Chapitre 10 : Perdre le contrôle

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La sonnerie annonçant la fin des cours.

Christine rassemble lentement ses affaires en songeant à ma conduite. Depuis samedi, je leur adressais à peine la parole et je me consignais seule dans ma chambre. Elle et Elsa ont essayé d'établir une communication avec moi, en vain. La rouquine s'apprête à franchir le seuil de la porte mais une voix la retient.

—Tu es disponible ?

Intriguée par son interpellation, elle se dirige vers lui avec l'esprit mitigé. La jeune adulte l'aime et elle ne supporte pas qu'il la case avec d'autres hommes sous prétexte qu'il ne sache pas ce qu'elle ressent pour lui. Néanmoins, ce n'est pas sa faute, il est fiancé et son amour n'est pas réciproque.

—Il y a un problème ?

—April va bien ? Interroge-t-il secrètement

La mention de mon prénom la décontenance, surtout provenant de la bouche de son enseignant.

—Tu... Vous...

—J'étais à la soirée.

Christine comprend tout et le questionne sur les faits qui se sont produits là-bas.

—Elle ne t'a rien raconté ?

La rouquine secoue vigoureusement la tête, elle est dans l'ignorance totale.

—Il est préférable que tu l'apprennes d'elle, juge-t-il raisonnable. Comment se sent-elle récemment ?

Deux jours que je reproduis le schéma. Cours, boulot, dodo. Christine n'est pas certaine que je mange à des horaires fixes.

—Je ne l'ai pas beaucoup vu...

Steven se remémore de sa brève visite chez Matthew. D'après lui, April ne décroche pas ses appels et ne lit pas non plus ses messages.

—Est-ce qu'ils ont rompu ? Redoute-t-elle nerveusement

—Non, bien sûr que non.

La bonne amie lâche un très long soupir. Le pire scénario de sa liste est écarté. Son professeur racle soudain sa gorge et pointe avec son stylo pour la prévenir. Elle se retourne et aperçoit un de ses camarades l'attendre près de la porte. Elle jure intérieurement. Samedi, elle a décommandé son rencard à la dernière minute avec une excuse bidon.

—Allons traîner, suggère-t-il avec des sous-entendus

A quelques mètres, le futur marié prête particulièrement attention à leur tête-à-tête alors qu'habituellement il n'est pas du type à épier la vie des autres. Christine repousse sa main. Le ton monte entre eux. Le garçon attrape furieusement ses bras dans le but de l'intimider. Une indescriptible rage l'accapare et en un rien moins de temps, l'oblige à s'interposer dans leur querelle.

—Lâche-la !

Effrayé par sa présence, l'étudiant recule et s'enfuit à toutes jambes d'ici. Steven se tourne ensuite vers elle pour s'assurer qu'elle va bien. Christine acquiesce, ébahie par sa réaction. Lui qui généralement prônait la passivité, à l'instant, il venait de menacer un de ses camarades de promo.

—C'était dangereux, ne fréquente plus ce genre de garçons à l'avenir.

—Quoi ?! S'indigne-t-elle. C'est toi qui m'as dit et je te cite « Donne-lui une chance », tu as déjà oublié ?

—Je ne t'ai pas demandé de sortir avec lui.

—Je ne sors pas avec lui !

—Bon, écoute, je connais des hommes qui iraient bien avec toi, pourquoi ne pas

Les Gentlemans ChangentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant