9 - Le temps perdu

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     Wanda se laissa tomber dans un des larges fauteuils qui se trouvaient dans la tente de Madame Rosenberg. Immédiatement, elle retrouva ses anciens réflexes et abandonna ses chaussures par terre pour replier gracieusement ses longues jambes sur le bord du fauteuil. Si le reste de sa famille voyait ça, ils en seraient bien étonnés. Son ancienne mentor s'était assise en face d'elle, et il n'avait pas fallut une minute pour qu'elle ne tende à Wanda une cigarette, que cette dernière s'empressa de prendre.

« Cela fait des années que je viens à Ojai, et je ne t'y ai jamais vu, commença-t-elle.

— Nous avons aménagé avec Alistair et les enfants il y a à peine six mois. Tu as changé l'itinéraire depuis la dernière fois que nous avons travaillé ensemble.

— C'est vrai. New-York ne voulait plus de nous après ton départ.

     Wanda balaya l'air avec sa main.

— New-York ne nous voulait pas depuis le départ. Heureusement que Sylvia était là pour nous tirer d'affaire, sinon, on serait tous emprisonnés quelque part...

— Est-ce que tu l'as recroisé ? Ou alors tu es directement venue me voir ? demanda Madame Rosenberg.

— J'ai croisé Ricky à l'entrée ; il a refusé de me vendre un billet et il en a offert à tout le reste de la famille, dit-elle avec un sourire gêné.

     Madame Rosenberg soupira.

— On va dire que c'est parce qu'il a vu une ancienne connaissance. Mais dit-moi, Alistair ? Comme Alistair Vasilakis ?

     Wanda ne pu réprimer un sourire, qu'elle tenta de cacher avec sa cigarette.

— Celui-là même.

— Exactement comme Sylvia l'avait dit. Et tes enfants alors ? J'ai cru en voir deux.

— C'est bien deux. Deux garçons.

     Madame Rosenberg s'adossa sur son fauteuil.

— C'est dingue le nombre de coïncidences qui se réalisent et qui ont été prédites par Sylvia. Deux enfants, tous les deux des garçons. J'espère qu'ils t'aiment bien. Et qu'Alistair se traite convenablement.

— Tout se passe bien, Madame...

— Oh, laisse tomber les « Madame », tu ne me rajeunis pas ; appelle-moi Hilda, ça ira très bien !

— D'accord, Hilda. Dit-moi, est-ce qu'il y a des nouveaux dans ton cirque ?

     Hilda eut le regard fuyant.

— Non, pas depuis ton départ. Nous avons cherché à recruter, bien entendu, mais aucun n'était à ta hauteur. Mais parlons plutôt de tes enfants. Est-ce qu'ils sont comme toi ?

— Oui ! Enfin, mon ainé est comme moi. Ozymandias. J'ai commencé son entrainement il y a quelques années, et il a une grande affinité avec le feu. C'est aussi le plus dur à maitriser, mais on y arrive progressivement. Au moins, il n'a plus à tremper ses mains dans l'eau avant d'aller dormir. En revanche, sa maitrise de l'électricité est toujours aussi compliquée. Il a fait sauter l'ampoule du porche. Mais ça viendra avec le temps, j'en suis certaine.

— C'est un bon garçon ?

— Bien sûr ! Il est très timide, comme son père, mais il me ressemble beaucoup physiquement. Le fait que nous déménagions beaucoup ne l'aide pas beaucoup à être social, mais ça me semble être bien parti pour cette ville.

     Wanda repensa brièvement à son mur tâché de peinture et à Johnny.

— Enfin, je crois.

— Et ton deuxième fils ? demanda Hilda en souriant.

Freak Show [MxM]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant