Les Gentlemans Changent

Chapitre 28 : Dilemme

La rentrée aurait pu être parfaite si je ne pensais pas à Christine. Celle pour qui je me faisais un sang d'encre.

Ce ne sera pas facile avec sa famille. Un enfant avant le mariage ? Ce serait intolérable pour eux sans mentionner qu'elle est en dernière année d'étude. Cette annonce risque d'altérer leur relation.

Je soupire...

Avorter dans cette situation n'est pas non plus la meilleure solution. Après tout, cet enfant a été conçu par « amour ». Or, Christine semble favorable pour le faire. J'ai beau la persuader d'attendre un peu ou d'en discuter d'abord avec lui, elle ne m'écoute pas...

Dans cette situation, que puis-je faire d'autres ?

Heureusement qu'Anita est là pour me remonter le moral.

Après les cours, nous allons à la boutique que Matthew m'a recommandée afin de trouver une tenue appropriée pour le mariage. Il n'est pas au courant lui aussi. J'aurais aimé tout lui avouer mais j'ai promis à Christine de ne rien dire. Je n'aime pas les cachotteries surtout depuis notre merveilleuse réconciliation.

—Celle-ci ?

C'est la troisième robe que j'essaie. Un style empire avec un décolleté en V. La couleur est sympa aussi, un rose ton pastel. Anita m'examine de la tête aux pieds et tourne autour de moi comme si elle était une spécialiste en mode.

—En bouclant tes cheveux et en ajoutant quelques barrettes, tu seras splendide.

Matthew a réservé un coiffeur pour nous deux. En termes d'organisation, il est très bon.

—Elle est quand même plus chère...

—C'est un investissement, tu pourras la porter à d'autres événements.

Je me regarde quelques secondes. Elle a raison. Avec plusieurs pensionnaires diplômés cette année, j'aurais forcément d'autres occasions pour la porter.

Quelques minutes plus tard, nous nous rendons à la caisse pour payer. Le prix indiqué me déchire le cœur.

—Votre sac, à très bientôt.

Je dévisage la vendeuse avec un air très étonné et échange un regard entendu avec Anita.

—Je... je n'ai pas payé.

—Vous n'avez rien à payer mademoiselle Chase, votre achat a été réglé avec le compte de monsieur Howard.

Mes doigts ont failli lâcher le portefeuille. Matthew !

A la sortie du magasin, je m'excuse rapidement auprès d'Anita pour l'appeler. Il décroche plutôt vite.

—Quelque chose ne va pas ?

Je recoiffe ma frange, embarrassée de sa trop grande gentillesse.

—Pourquoi ne m'as-tu pas prévenu ? Demandé-je d'une petite voix

—La robe te plaît ?

Encore une fois, il a voulu me faire plaisir.

—Oui mais je...

—J'ai vérifié le compte. Tu ne t'es pas servi de la carte que je t'ai donnée.

Sur le coup, je n'ose pas lui avouer que je l'ai rangé au fond de mon tiroir.

—Je...

—Je présume que tu voulais la payer toi-même.

Il a deviné.

—Oui mais je...

—Tu me remercieras demain soir.

Je rougis aussitôt des joues. Il était prévu que je dorme chez lui pour lui éviter un détour en voiture. Il refuse que je me rende au studio photo par mes propres moyens.