Mi tesoro- T2

Chapitre 24

PDV de Sami

Je suis littéralement en train de pourrir dans cette cellule qui se situe dans le domaine de mon père. 

Mon père. 

À quoi est-ce que je m'attendais, au juste ? Qu'il m'accueille les bras ouverts en me disant "Eh, fiston, où étais-tu depuis tout ce temps ? Tu m'as manqué ! Alors, es-tu prêt à reprendre les rennes de ton père ?". Ça aurait sonné faux venant de lui. S'il m'avait parlé comme ça, j'aurais probablement fui en courant. 

Je suis là, seul, en train de crever de faim. Je ne vois pratiquement rien. Je devine tout de même qu'il fait jour. 

Dans quoi est-ce que je me suis embarqué ? 

Alors que je commence à m'endormir, j'entends un trousseau de clé faire du bruit dans le couloir à l'extérieur de ma cellule en même temps que des bruits de pas. Je devine qu'ils sont plusieurs. J'entends la clé s'insérer dans ma porte, quelques chuchotements puis, mon père, accompagné d'une jeune fille qui doit avoir à peu près mon âge apparaît en face de moi, à l'autre bout de la pièce. Malgré le fait que je suis affamé et complètement endormi, je remarque directement qu'elle n'est pas traitée comme les autres. Je comprends immédiatement que ce n'est pas une de ses prostituées. Elle n'est pas refaite, elle n'est pas sur maquillée, elle n'est pas habillée de manière vulgaire, elle n'a même pas l'air droguée et, elle parait être en parfaite santé. 

C'est tout le contraire, elle porte un pull blanc, simple, un pantalon noir et, des baskets blanches. Elle est brune et, à des yeux bleus. Ses cheveux sont relevés en un chignon désordonné et, elle est de taille moyenne. Si jamais elle n'était pas aux côtés de mon père, j'aurais même pu croire qu'elle est gentille. À première vue, ça m'a l'air d'être une personne assez douce. 

Je me lève immédiatement en voyant la position pitoyable dans laquelle j'étais. J'essaie de faire en sorte de garder le peu de dignité qu'il me reste. Mon père me détaille de haut en bas avec un air de dégout tandis que je ne peux détourner le regard de cette jeune femme. Qui est-elle ? Que fait-elle ? Je veux tout savoir. Je suis d'autant plus surpris de la voir me lancer un bref sourire. 

-Fiston, fiston, fiston, je ne sais pas pourquoi tu es là mais, je ne t'avais pas pourtant prévenu que tu risquais de le regretter ? Tu es mon fils, mais ça ne change rien au fait que tu as trahi ton pauvre père, me lança-t-il avec un ton qu'emploierait les victimes. 

Pauvre père. J'ai envie de lui cracher dessus rien pour ce qu'il vient de dire mais, il faut que je la joue intelligemment. Si je m'énerve directement, je ne gagnerais rien. 

-Bon, alors, que fais-tu, ici ? Isaak t'a renvoyé ? 

Je ne parle pas. Je reste là, à le regarder avec le pire air que je sais faire. Je n'arrive même pas à simuler, à jouer, à faire semblant d'être content de le revoir. Il me dégoûte plus qu'autre chose.

-Oh, je vois tu ne parles pas, très bien. J'en déduis donc que tu es ici pour me tuer ? 

-Pourquoi tu m'as enfermé ? Tu sais, ce serait plus simple de me tuer directement, demandais-je sèchement. 

Bon, pour la collaboration avec mon père, je pense que c'est fini, je ne fais absolument rien pour le convaincre. Je fais tout le contraire de ce que j'avais prévu. Je pensais que ça aurait été simple de faire semblant, mais, visiblement ma fierté est beaucoup plus présente que ce que je pensais. Face à ma réplique, il rit, un rire diabolique, un rire digne de tous les plus grands psychopathes existant sur cette planète. 

-Sami, tu vois. Je pensais que tu me connaissais, commence-t-il tout en avançant vers moi. Vois-tu ? Je vais te faire une comparaison pour que tu me comprennes mieux car, visiblement, toutes ces années que tu as passées à mes côtés ne t'ont pas suffi pour apprendre à me connaître. Tu vois ? Le fromage. J'aime le fromage, mais, ça tu le sais déjà. C'est un aliment qui a besoin de temps de repos. Plus il passe de temps en affinage et, mieux le gout sera. Si tu le manges directement, il ne sera pas bon, il sera sans goût, sans aucune saveur et, je ne prendrais aucun plaisir à le manger. Mais, si quelque temps passe avant, alors le goût sera parfait.