Chapitre 21 : Tomber des nues

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Je l'ai appelé deux fois. Personne ne décroche.

« Que se passe-t-il exactement ? »

Est-ce qu'il aurait rencontré un accident sur la route ? Ce retard ne lui ressemble pas. Je m'apprête à contacter son frère pour en savoir plus lorsque j'aperçois son prénom apparaître sur l'écran. Je m'empresse de répondre.

—Matthew ? Tu vas bien ?

—Je vais bien.

Entendre sa voix m'apaise. Néanmoins...

—Je dois annuler notre soirée. Tu es disponible demain soir à la même heure ?

C'est confus dans ma tête. Pourquoi doit-il reporter ? Un empêchement professionnel ?

—Qu'est-ce qu'il se passe ?

—Rien de grave, ne t'inquiète pas.

Que je ne m'inquiète pas ? J'ai angoissé dans le froid pendant trente minutes en imaginant les pires scénarios possibles et il m'appelle pour me dire qu'il annule sans me préciser sa raison ?

—Je ne suis pas libre, bonne soirée...

Et je raccroche sèchement. J'éteins même mon portable pour être tranquille. Je suis furieuse, je gèle dehors et je suis épuisée par la journée. Je retourne donc dans ma chambre, claque violemment la porte et enlève tout ce maquillage ridicule et cette tenue corsetée pour me coucher tôt ce soir. Je suis vexée qu'il n'ait pas daigné me fournir une excuse valable. Était-ce si dur ? Non, je ne suis pas disponible demain soir, ni après-demain soir et probablement jusqu'à la veille de mon départ...

*

Le lendemain, je déménage chez Anita. Bien que je ne parle pas, elle devine que je suis fâchée contre lui. J'ai rallumé mon téléphone, il a effectivement rappelé, et j'ai bloqué son numéro. J'ai besoin d'une pause émotionnelle pour remettre mes idées en place.

—Tu le boudes parce qu'il t'a posé un lapin ?

—En partie oui, avoué-je

—Et parce qu'il ne t'a rien expliqué ? Ajoute-t-elle

J'acquiesce. Et c'est aussi parce que j'attendais beaucoup de cette soirée, je me suis mise sur mon trente-et-un exprès afin de l'impressionner. Finalement, tous mes efforts ont été vains.

—Tu as l'intention de le fuir longtemps ?

Je hausse les épaules. C'est la première fois que je me comporte de cette manière, tellement immature que j'en suis moi-même rebutée. April, tu as changé.

*

Les parents d'Anita ont été très sympas avec moi. Ils m'ont accueilli comme si j'étais leur propre fille, m'ont servi de délicieux repas et nous avons joué à des jeux de société ensemble comme une vraie famille.

Aujourd'hui, je retourne au pensionnat après deux jours de découchage.

Christine est invitée à un anniversaire et Elsa bosse toute la journée. Me voilà seule jusqu'au soir avec le moral bas à cause de lui. Essentiellement parce qu'il me manque... Non April ! Je secoue la tête pour l'extraire complètement de mes pensées. Écoute les conseils de ta copine experte en relation : contrôle tes pulsions. Si tu cèdes une fois, il y en n'aura d'autres à l'avenir et il se lassera de toi. Allons plutôt au centre commercial. J'ai encore une liste de souvenirs à acheter pour mon père, ma tante Ashley et Joanna.

A dix heures, une première balade dans les boutiques.

Douze heures, sandwich comme seul repas.

Treize heures, poursuite de la séance shopping.

Les Gentlemans ChangentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant