Chapitre 20 : Héros malgré lui

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Les funérailles eurent lieu une semaine plus tard. Matthew, fidèle envers ses émotions, ne s'est pas investi pour l'organiser. Quant à Russell, son planning est chargé à bloc à cause de tous ses précédents voyages improvisés. Les rendez-vous et les réunions ne sont plus reportables et encore moins annulables. Son épouse alors, gentille et efficace, s'est alors dévoué afin de le soulager d'un lourd poids. Elle s'est rendue à Londres et a géré l'événement avec l'assistance des pompes funèbres.

Mon partenaire a initialement refusé d'assister à la cérémonie à cause des derniers souhaits abusifs de madame Hopkins. Celle-ci voulait que ses fils médiatisent tous les accomplissements de sa courte vie, que ce soit d'un point de vue professionnel ou familial, quitte à s'attribuer les mérites qui, en vérité, ne lui appartiennent pas. Telle que leur réussite. De quoi indigner le cadet...

Jessica a dû le harceler au téléphone et me persuader de le raisonner à ma méthode. J'ai réussi ! Nous avons pris un vol la veille pour arriver très tôt là-bas et les adieux se sont déroulé sans encombres, malgré l'exaspération de mon voisin à entendre des hommages insincères.

*

Un mois s'est écoulé depuis ce jour.

Les vacances d'été ont débuté depuis une semaine et dernièrement, mon père m'appelait régulièrement afin de s'assurer que tout est prêt pour mon départ. Je ne l'ai pas revu depuis le Nouvel An, il me manque un peu...

—Il n'est pas disponible ?

—Il n'a plus de congés, papa et il est très pris par son boulot. Une prochaine fois.

Mon père tient absolument à le rencontrer en personne. Je n'ai pas discuté de cela avec Matthew car je considère notre relation encore trop fragile.

Une rencontre officielle avec les parents doit se dérouler en temps et en heure. Il est trop tôt pour le présenter à mon père et aux autres membres de la famille éloignés, qui s'avachiront sur lui dès qu'ils connaîtront l'étendue de son influence et de sa fortune. C'est pénible à avouer mais hormis mon père et moi, les autres se comportent de manière superficielle, d'où ma réticence à vivre loin d'eux.

Au bout d'une heure, je parviens miraculeusement à le faire raccrocher. Sa manie à radoter sans cesse ne s'améliorait pas avec l'âge. La gorge sèche, je vais dans la cuisine pour me réhydrater. Je suis actuellement chez lui, seule, en haut et pantalon de pyjama.

Il y a trois semaines, Matthew a décidé de me confier le code de son appart afin que je vienne n'importe quand et à n'importe quelle heure. J'ai un peu abusé au départ en débarquant ici cinq soirées d'affilé et en restant dormir tout le week-end. Elsa m'a averti qu'il se lasserait vite de moi à ce rythme et puis j'ai déjà une chambre, pourquoi la gaspiller ? Je me suis limité par conséquent à deux nuits. Et le week-end, c'est à volonté ! Puisque ce sont ses jours de repos.

Je retourne dans le salon et le croise à l'entrée. Il vient tout juste de rentrer. Mon visage et le sien s'illuminent à la vision de l'autre. Je pose le verre tandis qu'il s'approche de moi pour m'offrir un doux baiser pour me saluer. C'est tellement mignon d'être accueilli ainsi, bien que je ne suis pas celle qui arrive le plus tard.

—Comment a été ta journée ?

Il balance la sacoche de son ordi sur le fauteuil et me rapproche dangereusement de lui en me fixant d'un œil malintentionné.

—Interminable, me souffle-t-il

En trois semaines, j'ai appris à modérer son appétence en employant trois tactiques simples : la période rouge, lui proposer un ciné ou un resto dehors, ou aborder un sujet délicat. J'opte pour la troisième.

Les Gentlemans ChangentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant