Chapitre 26 : Réconciliés

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Le réveil est terrible.

Toutes les cellules de mon organisme poussaient des cris d'appel à l'aide à cause des douleurs non-identifiables, surtout mon cerveau. J'ai la sensation aujourd'hui que mon crâne pesait une tonne et que mon cou menaçait de rompre n'importe quand. Quelle misère. Et pourquoi est-ce que je suis ici ? Suis-je toujours ivre ou est-ce un rêve ? Ni l'un ni l'autre. Je tiens ma tête essayant de rassembler des fragments de mémoire. Ma conclusion : je suis bel et bien dans l'appartement haut de gamme de Matthew. Une réalité qui me rend tellement honteuse que j'ai envie de me suicider là maintenant. En termes de mauvaises images, je n'aurais pas pu faire mieux. Je me suis mal conduite avec lui. Comment j'ai pu agir ainsi ?! Il faut que j'aille m'excuser mais avant ça, j'ai besoin d'une petite toilette.

Je guette le couloir et profite qu'il ne soit pas dans les parages pour me faufiler dans la salle de bain. Devant le miroir, je visualise alors mon apparence catastrophique. J'ai le teint pâle, des yeux rouge et enflés, une coiffure de porc-épic et une haleine qui pue la fille bourrée. Un dégât de A à Z ! Je débarbouille mon visage, rince plusieurs fois ma bouche pour me débarrasser de l'odeur et défais ma tresse. Les voilà ondulés pour la journée.

—April ? Je peux entrer ?

Les tocs à la porte m'auraient fait sursauter si je n'avais pas ma gueule de bois. J'inspire profondément, vérifie une dernière fois que je sois présentable et pars lui ouvrir ou plutôt, j'entrouvre la porte.

—Mal à la tête ?

Sa voix doucereuse est une torture pour moi car j'ai honte, très très honte de moi. J'acquiesce donc sans lever les yeux vers lui.

—J'ai préparé de la soupe, informe-t-il

Je réfléchis. Quelle heure est-il en fait ?

—Quelle heu...

—Treize heures, répond-il. Tu dois avoir faim.

Effectivement, mon dernier vrai repas doit remonter à je ne sais plus quand. Néanmoins, il est hors de question pour moi de m'imposer plus chez lui. Surtout que nous ne sortons plus officiellement ensemble. Une vérité qui me fend à chaque fois le cœur.

—Matthew, je... je suis...

—Allons d'abord manger, coupe-t-il avant de s'éloigner vers le salon

Dans une telle situation, ce serait impolie de partir sans goûter à sa cuisine. Je me fortifie donc mentalement et le rejoins à table où mes yeux n'osent toujours pas confronter sa présence. Heureusement que la soupe est là. Délicieuse d'ailleurs.

—Je suis désolée d'avoir appelé hier... incrusté-je en jugeant que c'était le meilleur moment

Il ne répond pas. En fait, aucun de nous ne parle vraiment. A quoi pense-t-il ? Est-ce qu'il me déteste ? Je ne sais pas. Je ne sais vraiment pas. Je suis perdue. Malgré la lourde ambiance, il prend quand même soin de me donner des anti-inflammatoires. Ça me touche et ça me fait mal. Avec lui près de moi, ma respiration devient de plus en plus difficile. L'air est juste irrespirable autour de nous. Il ne faut pas que je m'attarde ici. Je termine la soupe et me lève rapidement de la chaise pour partir.

—C'est la rentrée demain, je vais rentrer.

J'entre d'un pas vif dans la zone du salon en espérant trouver toutes mes affaires quand Matthew me surprend en arrivant brusquement derrière moi pour me serrer par la taille. C'est...c'est...c'est assez inattendu. Quasiment improbable selon moi et pourtant réel. Sa chaleur, son parfum, le contact de son torse, de ses mains... Ça m'a tellement manqué que j'en souffre jusqu'à aujourd'hui. Zut, les larmes montent. Non, ne pleure pas April. Pas devant lui, pas devant lui s'il-te-plait.

Les Gentlemans ChangentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant