» Si tienes un hondo penar
» Piensa en mí
Deedee attrapa un scalpel. Elle regarda son trait de maquillage se refléter dans la lame aussi propre qu'à la première utilisation, et elle sourit avant de faire un clin d'œil. Le temps que Augustín Lara finisse son accord, Deedee tourna sur elle-même. Si elle n'avait pas porté sa blouse blanche, sa robe à fleurs aurait voleté, formant un nuage de couleurs vives. La médecin légiste reporta son attention sur le premier corps qui l'attendait sur la table.
» Si tienes ganas de llorar
» Piensa en mí
La médecin chanta en même temps qu'Augustín, se servant du scalpel comme d'un micro. À la fin du vers, elle se contenta de fermer les yeux et de danser en même temps. Lorsque Deedee les rouvrit, elle se déplaça gracieusement jusqu'au second corps, calquant ses pas en même temps que la musique qui sortait du gramophone qu'elle avait installé dans sa morgue.
» Ya ves que venero
» Tu imagen divina
» Tu párvula boca, que siendo tan niña,
» Me enseñó a besar
Tout en se déhanchant, elle attrapa le calepin qui lui servait de carnet de route pour consulter rapidement ce qu'elle avait apprit du patient. Enfin, patient, c'était une façon de parler. Elle aurait volontiers nommé les trois corps qui se tenaient devant elle des cadavres, mais si elle le faisait officiellement, ses collègues la regarderaient encore plus bizarrement que d'habitude.
Son regard se fit plus sérieux et elle se concentra pleinement sur son patient. Ses yeux étaient grands ouverts, vides de toute trace de vie et fixants le plafond. La lumière d'une ampoule se refléta dans la lame du scalpel lorsqu'elle le planta dans la chair froide. Deedee commença son autopsie avec minutie. Elle préleva les organes les plus importants ; l'estomac, les poumons, fit un constat complet de l'état du corps, puis elle referma le corps, le recousant grossièrement. Alors qu'elle s'installait à sa table de travail, elle sentit la porte de la morgue s'ouvrir et une petite vague de chaleur s'introduire dans la pièce froide.
« Hey Ray, ferme la porte s'il te plait, dit-elle sans se retourner.
— Merde, comment tu sais à chaque fois que c'est moi ?
— Les talonnettes de tes santiags sont... reconnaissables. Bref. Tu as mon café ?
Deedee se retourna vers lui. Ray avait une tasse de café encore fumante dans les mains. Elle lui sourit, puis lui fit signe de déposer la tasse à côté d'elle. Le shérif passa à côté des corps, ne pouvant s'empêcher une œillade curieuse.
— Merci Ray ! Est-ce que tu veux savoir où j'en suis ?
— Dit-moi tout ce que tu sais.
— J'ai presque finit d'autopsier mon premier... Patient. Eh bien, c'est fort étrange. Quand j'ai constaté l'état de leur corps, j'en ai conclu, et à juste titre, qu'il est tombé de très haut, et probablement depuis les arbres. J'ai pu justifier ce résultat ; partout sur sa peau, il y a des petites coupures, certaines d'entre elles ont encore des échardes et des morceaux de bois dans les plaies. Et puis, quand on regarde l'état des corps, le nombre d'os brisés, ça ne fait plus grand doute.
— Ça n'apporte rien.
— Oh, détrompe-toi, Ray. J'ai ensuite examiné leurs mains, et plus en détails leurs ongles. Il y avait de la terre, ainsi qu'un élément que je n'ai pas encore pu déterminer, mais c'est en cours de recherche.
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Freak Show [MxM]
HorrorCalifornie, 1939. Dans la petite ville d'Ojai aux États-Unis, il n'y a pas grand chose à faire, surtout en été. Alors que la petite ville découvre avec stupeur la mort improbable de trois jeunes adultes, le shérif doit faire face à un drame tout au...