fois ci le sens indiqué sur le GPS de mon portable. J'ai encore des frissons en repensant à l'homme que j'ai vu mourir dans ce quartier dangereux. Je le revoit ramper vers moi en me suppliant de l'aider. Comment aurais je pu lui venir en aide: je ne savais même pas ce qu'il lui était arrivé !

Et cet autre homme posté en haut de l'immeuble qui me fixait de ses yeux tellement étranges mais envoûtants... À cet instant précis, j'ai cru qu'il était entrain de lire au plus profond de mon âme. J'étais complètement sous le charme de son regard hypnotique et du geste hyper sexy qu'il a fait sans s'en rendre compte...

Je m'ébroue alors que j'arrive à Financial District. Je vois déjà au loin Gates Corporation ,ce petit bijou d'architecture, scintiller au soleil parmi les hauts gratte-ciels auxquels elle n'a rien à envier. L'endroit doit s'étendre sur une superficie d'au moins deux mille hectares. De l'extérieur, on aperçoit uniquement la partie visible de l'iceberg. Je passe par l'une des nombreuses entrées secondaires menant sur un vaste parking en plein air pouvant accueillir pas moins de 3000 véhicules.

De l'intérieur, on peut distinguer les différents chemins menant aux différents buildings qui constituent l'Empire Gates. Au centre de ce chef d'œuvre d'architecture, se trouve une merveille infrastructurelle : une tour comparable à la Burj Khalifa se dresse fièrement au cœur de l'Empire.

D'après les études architecturales que j'ai mené à Dubaï , je peut facilement dire que toute la façade en verre extérieure est faite en verre trempé, ce qui permet de garder la température à l'intérieur constante et de limiter les flammes d'un probable incendie. Hum très ingénieux! Ce n'est pas pour rien qu'ils ont une branche spécialisée dans le BTP reconnue à l'international pour son expertise et son brin d'extravagance. Je regarde à nouveau la tour. J'ai dit un brin? Je voulait dire pour son excès d'extravagance.

Je parque mon vélo dans l'espace réservé aux coursiers en soupirant tout en regardant la Burj Khalifa en version américaine:

- Pourquoi je ne fais pas un vrai métier ?

Et la dure réalité me revient en pleine face. Je serre les mâchoires pendant que son nom me remonte le long de œsophage comme de la bile amère.

- Saïd...

Ce nom me donne envie de gerber à chaque fois que je le prononce.

Saïd, Saïd, Saïd!

Cet homme est sensé être de la même famille que moi et qui plus est mon oncle. On ne se ressemble en rien : cet homme est prêt à faire n'importe quoi pour avoir de l'argent quitte à perdre son humanité en passant par le trafic humain...

Il ne m'a jamais laissé le choix dans ma vie. Par exemple quand j'entrais en fac, j'avais envie de faire dans la robotique au Japon mais lui en a décidé autrement.

Vous devez sûrement vous demander pourquoi je ne l'ai pas fuis une fois à Dubaï ? Il me faisait surveiller H24. J'avais tout le temps l'impression qu'il allait débarquer pour me faire payer la moindre maladresse vu qu'il l'avait déjà fait dans le passé... Je vivais dans la peur de mourir du jour au lendemain. J'ai même déjà eu beaucoup de chance de m'installer dans mon propre appartement et de faire ce job. Pour une fois dans ma vie je suis libre de mes choix...