Chapitre 4 : Coup de cœur

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Après les cours, je suis restée plus longtemps à l'école pour travailler. L'interview avec monsieur Brown est tellement riche que j'ai dû réécouter au moins quatre fois avant de pouvoir trier et sélectionner les informations. Voilà deux heures que je suis à la bibliothèque, je ne vois pas le temps passer. Je retire mes lunettes pour les ranger dans l'étui puis rassemble mes affaires pour partir. Le temps est plutôt gris bien que le printemps approche. Pour un vendredi après-midi, le week-end s'annonce mal.

—April !

Je crois que quelqu'un m'appelle. Je me retourne. Matthew Howard ?! Je perds ma voix interloquée par sa présence devant ma fac tandis qu'il se dirige vers moi en costume, un bleu foncé. Très sérieux mais aussi très séduisant.

—Monsieur Howard ? Que faîtes-vous ici ?

—Je commençais à me demander si votre enseignant ne vous avait pas séquestré.

Il vérifie sur sa montre Rolex.

—Vos cours sont supposés se terminer il y a déjà deux heures non ?

—Vous m'avez attendu ? Moi ?!

Si j'avais su qu'il viendrait exprès pour moi, j'aurais porté la même tenue que la dernière fois. Discrètement, j'essaie de me recoiffer. J'ai relâché mes cheveux tout à l'heure sans penser à les dompter, grave erreur. A présent, je dois probablement ressembler à une folle. D'ailleurs, je suis étonnée qu'il m'ait reconnue avec cette coiffure et ces habits. Le chemisier bleu, le vieux jean et les converses bon marché.

—Je ne voulais pas venir pour rien, avoue-t-il calmement avec un sourire charmeur

Sa patience me surprend. Pourquoi un homme comme lui m'attendrait bêtement devant mon école ?

—Euh... en quoi puis-je vous aider ?

Il réfléchit quelques secondes puis m'envoie un autre sourire à couper le souffle.

—Me tenir compagnie ?

Sa demande est inattendue. Une personne prudente refuserait, pas moi. Un, monsieur Howard n'a pas le profil d'un psychopathe, deux, il y a des témoins partout, trois, c'est un ami de Steven Brown et quatre, il m'a attendu... deux heures ! En fait, la dernière suffit largement pour me convaincre à le suivre. L'homme me devance et d'un geste galent, ouvre la portière de la Jaguar, celle qui m'a agressé l'autre jour. Matthew lit dans mes pensées et la touche délibérément.

—Elle n'est pas méchante, tu peux monter.

Bien que gênée, je m'installe à côté de sa place habituelle. Matthew Howard gagne ensuite son siège de conducteur et me conduit quelque part.

—Comment avez-vous su à quelle heure je finissais ?

—Avant d'engager une vraie conversation, j'aimerais que nous nous tutoyions.

Mes joues me brûlent le visage. Je n'imagine pas une seconde tutoyer cet homme, du moins pas aussi tôt ! Mon cœur risquerait d'exploser. A cause de ce silence, Matthew pense avoir mal agi.

—Tu ne dois pas être à l'aise, à cause de notre différence d'âge.

—Pas du tout ! Paniqué-je

Un besoin impérieux de me justifier surgit en moi pour la première fois.

—Vous êtes très bien. Je suis juste complexée parce que je...je...vous êtes un homme incroyable et moi je...

Je ravale mes mots me traitant de débile intérieurement et couvre mon visage pour me cacher de la honte. Tu racontes n'importe quoi April Wagner ! Et dire que mon rêve était de devenir une grande journaliste, je n'irai pas très loin avec ce type de discours. Matthew doit certainement être en train de se moquer de moi. Je rassemble mon courage, tourne la tête et constate avec étonnement que mes sottises ne l'avaient pas offusqué. Bien au contraire, il semble plutôt content.

Les Gentlemans ChangentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant