Chapitre 15 : Cascade d'émotions

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Je me félicite pour ma bonne mémoire, j'ai retenu le nom et le numéro de sa rue. Me voilà à présent en bas de chez lui en train de fixer bêtement l'interphone. Dois-je d'abord l'appeler ? Et s'il dormait ? La porte s'ouvre brutalement. Le gardien !

—Mademoiselle Wagner, entrez, je vous en prie.

Comment me connaissait-il ? Est-ce qu'il y avait une caméra quelque part ? Matthew serait au courant de ma visite ?

—Euh...oui.

Je traverse l'embrasure et m'excuse de mon intrusion tardive. Même à cette heure, le trentenaire conservait sa courtoisie et son professionnalisme avec moi. Il commence par un document. Je le signe afin de confirmer mon passage dans la résidence puis il m'oriente vers l'ascenseur le plus proche.

—Votre badge. N'oubliez pas de le rendre avant de partir.

J'éprouve un certain malaise face à ce traitement de faveur. A qui le devais-je ?

—C'est...Matthew qui vous envoie ?

—Monsieur Howard ? Adapte-t-il. Il vous a inscrit dans sa liste personnelle.

Voilà qui me laisse perplexe. A moins que mon copain soit devin, il n'aurait pas pu anticiper le futur.

—Quand ça ?

—Il y a deux semaines, informe-t-il

Tout s'explique. C'était pour donner suite au banquet d'anniversaire. Matthew a eu peur que je passe devant chez lui mais que je ne le contacte pas avant. Il a donc missionné ses gardiens pour me récupérer au cas où. Je serre la carte contre moi, le remercie pour son aide et me dirige vers l'une des cabines qui, grâce au badge, me menait directement à son étage. Je suis nerveuse. C'est vraiment incongru de ma part de m'incruster à 23h mais bon. Je retiens ma respiration et d'un geste vif, appuie sur la sonnette. Une minute s'écoule, la plus longue de mon existence. J'ai l'impression que les secondes se sont transformé en heures. Je m'apprête à repartir espérant préserver les miettes de ma fierté mais la porte s'ouvre et m'aspire à l'intérieur. Je vois en premier sa main puis lui, vêtu d'un short de bain et d'une serviette posée sur les épaules.

—Qu'est-ce qui ne va pas ?

Je recule, remets ma frange qui est en fait un prétexte pour ne pas le reluquer et réponds innocemment.

—Rien... Je...je suis désolée. J'ai oublié mes clés, il n'y a personne et

—Pourquoi ne m'as-tu pas appelé tout de suite ?

Parce que c'était bien trop surréaliste pour moi, que j'ai perdu mon bon sens et que j'ai débarqué ici sans me soucier de son opinion.

—Elsa est de garde. Peut-être que je pourrais

—Et encore traîner dehors au beau milieu de la nuit ? Me reproche-t-il sans réserve

Au-delà de cette colère se cachait en réalité de l'inquiétude à mon égard. Cette petite pensée m'émoustillait et pas que de façon innocente. Ses traits s'adoucissent à la vision de mon sourire réjoui. Il taquine mon nez et me précède dans le salon. Je me déchausse rapidement pour le rejoindre.

—Tu veux aller sur la terrasse ?

Cette proposition me ravit. Je hoche la tête et me rue littéralement vers son balcon. La vue est abracadabrante la nuit. Le ciel éclairait toute la ville avec son clair de lune et ses étoiles, tandis que New-York brillait de mille feux grâce à ses lumières artificielles. Une harmonisation parfaite entre le milieu spatial et le milieu urbain, c'est un paysage pittoresque selon moi.

—C'est très beau, contemplé-je avec émerveillement

—Aussi magnifique que la fois où tu es tombée dans l'eau, ajoute-t-il avec humour

Les Gentlemans ChangentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant